« S’il est en prison, c’est qu’il a dû faire quelque chose. » Ceci est la réaction normale de toute personne quand elle entend que quelqu’un est derrière les barreaux. Et si on lui dit que le prisonnier a choisi de « plaider coupable », c’est donc qu’il est coupable… C’est clair comme de l’eau de roche. En Palestine, la situation est très différente et peut paraître parfois compliquée vue de l’extérieur.
Voici tout d’abord un extrait de l’acte d’accusation contre Salah : « Le 10 avril 2008, les parties ont présenté un accord négocié (sic) aux termes duquel l’accusé reconnaissait l’arrêté d’inculpation modifié et les parties sont tombées d’accord (sic) sur une peine incluant un emprisonnement effectif d’une durée de sept ans. » Comment un tel « accord » est-il possible ? C’est incroyable pour quiconque vit dans un État de droit, même en apparence…
C’est que Salah, comme 95 % des prisonniers politiques palestiniens, a suivi les conseils de son avocate. Il a « accepté » cet « accord négocié » pour éviter d’avoir une peine plus sévère pouvant aller jusqu’à quinze ans de prison comme cela lui a été clairement présenté. Ou tu « plaides coupable et c’est sept ans, ou bien ce sera le double ». Cela, en bon français, s’appelle un chantage.
Il faut ajouter que cet « accord » a été proposé après trois années passées devant les tribunaux militaires sans qu’aucun jugement ne soit rendu puisqu’il n’y avait aucune preuve. Pour faire bonne mesure, la France s’est contentée de demander que Salah soit jugé « rapidement », reconnaissant de facto une juridiction illégale d’occupation, sans demander aucunement qu’il soit libéré à la différence notable de Shalit et d’autres.
Quand, le jour de la dernière audience, le juge militaire lui a demandé ce qu’il avait à dire, Salah a simplement déclaré être d’accord avec son avocate. Il n’a rien dit de plus. Il n’a présenté ni excuses ni regrets au juge, ce qui a un peu « dérangé » madame Rama Yade, qui a écrit dans un courrier : « Le juge a relevé que monsieur Hamouri n’a exprimé aucun regret et l’a condamné a une peine de sept ans de réclusion. »
Madame Rama Yade n’a pas été troublée par l’injustice, la méthode israélienne utilisée et la sévérité de cette peine de sept ans. Mais elle aurait trouvé normal et nécessaire que Salah, en plus de s’accuser faussement, baisse la tête devant un représentant de l’occupation ! « Excusez-moi de ne pas accepter votre occupation ! », en somme. Salah et les autres prisonniers politiques palestiniens ne s’inclineront pas devant l’occupant, madame la secrétaire d’État aux Droits de l’homme ! Résister est un droit humain, fondamental et imprescriptible. Dois-je vous le rappeler ? Eh bien, c’est fait !