Hani était aussi mon étudiant, j’ai partagé avec lui des moments très difficiles et aussi des moments de rire et de joie. J’étais le seul à le comprendre !!! C’était un étudiant impulsif, bagarreur et très gentil. Un enfant des camps qui ne savait pas les règles de la courtoisie imposée par les citadins de Naplouse. Il disait ce qu’il pensait tout cru sans réfléchir et souvent à haut voix. Mais il était épris de justice et de bonté : il venait souvent me voir pour régler les problèmes des autres mais il ne parlait jamais de ses problèmes. Lorsqu’il parle ses mains bougent dans tous les sens et son visage devient rouge puis il se calme… Et pour finir il vient t’embrasser et demander des excuses.
Souvent, il arrivait le matin en retard parce qu’il ne savait pas dans quel coin de la ville il se cachait et chez qui il dormait…Vivre tous les jours la peur au ventre, changeant de maison, de quartier, de rue et fuir rapidement en pensant à ce que l’ennemi a mis comme plan non pas pour vous arrêter mais pour vous tuer, c’était le pain quotidien de ce garçon. Puis, il faut tenir bon et lorsque l’occasion se présentait résister et tirer sans peur ni craint. C’est ce qu’il a fait ce matin. Oui, il a résisté autant qu’il peut… Des minutes, des heures ou toute la nuit devant les brigades de la mort protégées par l’aviation, les blindés et toute la technologie moderne…Lorsque nous résistons en Palestine deux solutions s’offre à nous : la mort ou la mort …
La mort de ce garçon m’a énormément touchée. L’année dernière, il a eu un problème avec un prof qui n’aime pas les gens de Fatah en général, j’étais obligé d’intervenir pour faire respecter le prof et demander au prof d’être un peu tolérant avec un pourchassé des brigades de la mort israéliennes. Hani était tellement modeste et respectueux envers ses profs au point d’aller présenter ses excuses à ce prof. Et il a décidé d’arrêter les cours parce qu’il ne pouvait pas concilier résistance à l’occupant jour et nuit, pourchassé et suivi d’une maison à l’autre, d’une rue à l’autre et surtout blessé de deux balles à la jambe, et les études.
La résistance à Naplouse, ville assiégée depuis le début de la deuxième Intifada, qu’on le veuille ou non se fait à partir de l’invasion de 2002 par les gens du Fatah et un peu dans le camp de Ain Beitalmaa par le FPLP. Ces résistants, dont on ne veut pas parler dans les médias arabes et au sein de l’autorité Palestinienne, ne croient pas au processus de paix décidé et ordonné par l’occupant et ses alliés et opposent une résistance farouche à l’occupant souvent dénaturée par certains bandits qui profitent de l’insécurité pour se remplir les poches. Cette résistance est la seule qui existe dans la région nord de la Cisjordanie au cas où vous ne le savez pas. Elle doit continuer par des gens qui n’ont rien à perdre rien à gagner…
Souvent la mort vient en une belle journée d’avril et je dis comme les Indiens d’Amérique c’était une belle journée pour mourir cher Hani.
B. S
Naplouse
voir aussi ISM :
Assassinat extrajudiciaire des Forces d’Occupation Israélienne dans le camp de réfugiés de Balata à Naplouse
Le vendredi 18 avril, Hani Kabi, 21 ans, recherché par l’armée israélienne, a été assassiné par les forces spéciales de l’armée israélienne dans le camp de réfugiés de Balata à Naplouse.
À 2 heures du matin, plus d’une vingtaine de jeeps israéliennes sont entrées dans le plus grand camp de réfugiés de Cisjordanie, les soldats ont cerné le quartier de la vieille mosquée dans le centre du camp et ont envahi plusieurs maisons à proximité de l’endroit où se trouvait Hani.
Hani séjournait dans la maison de la famille Al ’Arsi où habitent six familles. Les soldats ont commencé à tirer à balles réelles par les fenêtres de la chambre à coucher alors que la famille dormait. La famille a été ensuite contrainte de sortir dans la rue où les soldats jetaient des bombes assourdissantes sur les enfants et menaçaient de démolir sa maison.
Toute la famille a ensuite été forcée de se déshabiller entièrement, malgré le froid, même Malak, la petite fille de deux ans et demi. Les soldats ont particulièrement insisté sur le fait que la grand-mère âgée retire elle aussi tous ses vêtements. Samer Abu Leil, 26 ans, a été arrêté de même que son père de 59 ans qui a été kidnappé par les Forces d’Occupation Israélienne. La famille ne sait pas encore où les hommes sont détenus.
Les soldats ont ensuite occupé la maison pendant toute la durée de l’opération d’assassinat, qui a pris trois heures. Lorsque l’assassinat a été perpétré, les soldats ont ensuite saccagé la maison, cassé un lit et renversé tous les meubles et jeté les vêtements à terre.
Dans le même temps, la maison voisine appartenant à la famille Kassim était aussi occupée. Des soldats israéliens ont forcé la serrure de la porte et sont entrés en silence pendant que la famille dormait. L’un des hommes de la famille a pensé qu’il y avait des voleurs dans sa maison, et il est descendu et a commencé à attaquer les soldats dans le noir. Il a rapidement été plaqué au sol et menotté ainsi que son frère et son père qui étaient eux aussi descendus, en entendant le bruit.
Les soldats leur ont dit : « Si vous dites quoi que ce soit, nous allons vous tuer."
Les soldats ont ensuite utilisé le toit de la maison Kassim pour tirer sur la maison des Al ’Arsi où se trouvait Hani.
Pendant cette occupation de maison, les soldats ont cassé la télévision et chaîne hi-fi, brisé les fenêtres et uriné partout dans la salle de bains. Quand les propriétaires de la maison leur ont demandé d’expliquer pourquoi ils se comportaient ainsi, un soldat a répondu : « Je peux faire tout ce que je veux".
Ce n’est pas la première fois que la famille Kassim est victime d’une occupation de ce genre puisqu’elle a déjà vécu une expérience similaire il y a à peine trois mois.
L’assassinat extrajudiciaire d’Hani s’est déroulé sur le toit de la maison après qu’il se soit rendu volontairement et pacifiquement quand il a appris que la famille avait pu sortir de la maison et qu’elle était en sécurité. Selon la famille, il s’est excusé avant de se rendre en disant : "pardonnez-moi, je suis désolé", en évoquant le fait que sa présence avait attiré les soldats israéliens dans leur maison.
Il a été tué par ce que les habitants appellent « une bombe inerte », une bombe tirée d’un fusil M16, et ensuite les soldats ont criblé son corps de balles sous les yeux de son ami Samer qui a été forcé de regarder.
Les membres de la famille ont empêché la mère d’Hani de voir son corps, étant donné les graves blessures infligées à son visage.
Hani était en dernière année d’une maitrise de français à l’université An Najah. Il a été enterré vendredi soir par ses parents, ses cinq frères et quatre sœurs et ses amis.
Le camp de réfugiés de Balata avait été envahi par les soldats israéliens chaque soir la semaine précédente, et neuf personnes ont été kidnappées au cours de la semaine.
Les habitants estiment que cinq à dix personnes sont kidnappées chaque semaine à Balata et 40 dans l’ensemble de la Cisjordanie.
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