[1] voir AP, relayé par Yahoo :
Coup de jeune sur le Fatah
Les instances dirigeantes du Fatah rajeunissent. A l’occasion du son premier Congrès en 20 ans, le parti fondé par Yasser Arafat a élu de nouvelles têtes, donnant priorité aux Palestiniens "de l’intérieur" sur ceux de l’exil et évinçant la "vieille garde" historique accrochée aux commandes.
Quatorze des 18 sièges (sur 23) du Comité central mis aux voix vont à des nouveaux, désormais majoritaires : seuls quatre membres de la direction sortante sont réélus. Mais Ahmed Qorei, lui-même membre de la génération des fondateurs, ancien Premier ministre et l’un des principaux négociateurs palestiniens, a été poussé dehors.
Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne et chef du Fatah, qui préside également cet organe exécutif du parti, doit désigner les quatre autres. "Abou Mazen" a lui-même été reconduit sans hésiter à la tête du mouvement, juste par acclamation, personne ne s’étant présenté contre lui.
Après une semaine d’un Congrès marqué par les bisbilles, intrigues et claquements de porte caractéristiques du parti, les résultats définitifs du vote de quelque 2.300 délégués devaient être connus plus tard mardi, tout comme ceux du vote pour le Conseil révolutionnaire (80 sièges étaient en jeu sur les 120 que compte cette instance, chargée de fixer les orientations politiques aux côtés du comité central).
Parmi les principaux nouveaux élus, on trouve l’étoile montante du mouvement : Marwan Barghouti, 50 ans, l’ancien chef de file de l’Intifada en Cisjordanie et le plus populaire des responsables palestiniens, bien qu’emprisonné à perpétuité en Israël. Ou bien le modéré Saeb Erekat, négociateur vétéran de la partie palestinienne pour les pourparlers de paix avec les Israéliens. Ou encore Nasser al-Kidwa, représentant palestinien à l’ONU.
Mais aussi les deux hommes chargés de la sécurité des Territoires palestiniens du temps de la toute-puissance d’Arafat : Mohammed Dahlan, 47 ans, ancien homme fort de Gaza avant la prise du pouvoir par le Hamas, et Jibril Rajoub, 56 ans, rentré de Tunis dans les bagages du "Vieux" pour prendre la tête de la Sécurité préventive en Cisjordanie, qui mena à ce titre nombre d’opérations de répression contre le Mouvement de la résistance islamique.
Le scrutin, dont les résultats définitifs n’étaient pas encore connus, marque donc la victoire de la jeune génération du Fatah. Celle qui n’a jamais quitté les territoires palestiniens, a fréquenté les prisons d’Israël et parle hébreu, sur la "vieille garde", la direction historique qui fonda le parti autour d’Arafat, ces "fedayine" vétérans vivant toujours en exil en Syrie, en Jordanie ou au Liban, et attachés au credo d’antan prônant la destruction d’Israël.
Pour Rajoub, ce premier Congrès en terre palestinienne occupée est donc "un coup contre une direction qui avait monopolisé le mouvement depuis longtemps sans même avoir présenté un bilan de son travail".
"Cette élection prépare un nouvel avenir pour le mouvement, une nouvelle ère démocratique", s’est réjoui Dahlan. Nasser al-Kidwa a jugé pour sa part que la nouvelle direction "réflète la véritable nature de l’organisation" et "la situation actuelle en son sein".
Ce coup de jeune intervient à un moment crucial, à quelques semaines de la présentation par le président américain Barack Obama de ses projets pour la paix dans la région.
En outre, le nouveau programme adopté par le Fatah reconnaît la nécessité de négocier pour aboutir à la création d’un Etat palestinien aux côtés d’Israël, tout en conditionnant les pourparlers au gel de la colonisation. Et, dernière concession à la "vieille garde", le Fatah se réserve le droit de reprendre les armes si les négociations échouent.
Le tout sonne donc comme une victoire pour le modéré Mahmoud Abbas, qui avait réclamé un rajeunissement des instances. "Abou Mazen", qu’Israël considère comme seul interlocuteur valable pour la paix, voit sa crédibilité et sa légitimité renforcés.
Reste l’épine du conflit interpalestinien. Alors que toutes les tentatives de réconciliation Hamas-Fatah menées depuis 2007 ont échoué, un dirigeant du mouvement islamiste a glissé une note d’optimisme lundi : en visite en Egypte, Mahmoud Zahar a dit "souhaiter une nouvelle direction au Fatah, pour que nous puissions poursuivre le dialogue".
En attendant de voir, la population, elle, est fatiguée. "Vieille garde ou nouvelle génération, ils sont tous pareils", soupire Abu Qusei Asaf, 35 ans, libraire à Béthleem. "Le combat, pour eux, ça ne rime à rien, juste des papiers sur la table. Ils se battent pour des sièges mais n’aident pas le peuple."
AP Steven Gutkin
http://fr.news.yahoo.com/3/20090811...