Situation socioéconomique et politique du fermier palestinien aujourd’hui
Le secteur agricole palestinien représente l’une des sources les plus importantes de revenus de l’économie palestinienne, et employait en 2006 environ 15.7 % de la force de travail en Palestine. Il comporte aussi des éléments et des stratégies de la lutte palestinienne qui a été lourdement ciblée par les politiques sanglantes et destructrices de l’occupation israélienne : des maisons, établissements et terres agricoles et des infrastructures ont été démolis en plus de l’arrachage des arbres, de la destruction des systèmes d’irrigation, de l’abattage du bétail et de la confiscation de milliers de donums (1 donum = 1000m²).
Depuis le début de la deuxième Intifada jusqu’à la fin 2006, plus de 26 % de la superficie totale des terres agricoles appartenant à des Palestiniens ont été endommagées à cause de l’occupation israélienne. Les pertes directes ou induites du secteur agricole ont ici atteint 1.4 milliard de dollars, ce qui a fait diminuer la contribution de l’agriculture au PIB (produit intérieur brut) et l’a amenée à 10 % en 2006.
Ce processus est permanent et l’une de ses principales caractéristiques, ce sont les dégâts causés par le mur d’apartheid qui va confisquer de larges portions de terre. Il ne restera qu’environ 42 % de la superficie totale de la Cisjordanie et de la bande de Gaza pour accomplir le projet national, alors que les dommages augmentent chaque jour à cause du blocus israélien.
La politique de bouclages, de check points permanents et de couvre-feux continuels a transformé la Cisjordanie en cantons, a détruit la possibilité de subvenir aux besoins vitaux élémentaires et a enfermé les Palestiniens dans de petits cercles clos ce qui a une influence néfaste non seulement sur la vie sociale des Palestiniens mais aussi sur la structure sociale de la Palestine.
Principales caractéristiques du secteur agricole et rural en Palestine
– 1-Le secteur agricole utilise environ 15.7% de la force de travail totale en Palestine.
– 2-Le secteur agricole contribue à au moins 10 % du PIB.
– 3-Le secteur agricole est considéré comme un réservoir stratégique pour créer une source de revenus pour la majorité de la population palestinienne, et une source centrale de sécurité alimentaire pour les Palestiniens, à cause de sa flexibilité.
– 4-Les campagnes palestiniennes sont la source première de forces humaines au niveau national, car au moins 40 % de la population est provinciale.
– 5-La production agricole des campagnes palestiniennes se distingue par la supériorité des petites exploitations (et de l’économie minimale) qui dépassent 86 % de l’ensemble de la propriété agricole.
– 6-Le système professionnel agricole dans les campagnes est faible en terme de qualité, mais il se développe quantitativement.
– 7-La campagne palestinienne est jugée centrale car c’est là que le conflit avec l’occupation israélienne a lieu, à cause de l’importance élémentaire de la terre.
Situation politique du fermier palestinien, où la politique de l’occupation contre le secteur agricole et rural crée les problèmes suivants :
– 1-Pénurie dans la propriété des terres en général et des terres agricoles en particulier en conséquence des colonies, de la confiscation des terres et du mur d’apartheid.
– 2-Importante faiblesse de la structure du travail agricole en conséquence de la destruction par Israël des infrastructures agricoles.
– 3-De nombreux fermiers ont perdu leurs terres et sont devenus des paysans sans terres (en attente) et d’autres sont dans l’impossibilité d’atteindre leurs terres, particulièrement dans les zones où se trouve le mur d’apartheid.
– 4-De larges zones de terre ont été neutralisées en terme de production agricole, surtout pour les régions adjacentes aux colonies, aux routes de contournement et au mur d’apartheid à cause des risques que leur emplacement implique.
Situation économique du fermier palestinien
– 1-Perte globale de revenus des fermiers parce qu’ils ont perdu différentes sources de revenus, notamment celles de l’agriculture, et augmentation du chômage qui excède 65 % dans les campagnes palestiniennes. Subdivision du marché en unités fermées en conséquence des check points, bouclages, couvre- feux et de l’impossibilité absolue pour les produits, les personnes et les employés de se déplacer vers et hors des communautés rurales.
– 2-Incapacité d’atteindre les conditions requises pour la production agricole, due d’un côté aux obstacles israéliens et de l’autre à l’augmentation des prix.
– 3-Relative augmentation de la production agricole et faiblesse du pouvoir d’achat des consommateurs, ce qui cause une récession du surplus agricole et du gaspillage, en plus de la faiblesse des capacités de stockage, autre élément d’affaiblissement des fermiers.
– 4-Phénomène de large immigration, pour les gens disposant de capital et pour les travailleurs qualifiés, vers les régions urbaines, et son effet sur le développement de la campagne.
Situation sociale du fermier palestinien
– 1-Augmentation du rôle et de l’importance des communautés locales et de la solidarité traditionnelle des familles et des clans élargis (comme cadre collectif de protection) dans la faiblesse économique grandissante des fermiers.
– 2-Besoin urgent de travail collectif, de coopération et de solidarité avec de petites communautés locales dans le but d’activer le rôle de la solidarité traditionnelle (famille, clan) tandis que les coopératives sont une expression et un résultat de la présence de la démocratie (prise de conscience et application pratique) dans les campagnes palestiniennes.
– 3-Appui intensifié sur des programmes et diverses activités de financement.
D’autres éléments, qui ont une dimension personnelle, indépendants de l’impact de l’occupation, concernent les difficultés des conditions politiques et économiques des fermiers palestiniens, et se trouvent résumés ci-dessous :
– 1-Manque de lois et de politiques agricoles claires comme dans les pays voisins ou en Europe, qui puissent construire et développer le secteur agricole.
– 2-Banqueroute répétée des marchés internationaux pour les produits agricoles palestiniens de haute qualité et avec des prix compétitifs.
– 3-Monopolisation des canaux de commercialisation vers les marchés internationaux par les entreprises israéliennes, pas palestiniennes.
– 4-Manque de services de marketing et de publicité pour les produits palestiniens qui n’arrivent pas à la vue du public.
– 5-Manque de coordination entre les organismes palestiniens qui travaillent dans le domaine de la commercialisation (commerce équitable), en augmentant les prix des produits prévus à la commercialisation ( l’huile surtout) et en donnant aux fermiers leur dû.
– 6-Absence d’une stratégie de protection des produits palestiniens et de contrôle sur les magasins aux conditions agricoles, ce qui cause la chute des revenus des fermiers et empêche leur développement. La situation en Palestine, c’est que les marchés palestiniens sont ouverts à tous les produits, particulièrement ceux venant d’Israël, sans aucun contrôle mais que c’est le contraire qui se produit pour les produits palestiniens qui se trouvent face à des marchés fermés, surtout en Israël.
– 7-Manque de budget pour le secteur agricole au niveau du gouvernement palestinien : moins de 1 % en 2005, alors que c’est le secteur le plus important pour l’économie en Palestine.
– 8-Manque de plans directeurs agricoles qui puissent contribuer à développer le travail administratif et technique du fermier afin d’améliorer la qualité du produit, afin de se plier aux exigences des marchés intérieur et extérieur.
– 9-Absence de banques spécialisées dans les prêts agricoles et manque d’investissement du secteur privé dans ces domaines et dans les domaines des infrastructures de production, de transformation et de commercialisation, coûts de production élevés et absence de coopération au niveau du gouvernement pour aider les fermiers et les dispenser de payer des impôts comme dans le secteur de l’élevage.
– 10-Eloignement continu de la jeunesse du travail dans le secteur agricole, ce qui menace l’avenir de l’agriculture en Palestine. Il faut noter le manque d’encouragement, dont la jeunesse aurait besoin pour continuer à travailler dans ce secteur vital.
– 11-Absence du secteur privé dans le processus de développement agricole, manque de confiance largement répandu des fermiers dans le secteur privé et pour lui octroyer un rôle de direction et de contrôle dans le cycle de commercialisation.
Informations générales
– 1-Par rapport à 1994 où il contribuait à 25 % de la production local totale, le secteur agricole contribue pour seulement 10 % aujourd’hui.
– 2-La superficie agricole de la Cisjordanie et de Gaza fait 6020 km, les surfaces arables 2.2 millions de donums avec 1815 km pour les terres plantées d’arbres. 87 % de ces terres sont arrosées par l’eau de pluie, 13 % sont irriguées. 91 % se trouvent en Cisjordanie et 9% dans la bande de Gaza.
Environ 1.5 million de donums sont des pâtures et 250 donums couverts d’arbres sauvages.
La plus grande partie de ces terres est sous contrôle israélien et seulement 7 % ont été données à l’Autorité palestinienne.
– Ressources animales :
* 33200 vaches
* 48 909 millions de poules
* 2895 oiseaux ovipares
* 60 000 ruches
* 1507 tonnes de poisson sont pêchées chaque année
* les ressources en eau sont estimées à 900 millions de m3 par an