Ces questions n’émanent pas du vide, surtout qu’il existe de fortes capacités financières et humaines arabes, ainsi que des expertises et des cadres qui ont joué des rôles importants dans des organisations civiles sur des scènes enflammées et instables. Cependant, parler d’une vision arabe non gouvernementale pour faire face aux violations et aux conditions humaines aux niveaux international et arabe reste lié à un ensemble de craintes et de réserves générales, comme les craintes politiques et sécuritaires relatives à la situation dans les régions instables, telles la structure de la société civile arabe et les complications relatives aux événements du 11 septembre.
Tout ceci implique la cristallisation d’une nouvelle stratégie dépassant les procédés et les visions tactiques qui ont régi les organisations civiles durant les dernières années pour les sortir de leur rôle serviable et bénévole qui a mené leurs actions depuis leur apparition. Cela pour qu’elles apparaissent comme des forces civiles possédant des cadres et des expériences leur permettant de diversifier leurs objectifs et d’élargir leur cadre d’action. Dans ce contexte, il est indispensable d’adopter un ensemble de mesures.
— Changer la philosophie qui prédomine l’action civile arabe de façon à naviguer de concert avec l’évolution du rôle des organisations civiles, tout en adoptant un rôle défensif. Cette évolution de la philosophie sera suivie par un changement dans les mécanismes et dans la méthode avec laquelle les forces civiles arabes s’exprimeront et détermineront leurs relations avec le monde extérieur ou ce qu’on appelle la société civile mondiale.
— Déterminer le cadre à travers lequel il sera possible de recourir à des expertises arabes, à des cadres et à des personnalités scientifiques, militaires, sociales et économiques. Le recours à celles-ci permettra d’élargir le rôle et la philosophie d’action des ONG arabes, afin d’assurer la capacité d’agir avec les organisations mondiales de secours dans toutes les régions du monde et non dans la région arabe seulement.
— Institutionnaliser la coordination partielle qui existe actuellement entre certaines organisations civiles arabes, selon un ensemble d’objectifs et de visions clairs surtout que la participation civile arabe dans les conférences internationales a démontré une grande influence et efficacité dans certains cas.
— Prendre en main les rênes de l’initiative et de la stratégie d’action loin de tout rôle gouvernemental pour éviter les sensibilités que peut soulever l’action civile pour les gouvernements arabes, afin d’élargir le cadre d’acceptation de cette action arabe non gouvernementale dans les régions et les pays visés et enfin pour encourager les organisations internationales œuvrant dans ces régions à coopérer avec elles.
Ces mesures soulèvent à leur tour des questions sur l’efficacité et l’influence de ces organisations. C’est une chose liée au cadre à travers lequel les ONG arabes agissent. En effet, le cadre social et individuel de chaque pays a des caractéristiques particulières.
Au niveau communautaire, un mécanisme régional pour ce qu’on appelle l’intervention arabe de secours peut se former à travers la Ligue arabe, surtout qu’il existe au sein de la Ligue une administration concernée par la coordination et la coopération avec les institutions de la société civile. La voix de la communauté civile arabe doit se faire entendre dans les appareils et les activités universitaires. L’action civique et les forces civiles doivent aussi devenir une partie de l’action arabe conjointe. Dans ce contexte, on peut profiter des expériences populaires dans leurs relations avec les institutions internationales comme le programme alimentaire mondial, le Haut Commissariat pour les réfugiés, la Croix-Rouge et les autres institutions humanitaires internationales.
Au niveau individuel, l’intervention arabe ne sort pas du cadre de la présentation d’aides matérielles ou financières, vu les considérations politiques et les expériences disponibles dans ce cadre, surtout dans certains pays qui possèdent ces capacités. Par conséquent, la capacité de la société civile arabe reste limitée. Il est difficile de parier sur elle pour intervenir et assumer les fardeaux des missions de secours et de reconstruction et pour reconstruire et mettre en lumière l’opinion publique arabe et sa position envers de nombreuses questions internes, régionales et internationales.
Cependant, l’objectif demeure d’assurer une force motrice aux ONG pour effectuer un rôle plus efficace au niveau international et aussi d’assurer une capacité gouvernementale pour investir l’action civile.