Hier (15 janvier), aux petites heures du jour, des centaines de personnes, bébés ou enfants dans les bras, ont pris la fuite à l’approche de l’armée, pour se réfugier dans l’hôpital al-Qods situé dans le quartier résidentiel de Tal al-Hawa. Une colonne de chars a pris position dans un parc public au cœur du quartier. D’autres sont aussi positionnés dans deux autres quartiers de Gaza, al-Choujaïya et Zeitoun, où des combats font rage.
À l’intérieur de l’établissement, les mères tentent de consoler les petits qui hurlent de terreur, tentant à grand-peine de les faire rire. « J’ai amené mes enfants à l’hôpital parce qu’ils avaient peur à la maison. Mais en fait, ici, c’est encore plus terrifiant », avoue Hussein, 40 ans, qui est arrivé là le matin avec femme et enfants. « La maison voisine de la nôtre a été complètement détruite dans les combats. Alors nous avons dû partir. On ne va pas supporter cela longtemps. Voyez mes enfants. Ils tremblent », ajoute-t-il. Des dizaines d’autres civils affluent avec leurs bagages. Les médecins les accueillent tant bien que mal. Les infirmiers sont débordés.
Le claquement des obus qui s’abattent dans un fracas de métal et de pierrailles est assourdissant. Le ciel est déchiré par les tirs d’artillerie, les missiles lâchés par les hélicoptères et le survol des bombardiers F-16. La cacophonie atteint son paroxysme lorsque les tirs s’approchent de l’hôpital. Soudain, l’explosion est assourdissante. L’hôpital al-Qods de Gaza vient d’être frappé par deux obus qui ont embrasé le toit de l’établissement et touché sa pharmacie. Le désordre est indescriptible. Des blessés sont évacués à la hâte. Ici aussi, personne n’échappe aux bombes. Des combattants du Hamas, en treillis bleu et noir, courent dans une rue adjacente. L’un deux brandit un drapeau vert du mouvement islamiste. Ses camarades tirent des rafales à l’arme automatique, des fusils AK-47.
Bachar Mourad, un médecin, semble dépassé par les évènements. « J’ai trois corps à 500 m d’ici mais je ne peux pas les ramener. J’ai aussi plusieurs blessés à un kilomètre d’ici, et je ne peux pas me déplacer sans autorisation », se lamente-t-il. En fait, les ambulances ne peuvent tenter la moindre sortie sans que la Croix-Rouge n’en informe l’armée israélienne pour obtenir le feu vert à un tel déplacement, dans certains secteurs. « J’ai du mal à rester coincé ici, alors que des gens sont en train de mourir. Mais je n’ai pas le choix », dit le Dr Mourad.
En soirée, la situation restait critique, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) indiquant qu’une centaine de patients et de personnel médical étaient toujours en danger dans l’hôpital. « C’est inacceptable que des blessés soignés dans un hôpital soient mis en danger », a dénoncé le président du CICR, Jakob Kellenberger, qui vient de faire une visite de trois jours à Gaza et en Israël.
De son côté, le médecin urgentiste français Régis Garrigue, présent dans l’hôpital, a affirmé que des personnes restaient « prisonnières » dans l’établissement, en feu et sans eau. Des responsables ont affirmé que l’incendie avait été provoqué par des « obus au phosphore ». Hier soir, les flammes se sont propagées vers les ailes de l’hôpital. Pris de panique, des parents évacuaient des malades et des blessés couchés sur des lits et trois bébés prématurés dans des couveuses vers la rue pour fuir le brasier. Des tirs israéliens résonant dans le secteur ajoutaient à la confusion.