L’armée israélienne a-t-elle tiré les leçons de sa dernière performance ? Pas sûr. Les éloges que l’on répand en ce moment sur l’armée israélienne méritent vérification. Cette armée a pris part à deux guerres. Au Liban, on lui tirait dessus et elle s’en est tirée de justesse. A Gaza, on ne lui a presque pas tiré dessus et elle a tout de suite « gagné ». Par conséquent, la seule conclusion savante que nous pouvons, pour le moment, tirer des événements de Gaza, c’est qu’il est beaucoup plus facile de gagner sans ennemi.
Les Palestiniens ont-ils appris la leçon ? Non. La mort et la destruction n’instruisent pas les nations. C’est comme ça. Plus de 1000 Israéliens ont été tués durant la seconde Intifada, et pourtant cela n’a pas fait de nous des pacifistes. Cela ne nous a pas non plus rendus modérés ou logiques.
Notre capacité de dissuasion a-t-elle été restaurée ? Non ; notamment parce que nous n’avons jamais eu de « capacité de dissuasion ». Cela fait des dizaines d’années qu’Israël pulvérise les Palestiniens et pourtant ceux-ci éprouvent des difficultés à saisir la chose et continuent à ne pas être dissuadés. Ce sera encore le cas cette fois-ci.
Avons-nous fourni au monde la preuve que le Hamas se cache parmi les civils ? Je suis désolé mais nous n’avons pas fait cela non plus. Nous sommes les seuls à pouvoir gober ce prétexte. Gaza est encombré de civils et les mouvements clandestins ne sont pas des armées. Ils vivent au sein de leur peuple.
Menachem Begin ne se cachait-il pas dans un immeuble résidentiel du nord de Tel Aviv ? Et les kibboutzim et autres communautés n’étaient-elles pas truffées de mythiques caches d’armes ? Et les membres du mouvement clandestin de la Haganah ne se cachaient-ils pas parmi les femmes et les enfants ? Et les routes des communautés proches des frontières n’étaient-elles pas minées, comme protection contre une invasion d’armées arabes ?
Mais comment puis-je comparer. Après tout, ça c’est nous et eux c’est eux.
La moralité de l’armée a-t-elle été démontrée une nouvelle fois ? Oy vey. Une armée morale, ce n’est pas une armée qui tue des civils pour s’empresser ensuite de se faire une gloire de sa haute moralité. Une armée morale est une armée qui s’écarte de son chemin pour éviter de tuer des civils, même au prix d’une prise de risque. Lorsque le brutal occupant britannique a assassiné le commandant du gang Stern, il l’a abattu à bout portant, dans sa planque au cœur d’un quartier de Tel Aviv. Moral, lui, l’occupant israélien aurait apparemment largué une bombe d’une tonne sur tout le quartier et expliqué qu’il ne voulait pas mettre ses troupes en danger.
Les médias ont-ils tiré les leçons du passé ? Très certainement. Le chien de garde de la démocratie a été merveilleusement dressé au point de devenir un chien avide de caresses et dont le seul désir est de protéger le gouvernement. Comme quoi, il est tout de même sorti quelque chose de toute cette opération, après tout.