Les manifestations de solidarité avec la population de Gaza se sont multipliées au cours des dernières quarante-huit heures dans diverses régions du pays ainsi que dans plusieurs camps de réfugiés, notamment après la prière du vendredi, hier 2 janvier.
Parallèlement à la mobilisation de la rue, la campagne initiée par le gouvernement afin de fournir une aide médicale aux habitants de Gaza commence à se concrétiser. La première cargaison de produits pharmaceutiques sera transportée aujourd’hui, à 14 heures, de l’hôpital universitaire Rafic Hariri jusqu’à l’aéroport international Rafic Hariri, puis, demain, dimanche, vers la Jordanie.
Sur le plan de l’élan de solidarité de la société civile et des différentes factions politiques, toutes tendances confondues, il convient de relever qu’une rencontre a été organisée hier au siège de l’ordre de la presse à l’initiative de plusieurs organismes culturels, dont le Centre catholique d’information, le Centre culturel iranien, l’Union des écrivains libanais et l’Union des écrivains palestiniens. Étaient présents à la rencontre un représentant du président Michel Sleiman, le directeur général du ministère de la Culture, Omar Halablab, ainsi que des représentants de divers partis et courants politiques. Le délégué de l’Union des écrivains libanais, Tarek Nasreddine, a appelé à cette occasion à la formation d’un « noyau de résistance culturelle au Liban afin d’initier une action quotidienne susceptible de mobiliser les intellectuels ». De son côté, le représentant du Centre culturel iranien a fustigé « le mutisme du Conseil de sécurité, des Nations unies et de tous ceux qui brandissent le drapeau de la Déclaration universelle des droits de l’homme ».
Le délégué de la « Rencontre unifiée islamique » a affirmé pour sa part que « l’Égypte n’est nullement concernée par les accords en rapport avec la voie de passage de Rafah » (entre l’Égypte et Gaza), soulignant la nécessité dans ce cadre de ne pas transformer le conflit arabo-israélien en un conflit arabo-arabe. Notons qu’à l’issue de cette rencontre, l’ordre de la presse a publié un communiqué dénonçant le fait que certains des intervenants aient utilisé la tribune de l’ordre de la presse pour porter atteinte « aux relations du Liban avec ses frères arabes ».
Par ailleurs, dans la journée d’hier, deux délégations relevant des organisations féministes libanaises et du comité de suivi des associations de la société civile se sont rendues au siège de l’Escwa où elles ont remis aux responsables de l’organisation onusienne un mémorandum adressé au secrétaire général de l’ONU stigmatisant les bombardements de Gaza.
Toujours dans la capitale, le Front de l’action islamique a organisé hier des convois qui ont sillonné plusieurs quartiers de la région ouest en signe de solidarité avec la population de Gaza. À Tarik Jdidé, un sit-in a eu lieu dans la cour interne de la mosquée de l’imam Ali ben Abi Taleb, suivi d’une marche pacifique en direction du cimetière des Martyrs de la révolution palestinienne. À Awkar, les étudiants de la Jamaa islamiya se sont rassemblés non loin du siège de l’ambassade des États-Unis où les forces de l’ordre avaient pris des mesures de sécurité strictes afin d’éviter tout débordement. À Ouzaï, un sit-in a été organisé devant la mosquée du secteur à l’appel de diverses associations beyrouthines. Le mouvement Amal, pour sa part, a transformé son « majless » de la Achoura qui s’est tenu à Chiyah en une rencontre de solidarité avec Gaza, au cours de laquelle le président du Conseil du Sud, Kabalan Kabalan, a stigmatisé au nom d’Amal, en des termes sévères, la constante attitude « défaitiste » des régimes arabes à l’égard de la cause palestinienne depuis 1948.
Des sit-in de solidarité ont également eu lieu à Aley, dans l’Iklim el-Kharroub, à Baalbeck, à Sohmor (dans la Békaa-Ouest), dans le camp de Borj Chemali (Liban-Sud), à Nabatiyeh ainsi qu’à Tripoli. Au cours de l’une des nombreuses marches pacifiques organisées dans la capitale du Nord, certains participants à la manifestation ont brandi des calicots critiquant sévèrement l’attitude de l’Iran concernant Gaza et soulignant qu’au lieu « de s’en prendre aux pays arabes, l’Iran ferait mieux de défendre la population de Gaza en utilisant ses armes destructrices ». Les délégués du Mouvement de l’unification islamique sont intervenus afin de s’opposer à ces manifestants.
Notons, enfin, qu’à l’appel des forces du 14 Mars et du leader du PSP, Walid Joumblatt, deux meetings de solidarité auront lieu, aujourd’hui samedi, à Chehim (Iklim el-Kharroub) et demain dimanche, à Aley.