Le PCHR condamne fermement l’usage excessif de la force par la police palestinienne pour disperser les participants à la manifestation organisée hier [12 novembre]par le Fatah, à Gaza. Le Centre condamne les tirs qui ont entraîné la mort de 6 civils, dont un garçon de 12 ans, et blessé plus de 80 personnes. Le Centre demande au gouvernement palestinien à Gaza de procéder à une enquête immédiate sur ces attaques, de traduire en justice les responsables, et de prendre des mesures sérieuses pour empêcher qu’elles se renouvellent.
Selon l’enquête préliminaire du Centre et des témoignages oculaires, des dizaines de milliers de participants venus de toute la bande de Gaza, sont arrivés à Qatiba, près de l’Université Al-Azhar à Gaza, au matin du lundi 12 novmbre 2007. Ils venaient participer à la manifestation organisée à l’occasion du 3ème anniversaire de la mort du président Yasser Arafat. La manifestation devait commencer à 13 heures, heure de Gaza.
La police palestinienne armée de pistolets et matraques et des hommes armés en civil ont été déployés sur les routes menant à Qatiba Grounds depuis le début de matinée. Les affrontements entre la police et les manifestants ont eu lieu à 11 heures 30 et causèrent la mort de Tariq Mahmoud El-Najjar (29 ans) frappé d’ une balle dans la poitrine et à la main droite. Un membre du Centre témoigne avoir vu des affrontements entre les participants et les membres de la police à cet endroit. Il déclare que vers 11 heures 30, une jeep portant des tireurs en civil se dirigeait dans une direction opposée à celle de centaines de personnes se rendant à la manifestation rue Jamal Abd El-Naser. Il ajoute que la présence de la jeep représentait une provocation et une tentative de « frimer » en conduisant au beau milieu de centaines de manifestants. Alors que la jeep passait, il y a eu des harcèlements et les tireurs ont répliqués en tirant en l’air. Ils ont ensuite quitté la foule, et se sont retranchés dans une rue adjacente.
Après la fin de la manifestation, la violence éclata entre les manifestants et la police. Les manifestants ont jeté des pierres à la police, qui a répondu en tirant au hasard et en attaquant le lieu de manifestation. Des photographies montrent des membres de la police déployés autour de Qatiba, tirant sans discernement sur les manifestants.
Les tirs ont entraîné la mort de 5 personnes, et en ont blessé plus de 80 autour de Qatiba. Trois de ces blessures sont sérieuses. Parmi les blessés, 9 enfants et 2 femmes. Les victimes tuées sont :
1. Ibrahim Mahmoud Ahmad (12 ans) de Beit Hanoun ; tué d’une balle dans le cou
2. Mohammad Ahmad El-Masri (67 ans) de Khan Yunis ; tué d’une balle dans la tête
3. Yehia Khaled Abu Samra (19 ans) de Deir El-Balah : tuée d’une balle dans la poitrine
4. Kamel Mohammad Zeyara (19 ans) de Beach Camp, tué d’une balle dans la poitrine
5. Husam Bader El-Ewadi (26 ans) de Gaza, tué d’une balle dans la tête.
La police a également pourchassé les manifestants et les a frappés avec des matraques et des bâtons. Au même moment, plusieurs journalistes ont été attaqués, dont :
• Khaled Jamal Bolbol, photographe à Zoom Press. Il a été frappé, et son appareil photo a été cassé et confisqué.
• Mohammad Sawalha, photographe chez Abu Dhabi Satellite Station. Il a été arrêté et sa caméra a été confisquée.
• Mowafaq Matar, journaliste chez Al-Hayat. Il a été arrêté et ses photos ont été effacées de son appareil.
Ensuite, la police a tiré sur les manifestants durant la procession funèbre de Yehia Abu Samra, près du poste de police de Deir El-Balah. Les tirs ont commencés après que des jeunes eurent lancés des insultes aux policiers. Sept personnes furent blessées, dont trois souffrent de blessures dues à des éclats.
Dans la soirée, la police a procédé à une opération d’arrestations de grande ampleur, dans toute la bande de Gaza, contre dix militants du Fatah. Les autres sont convoqués au poste de police aujourd’hui et demain. Les membres du PCHR sur le terrain ont indiqué que ces opérations ont continué durant toute la nuit, jusqu’à l’aube.
Le PCHR condamne fermement ces attaques, et souligne les observations suivantes :
1. Notre personnel témoigne du déploiement de barrages routiers de la part de la police sur les routes principales dans et autour de la ville de Gaza, pour empêcher les partisans du Fatah de se joindre à la manifestation à Qatiba.
2. Notre personnel témoigne du lourd déploiement de policiers en uniforme et armés de pistolets et matraques, ainsi que de personnel de sécurité en civil et de tireurs dans les rues menant au lieu de manifestation et autour. Ce déploiement était le terreau idéal pour de violentes frictions et les faits qui ont suivi.
3. Les forces de sécurité ont le droit de prendre des précautions de sécurité pour préserver la vie et la propriété des civils ; cependant elle ne peuvent pas pousser des centaines de tireurs et du personnel de sécurité à la confrontation avec des civils.
4. Les actes de violence qui ont accompagné la manifestation et alentour, et parmi eux les jets de pierres sur la police et le personnel de sécurité, ne justifient pas l’usage excessif et disproportionné de la force par la police et le Hamas.
5. Notre personnel n’a ni enregistré ni trouvé un membre de police ou de la sécurité qui ait été blessé par tirs, ce qui contredit les déclarations de la police et du Hamas.
6. Le devoir de la police et du personnel de sécurité est de protéger les participants. Dans le cas où ils sont soumis à des tirs, comme l’affirment les sources gouvernementales de Gaza, des tirs indiscriminés, excessifs et mortels par la police contre des rassemblements de civils ne sont pas justifiés.
7. Le gouvernement à Gaza semble répondre de cette manière typique à des manifestations et rassemblements pacifiques, ce que le Centre rejette et condamne.
8. Le Centre renouvelle son appel au gouvernement limogé de Gaza de procéder immédiatement à des enquêtes sur ces attaques, particulièrement sur les circonstances de la mort des 6 civils, et de traduire en justice les responsables.
9. Le Centre demande au gouvernement limogé de Gaza de prendre les mesures politiques et sécuritaires nécessaires pour s’assurer que de tels évènements ne se reproduisent pas.
10. Le Centre appelle à la libération immédiate des personnes détenues pour des raisons politiques, en soulignant que les détentions politiques sont interdites par le droit palestinien.