Un responsable des services de sécurité palestiniens en Cisjordanie a affirmé à l’AFP que ceux-ci avaient renforcé leur surveillance des mosquées. Des imams et des prêcheurs qui répandent les thèses du Hamas seront limogés.
Les services de sécurité, dominés par le Fateh, accusent en effet le Hamas d’utiliser les lieux de prière, où un grand nombre d’imams lui sont acquis, pour recruter des partisans et même pour y stocker des armes, ce que le mouvement islamiste dément. Pour tenter de réduire l’influence du Hamas dans les mosquées, le ministre des Affaires religieuses, Jamal Bawatneh, a averti que tout imam ou prêcheur qui ferait « la promotion d’idées politiques, personnelles ou partisanes » serait « limogé ou remplacé ». Dans cette perspective, l’administration centrale de la fonction publique cherche à recruter, par voie d’annonces dans la presse, des « personnes qualifiées » pour remplir des postes vacants d’imams en Cisjordanie. Selon M. Bawatneh, le gouvernement palestinien de Salam Fayyad, formé en juin après le coup de force du Hamas à Gaza, a d’ores et déjà budgétisé 800 de ces postes.
D’après le bureau palestinien des statistiques, les territoires palestiniens comptaient en 2006 pas moins de 2 228 mosquées, dont 1 547 en Cisjordanie et le reste dans la bande de Gaza.
Le responsable sécuritaire, parlant sous couvert d’anonymat, reconnaît que le Hamas, dont est issu un grand nombre d’imams diplômés en théologie, « est beaucoup plus capable que le Fateh de se servir » de ces mosquées « à des fins politiques ». Grâce aux imams, le mouvement islamiste « contrôle » ainsi la majorité des mosquées de Cisjordanie, en dépit de la forte audience dont jouit le Fateh dans ce territoire. Rien qu’à Ramallah, ville qui abrite le QG de l’Autorité palestinienne, il a la main sur « plus de 70 % » des mosquées, selon les chiffres des services de sécurité.
Selon les Renseignements palestiniens, une des principales raisons du succès retentissant du Hamas aux élections législatives de janvier 2006 est cette « forte pénétration dans les mosquées grâce aux imams et aux prédicateurs ». « Les fidèles représentent un public tout prêt car le Hamas n’a pas besoin de les convier aux prières, surtout celles du vendredi. Il suffit que le Hamas charge un prédicateur habile de faire parvenir son message pour gagner des électeurs, notamment parmi les femmes », affirme le responsable sécuritaire. Tout imam ou prédicateur « qui se livre à l’incitation ou fait de la propagande pour le Hamas et sa Force exécutive sera arrêté ou convoqué pour interrogatoire », insiste-t-il.
Un député du Hamas, Hatem Qafisheh, a toutefois mis en garde contre le limogeage des prédicateurs considérés par l’Autorité palestinienne comme favorables à son mouvement. « Cela ne fera qu’approfondir le fossé » entre le Hamas et le Fateh, a-t-il affirmé, jugeant : « La plupart des imams disposent des diplômes nécessaires et toute décision de les limoger sera avant tout politique. »
Dans la bande de Gaza, le Fateh a organisé, les 31 août et 7 septembre, des prières collectives du vendredi, dans la rue, pour protester contre la mainmise du Hamas sur les mosquées. Ces rassemblements ont été violemment dispersés par la police du Hamas, dont les principaux chefs, comme Ismaïl Haniyeh, ont pris ces dernières années l’habitude de prononcer le prêche du vendredi dans les principales mosquées.