L’offensive israélienne contre les groupes armés palestiniens se poursuit dans la bande de Gaza. Des bombardements qui ont fait dix morts, dont un enfant de 5 ans, lundi matin, portant le bilan à 90 morts - 87 Palestiniens et trois Israéliens - en une semaine. Sur RTL Leila Shahid, déléguée générale de Palestine auprès de l’Union européenne, se dit évidemment favorable à un cessez-le-feu, mais accuse le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou de vouloir "continuer cette guerre" pour des visées électoralistes. Ecouter Laurent Bazin | 19/11/2012 - 08h27 écouter Leila Shahid, déléguée générale de Palestine auprès de l’Union européenne : "Monsieur Netanyahou veut la guerre car il a des élections dans un mois"
Appelez-vous ce matin à un cessez-le-feu ?
Oui bien sûr, mais ce n’est pas mon appel qui va changer les réalités. C’est la décision de M. Netanyahou, qui lui a décidé d’assassiner le dirigeant militaire du Hamas, Ahmed al Djaabari il y a une semaine et qui a déclenché cette guerre. Il "frétille" de continuer cette guerre par une opération terrestre. Il a 75.000 soldats aux portes de Gaza et il appelle à l’envahir comme ils l’ont déjà fait il y a 5 ans. C’est une chronique d’une guerre annoncée, et je trouve qu’il y a un peu de mauvaise foi car on découvre que la bande de Gaza est un territoire occupé, assiégé par air, par mer et par terre, et que c’est une nouvelle fois un massacre de civils.
Laurent Fabius a estimé dimanche que les responsabilités étaient partagées...
Oui elles sont partagées, non seulement par le Hamas et Israël, mais par vous (la communauté internationale, ndlr) aussi. Vous tolérez depuis 45 ans une occupation militaire insupportable pour la population palestinienne, d’un état qui est votre meilleur client économique, commercial et diplomatique.
Comment sortir de là ?
Il faut assumer des responsabilités internationales. M. Netanyahou a voulu mener une guerre contre l’Iran, et c’est le président Obama qui l’en a empêché. Aujourd’hui il se retourne contre l’élément le plus faible parmi ses ennemis, c’est-à-dire la population de Gaza. Il fait sa guerre parce qu’il a une élection dans un mois, et qu’il va se présenter comme le grand héros. Mais des civils israéliens aussi sont tués malheureusement.
Que peut faire le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, depuis Ramallah ?
Il fait de son mieux depuis très longtemps pour essayer de ramener la négociation politique sur des bases qui sont celles de l’Union européenne. Moi je travaille à Bruxelles et tout ce que nous demandons (gel de la colonisation, respect des frontières et de la capitale) sont des référents de l’Union européenne. Les Palestiniens ne sont pas des sous-hommes qui n’auraient pas le droit d’être protégés par le droit. La négociation politique que nous menons depuis Oslo il y a 20 ans est un échec. L’occupation est encore pire, le mur encore plus grand...
Cela veut dire qu’il faut reprendre la lutte armée ?
On ne met pas sur le même niveau l’occupant et l’occupé. Ce n’est pas une discussion entre deux partis de même niveau. Le droit international dit que l’occupant est celui qui est dans la position fautive. Il est donc temps que l’on sanctionne Israël. L’Autorité palestinienne appelle dans une semaine à reconnaître, à l’assemblée générale des Nations-Unies, un état de l’occupation qui aurait un statut d’observateur. Notre devoir est de protéger notre peuple. Nous exigeons d’être reconnus comme état sous occupation et que la communauté internationale, comme elle le fait en Afrique ou dans les Balkans, mette en oeuvre les résolutions qu’elle a votées. Dont celle qui reconnaît à la Palestine le droit de mettre fin à l’occupation militaire, qui dure depuis 45 ans.