Il y a à peine quelques jours, le clan Duhair était tout excité à l’idée de récupérer la terre de laquelle il avait été exproprié par l’armée israélienne en 1970. Mais ces espoirs ont été brisés quand la famille a appris que l’Autorité Palestinienne avait prévu de construire un grand projet d’immeubles de logements sur cette propriété.
Le sort d’une grande partie des terres encore occupées par les colonies n’est toujours pas clair. L’Autorité Palestinienne dit qu’elle avait des plans pour construire des immeubles de logements pour les milliers de Palestiniens qui avaient perdu leurs maisons à la suite de plus de quatre années de violence israélo-palestinienne.
Les habitants du camp de réfugiés de Rafah, juste à côté du bloc de colonies du Gush Katif, sont ceux qui ont le plus souffert. Plus de 13.000 des 90.000 habitants sont devenus des sans-abri suite aux démolitions israéliennes depuis 2000. Lors de la plupart des démolitions, des bulldozers israéliens ont rasé des maisons afin d’élargir une zone tampon le long d’une route militaire israélienne sur la frontière égypto-Gaza.
Le logement dans ce camp poussiéreux et pauvre est un besoin vital.
Mais les Duhair disent qu’ils ne vont pas perdre encore une fois leurs terres et qu’ils utiliseront tous les moyens possibles, y compris celui de porter plainte contre l’Autorité Palestinienne, pour les récupérer.
« Ceci est notre terre. Elle nous a déjà été prise une fois. Nous ne permettrons jamais qu’elle le soit encore une fois » dit le fermier Mohammed Duhair en montrant fièrement les actes notariés abîmés émis il y a plus de 40 ans à l’époque où l’Egypte contrôlait la bande côtière. Gaza a été occupée par Israël en 1967 lors de la guerre au Moyen Orient.
Les Duhair sont un clan comprenant environ 2.000 membres, avec des familles plus petites qui possèdent des lots individuels de terres. Mohammed Duhair dit qu’il possède presque 20 hectares de ce qui est aujourd’hui Morag. Avant les expropriations de terres par Israël, il raconte qu’il avait planté des pêchers, des citronniers, des amandiers et des lentilles.
« Nos lentilles étaient réputées dans la ville comme étant la ‘mère’ de toutes les lentilles parce qu’elles étaient si bonnes » dit Duhair. « La terre était un petit coin de paradis et nous voulons la récupérer ».
Des responsables palestiniens soutiennent néanmoins que 91% du territoire actuellement occupé par les colonies faisait partie du domaine public à l’époque égyptienne. Les 9% restants sont des propriétés privées mais les terres ne seront rendues que si le gouvernement palestinien décide qu’il n’a aucune utilisation publique pour celles-ci, disent les reponsables.
Dans Gaza surpeuplée, il semble peu probable que le gouvernement ne trouve pas d’utilisation pour les terres de la colonie.
« Nous ne rendrons les terres que si elles n’ont pas d’utilisation publique comme des rues, des écoles ou tout autre bien laissé derrière eux par les Israéliens » dit Freih Abu Meddein, directeur du « Palestinian Land Authority ». Il dit que les propriétaires recevront un dédommagement.
Quoique les plans vis-à-vis des colonies évacuées restent vagues, le Ministre de l’Information palestinienne, Nabil Shaath, a dit cette semaine que le gouvernement prévoit de construire un ensemble de logements sur les terres de Morag.
Mohammed Duhair raconte qu’il a acheté sa terre en 1961. Duhair se souvient qu’une nuit, en 1970, l’armée israélienne est arrivée sur sa propriété la déclarant zone militaire fermée et a interdit à la famille de s’y rendre.
Plusieurs années plus tard, la zone militaire fermée a été transformée en une communauté isolée de quelques 220 colons juifs qui font face aujourd’hui à l’évacuation.
Le cousin de Duhair, Zuhair, possède également de la terre dans la colonie de Morag. Seuls 3 de ses 18 hectares ont été confisqués par l’armée en 1970. Le reste a été saisi après que des hommes armés palestiniens aient utilisé ce qui restait de sa ferme pour tirer sur les colons de Morag.
Cette nuit là, en octobre 2000, à peine quelques semaines après le début du deuxième soulèvement palestinien, l’armée est arrivée avec cinq bulldozers, a démoli ses serres et l’a chassé, raconte Zuhair.
« Je me suis assis et j’ai regardé pendant qu’ils détruisaient le travail de toute une vie. J’étais fermier. Je vivais de la terre et je vivais bien. Maintenant je dois mendier pour avoir un sac de farine » dit Zuhair.