De fait, s’il n’y a pas déjà de guerre secrète, les attentats commis depuis 2010 contre des experts nucléaires iraniens, la cyberguerre, l’embargo décrété sur le pétrole iranien, etc., tout cela lui ressemble beaucoup…
En même temps, si on s’en tient à la récente escalade d’accusations et de menaces, fixer aujourd’hui un scénario de guerre paraît encore prématuré. La dernière escalade rhétorique est indicative : l’Iran menace de fermer le Détroit d’Ormuz si l’embargo sur le pétrole est appliqué, les États-Unis déclarent qu’en cas de blocage de cette voie vitale de navigation ils utiliseront la force.
Or probablement aucun des deux protagonistes n’entend aujourd’hui donner suite à ses propres menaces. Mais celles-ci ont pour effet immédiat de faire renchérir le pétrole. Avec le prix du baril la tension monte et du même coup le risque « d’incidents » qui pourraient enclencher le conflit armé.
En effet une « politique de pression » comme celle pilotée par les États-Unis (sous la pression d’Israël) et soutenue par l’Europe — qui combine déploiements de forces tout autour du Détroit d’Ormuz, avec la guerre de l’ombre déjà déclenchée —, a sa propre logique d’escalade. Et celle-ci, sans activité diplomatique réelle sur les problèmes de sécurité dans la région, comme le demandent avec insistance de nombreux diplomates occidentaux, risque d’aboutir à ces « incidents » provoqués qui mettraient le feu aux poudres.
De ce point de vue, il faut surveiller le lien entre cette escalade et la campagne américaine. Il faut mesurer le poids électoral qu’a pris le débat sur une action militaire contre l’Iran. Sur ce thème, Républicains et Israël fonctionnent ensemble parce que tous les deux veulent virer Barack Obama que Tel Aviv et le lobby pro-israël aux États-Unis n’ont jamais pu « avaler ».
Si les Républicains et Israël parviennent à créer une situation telle qu’aux yeux de l’opinion publique il soit impossible pour Barack Obama de ne pas intervenir en Iran, ils gagnent à tout coup : si Barack Obama intervient, il perd la face vis-à-vis de sa propre base pacifiste qui l’a élu pour se libérer de la guerre en Irak et se retrouve alors avec deux autres guerres en Afghanistan et en Iran. Si au contraire, Barack Obama se refuse à intervenir, ce refus serait utilisé pour faire oublier l’auréole héroïque qui lui vient de l’élimination de Ben Laden...
Le refus de tomber dans ce piège a motivé il y a trois semaines la décision américaine de reporter les manœuvres conjointes avec Israël (les plus grandes jamais programmées) qui précisément devaient simuler une attaque contre l’Iran.
Tant que manqueront le dialogue et la diplomatie, la spirale du nucléaire contre le nucléaire nous met au bord de l’abîme.