Après avoir bouclé son gouvernement de coalition, et pour rassurer la communauté internationale, ou plutôt pour la tromper, il a assuré que « la paix » est pour lui un « objectif ». La preuve : il a conclu un accord secret avec le parti d’extrême droite nationaliste Israël Beiteinou, prévoyant l’extension d’une colonie dans un secteur ultrasensible de Cisjordanie.
Il s’agit d’un accord verbal qui, pour ne pas irriter Washington, n’a pas été formellement inclus dans les accords de coalition gouvernementale, paraphés par le Likoud (droite) de Netanyahu et le parti d’Avigdor Lieberman. Cet accord secret prévoit la construction de 3 000 unités, en majorité des logements, mais aussi bureaux et hôtels, dans une zone dite « secteur E1 », qui relierait la colonie de Maalé Adoumim (33 000 habitants) à Jérusalem-Est, annexées illégalement par Israël après sa conquête en juin 1967.
Les Palestiniens dénoncent vivement ce projet de construction dans le secteur E1, parce qu’il coupe pratiquement en deux la Cisjordanie, rendant problématique la constitution d’un Etat palestinien indépendant. Netanyahu, hostile à la création d’un Etat palestinien souverain, envisage uniquement pour les Palestiniens une autonomie élargie, ce qu’ils refusent catégoriquement. Par ailleurs, il prône la poursuite de la colonisation en Cisjordanie occupée. Son accord de coalition avec le parti travailliste stipule que des efforts en vue d’une paix globale au Proche-Orient seront poursuivis, mais ne mentionne ni l’Etat palestinien, ni la Feuille de route le dernier plan de paix international, ni la relance des négociations à la Conférence internationale d’Annapolis (Etats-Unis) de novembre 2007. Aussi bien le Likoud que le parti Israël Beiteinou se sont refusés à tout commentaire sur leur accord secret. Mais le maire de Maalé Adoumim, Benny Kashriel, a indiqué avoir reçu l’assurance de la part de Lieberman que son parti « ferait le nécessaire pour que les logements soient construits ».
Le premier ministre sortant, Ehud Olmert, avait indiqué en 2005 qu’Israël s’était engagé auprès des Etats-Unis à geler ce vaste projet de construction. Toutefois Israël a, depuis lors, établi dans ce secteur le nouveau QG de sa police en Cisjordanie et effectué des travaux d’infrastructure en vue des constructions de logements. A l’exception du petit parti Meretz (opposition de gauche, 3 députés sur 120) et des partis représentatifs de la population arabe (11 députés), toutes les formations politiques en Israël entendent conserver sous contrôle israélien des blocs de colonies, dont Maalé Adoumim, dans le cadre d’un règlement permanent avec les Palestiniens. Mais seuls les partis de droite envisagent de braver le veto américain en construisant dans le secteur E1, en violation des engagements pris par Israël d’un gel de la colonisation, conformément à la Feuille de route.