Ehoud Olmert ne se présente pas à ce scrutin interne qui désignera son successeur et il a promis qu’il facilitera la transition avec le vainqueur de cette consultation. Reste à savoir si le nouveau patron de Kadima pourra constituer une coalition solide ou si la chute de M. Olmert va conduire, dans un avenir proche, à des élections anticipées. Déjà, le parti religieux Shass a menacé de ne plus participer à l’exécutif si la question du statut de Jérusalem figure à l’agenda des négociations avec les Palestiniens. Ce qui est sûr, en revanche, est que le vainqueur des primaires va tenter de retarder au maximum l’échéance afin de faire ses preuves et de conforter son pouvoir.
Quatre candidats sont en lice pour succéder à Ehoud Olmert : Tzipi Livni, ministre des affaires étrangères, Shaul Mofaz, ministre des transports, Avi Dichter, ministre de la sécurité intérieure, et Meir Sheetrit, ministre de l’intérieur. Selon les sondages, seuls les deux premiers ont véritablement des chances et Tzipi Livni est considérée comme la favorite. Elle est beaucoup mieux placée que son adversaire direct, Shaul Mofaz, ancien chef d’état-major de l’armée, en cas de scrutin anticipé pour battre le leader du Likoud, Benyamin Nétanyahou, toujours considéré par les enquêtes d’opinion comme un vainqueur potentiel [1].
Pour l’emporter au premier tour le 17 septembre, le candidat le mieux placé devra franchir la barre des 40 %. Sinon, un deuxième tour aura lieu le 24 septembre entre les deux premiers prétendants. En cas de deuxième tour, la lutte peut s’annoncer très serrée, car Shaul Mofaz a, depuis plusieurs mois, fait une campagne incisive sur le terrain et a manifestement refait une grande partie de son retard sur son adversaire direct qu’il accuse de "manquer de courage et de leadership, ce qui l’empêche de clarifier ses positions face au public". Tzipi Livni a choisi de ne pas répondre aux attaques personnelles et de se concentrer sur le message selon lequel elle est, à la différence d’Ehoud Olmert, une candidate "propre" et qu’elle poursuivra la politique de Kadima, notamment les négociations avec les Palestiniens dont elle est en charge dans le gouvernement Olmert [2].
Environ 70 000 adhérents de Kadima devront donc choisir entre la continuité et un retour vers les thèses du Likoud puisque Shaul Mofaz risque de transformer Kadima en une réplique du parti nationaliste. En effet, lors de la création de cette formation centriste par Ariel Sharon en novembre 2005, après les turbulences provoquées par le retrait israélien de la bande de Gaza, Shaul Mofaz avait espéré prendre le contrôle du Likoud mais, constatant que ses chances étaient faibles, il avait finalement rejoint Kadima tout en gardant des positions souvent proches de celle de Benyamin Nétanyahou. Le choix est donc assez clair pour les membres de Kadima.
Les analystes politiques estiment que le coeur idéologique de Kadima est constitué de 20 000 personnes, que 40 000 autres ont adhéré par le biais d’un lobbying municipal ou syndical et que le reste consiste en de nouveaux inscrits dont les convictions ne sont pas toujours bien affirmées. Il y a seulement quelques mois, Kadima ne comptait que 30 000 adhérents. Ces derniers jours, il a fallu procéder à un nettoyage des listes : certains nouveaux venus étaient déjà inscrits au Likoud et d’autres adhésions étaient totalement fictives. C’est pourquoi l’issue du scrutin peut réserver des surprises.
Ce qui est sûr, en revanche, est que la légitimité du vainqueur ne manquera pas d’être contestée au motif que ce ne sont que quelques dizaines de milliers d’Israéliens qui auront désigné le futur premier ministre et que donc une consultation générale est nécessaire. Elle est réclamée avec insistance par le Likoud. La période de transition qui s’ouvre risque donc d’être mouvementée.