Le gouvernement Olmert est sauf. Pour l’heure, du moins. Le chef du Parti travailliste et ministre de la Défense, Ehoud Barak, ne provoque pas sa chute dans l’immédiat ; mais demeure résolu à amener le pays aux urnes avant l’échéance normale de fin 2010.
Ayant "mûrement réfléchi" depuis la publication, mercredi, du rapport final de la commission Winograd sur la guerre au Liban, M. Barak a annoncé, dimanche, que ce rapport est "grave", mais que ce n’est pas le moment de quitter le gouvernement. Le rapport "a des implications individuelles et éthiques" que M. Barak abordera "en temps voulu" pour fixer une date de législatives anticipées. Mais entre-temps, il estime devoir rester à la Défense, "car Israël est confronté à de multiples défis : Gaza, Hezbollah, Syrie, Iran, réhabilitation de l’armée". M. Barak admet que sa décision risque de lui coûter cher politiquement. Mais "la responsabilité nationale l’emporte sur les considérations personnelles". [1]
En vérité, personne ne doute que M. Barak veut éviter des élections rapprochées pouvant ramener la droite au pouvoir. Il tient cependant à rester maître du calendrier électoral afin de se donner le temps de redorer son blason personnel. Car dans l’immédiat, sa crédibilité prend un sérieux coup. M. Barak avait promis, en cas de rapport accablant sur le Liban, d’exiger le remplacement d’Olmert à la tête du gouvernement ou la tenue de législatives anticipées. Réservistes, parents de soldats morts, autres détracteurs de cette guerre - tous se disent donc "trahis".
Mais dans le grand public, le rapport Winograd a plutôt amélioré l’image de M. Olmert. Selon les sondages, la majorité des Israéliens se dit toujours mécontente du Premier ministre, mais cette majorité s’est rétrécie. L’an dernier, après le premier rapport Winograd, moins de 20 pc voulaient maintenir M. Olmert à la barre. Aujourd’hui, plus de 40 pc le veulent. L’explication réside dans le fait que les critiques concernant la guerre au Liban s’étaient centrées ces derniers mois sur son ultime offensive terrestre. Or, cette offensive est précisément le point sur lequel le rapport Winograd dédouane relativement M. Olmert.
Ce n’est pas un hasard si M. Barak cite Gaza comme son premier souci. L’Egypte a réussi, dimanche, à refermer toutes les brèches ouvertes par le Hamas dans la frontière à Rafah. Elle a aussi déjoué des tentatives d’infiltration de Gazaouis armés en Israël, via le Sinaï. Mais le Hamas et le président Abbas ont confirmé, ce week-end, qu’ils restent en désaccord sur une réouverture coordonnée. Or, à défaut d’arrangement, si le siège israélien continue, le Hamas rouvrira la frontière de force. Selon les services israéliens, il aurait réussi à introduire à Gaza, via Rafah, de grandes quantités de missiles perfectionnés et des dizaines de terroristes entraînés en Egypte, Syrie et Iran.
D’après l’Orient le jour, Barak décide de rester au gouvernement en dépit des conclusions du rapport Winograd
Ehud Olmert a échappé à une grave crise politique avec la décision, dimanche, du chef du Parti travailliste, Ehud Barak, de rester au gouvernement malgré les critiques sur la manière dont le Premier ministre avait géré la guerre du Liban.
« J’ai décidé de rester au gouvernement » en dépit des conclusions publiées cette semaine de la commission d’enquête sur le conflit de l’été 2006, a déclaré le ministre de la Défense aux journalistes avant la réunion hebdomadaire du cabinet. La décision de M. Barak, en contraste avec des engagements antérieurs, évite pour l’heure une crise majeure qui aurait sans doute entraîné des élections anticipées en Israël. Privée des 19 élus travaillistes de la formation de M. Barak, la coalition gouvernementale de 67 députés sur 120 s’effondrerait. Selon tous les sondages, l’opposition de droite, dirigée par le chef du Likoud, l’ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu, l’emporterait haut la main si des élections étaient convoquées avant la date normale de la fin de la législature en novembre 2010.
« J’ai décidé de rester car je suis conscient des défis auxquels Israël fait face », a ajouté M. Barak en référence notamment à la bande de Gaza, au Hezbollah, à la Syrie et l’Iran. Dans son rapport publié mercredi dernier, la commission d’enquête, présidée par le juge à la retraite Eliahou Winograd, avait concentré ses critiques sur l’échelon militaire tout en relevant une série de défaillances du gouvernement Olmert à l’été 2006. M. Barak n’en faisait pas partie à l’époque. « Le rapport Winograd a été sévère et ses implications ne sont pas évidentes, aussi bien au niveau personnel que technique », a ajouté M. Barak soulignant l’importance de la réforme de l’armée. « Je me souviens très bien de ce que j’ai déclaré dans le passé, mais la situation a changé », a poursuivi M. Barak qui avait menacé de quitter le gouvernement en fonction des conclusions du rapport Winograd.
Interrogé sur l’éventualité d’élections anticipées, il s’est borné à indiquer qu’il prendrait position « au moment opportun et pas dans très longtemps ». « J’ai promis de prendre une décision conforme aux intérêts de l’État et c’est celle qui s’impose pour le pays », a-t-il ajouté à l’encontre de ceux qui le pressaient d’honorer ses engagements. « Nous sommes très satisfaits de la décision de M. Barak », a déclaré à l’AFP un membre de l’entourage de M. Olmert.
À l’ouverture de la réunion hebdomadaire de son gouvernement, le Premier ministre a qualifié le rapport sur les ratés de la guerre du Liban de « dur et complexe », soulignant que « nul ne s’en est réjoui, et certainement pas moi ». « Ce rapport offre l’opportunité de réparer les défaillances qui sont apparues, de reconstruire là où cela est nécessaire et d’aller de l’avant afin qu’Israël soit en mesure de relever les défis, tant politiques qu’en matière de sécurité, auxquels il doit faire face », a souligné le Premier ministre.
M. Olmert a déjà survécu à un premier rapport intérimaire de la commission Winograd, publié l’an dernier, sur les ratés de la guerre contre le Hezbollah chiite libanais qui avait fait 160 morts, en majorité des militaires, côté israélien. Au Liban, plus de 1 200 personnes ont péri, des civils pour la plupart. M. Olmert a aussi été mis en cause dans une série de scandales et est au plus bas dans les sondages.
Enfin, selon RFI le 5 février,
Olmert assume les échecs de la guerre au Liban
Le Premier ministre israélien participait hier à une session extraordinaire du Parlement consacrée à la publication du rapport Winograd sur la guerre de 2006 au Liban. Ehud Olmert accepte d’assumer toute la responsabilité des échecs de la guerre.
La coalition d’Ehud Olmert s’en sort d’une courte tête : 59 contre 53 députés. A l’issue d’un débat tendu, le Premier ministre a passé un mauvais moment face aux invectives des parents de soldats tués au combat, qui depuis la galerie de la Knesset, avant d’être expulsés lui ont lancé : « quelqu’un est-il prêt à assumer la responsabilité ? Démissionnez ! »
« J’assume l’entière responsabilité de tous les échecs de la guerre au Liban, mis en évidence par le rapport Winograd, proclame Ehud Olmert, je n’ai jamais tenté d’esquiver quoi que ce soit », ajoute-t-il. Le Premier ministre s’engage à œuvrer pour réparer les erreurs. « C’est d’ailleurs ce que j’ai fais dès le lendemain de la guerre », dit-il encore.
La décision d’entrer en guerre était juste, l’objectif était d’éloigner le Hezbollah de la frontière vers le nord, la résolution 1 701 de l’ONU représente une réussite pour Israël.
Pour le chef de l’opposition, Benjamin Netanyahu, l’entière responsabilité de l’échec en incombe au Premier ministre et il doit partir. « Aurait-on confié un autre paquebot au capitaine du Titanic ? », demande-t-il.
Plusieurs autres députés, de gauche et de droite, ont exigé, eux aussi, la démission d’Ehud Olmert.
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