On peut facilement mesurer la différence entre la révolution de Tunis et celle peut-être en cours au Caire : dix kilomètres. Avant même de tenter d’imaginer ce qu’impliquerait au niveau régional le renversement du président Hosni Moubarak (un changement dramatique des paramètres actuels, on y reviendra nécessairement), on peut commencer par constater que toute modification du pouvoir égyptien pourrait avoir une conséquence immédiate pour la gestion de la frontière commune à l’Egypte et à Gaza.
Zone de trafics située, vu du Caire, aux confins d’un Sinaï où les troupes égyptiennes ne sont pas les bienvenues, le“corridor Philadelphie” fait l’objet d’une attention très soutenue de la part d’Israël et des Etats-Unis avant la guerre de décembre 2008-janvier 2009 et depuis. Le blocus côté israélien (tempéré par la reprise modérée des livraisons mentionnées sur ce blog les semaines passées) fait de cette frontière un enjeu stratégique.
Que ferait l’armée israélienne si elle avait la conviction que le nouveau pouvoir égyptien (dans le cas d’un renversement) ne s’opposait plus à un réarmement clandestin du Hamas ? Elle ne resterait certainement pas inerte. Quant aux réflexions d’un Giora Eiland imaginant un grand troc territorial régional pour relancer un véritable processus de paix, elles peuvent plus que jamais rejoindre le cimetière des espérances déçues.