Il est difficile de ne pas être impressionné par l’optimisme qui règne à la Maison-Blanche sur la question du Moyen-Orient. Mais, après une visite à Ramallah, on en vient à s’interroger sur les raisons d’un tel état d’esprit. La composition du nouveau cabinet du Premier ministre palestinien Salam Fayyad, qui a prêté serment dans la soirée du 19 mai, a pratiquement réduit à néant tous les espoirs d’une réconciliation palestinienne et, par là même, la possibilité d’évincer le régime du Hamas de la bande de Gaza dans un proche avenir. La perspective d’élections présidentielle et parlementaires palestiniennes devient elle aussi plus lointaine et irréaliste tandis que le désaccord entre la bande de Gaza et la Cisjordanie s’accentue. Pour l’heure, la solution à deux Etats ne semble pas réalisable, et pas seulement à cause du Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou et de sa politique de colonisation.
Il y a tout juste quelques mois, Fayyad a renoncé à encourager les efforts en vue de former un gouvernement d’union nationale dans les plus brefs délais. Mais au cours de la dernière série de discussions entre le Fatah et le Hamas, qui a eu lieu au Caire et qui a pris fin le 18 mai sans résultats tangibles, les dirigeants de l’Autorité palestinienne ont décidé de donner le feu vert à la formation d’un cabinet sans le Hamas.
La plupart des journalistes présents au siège de l’Autorité palestinienne à Ramallah le jour de cette annonce avaient le sentiment que les élections prévues pour le mois de janvier n’auraient pas lieu tant que les deux camps palestiniens ne se seraient pas réconciliés. Pour bon nombre d’observateurs, ni le Fatah ni le Hamas ne semblent sérieusement intéressés par une élection, mais, sans cela, le désaccord persistera, ce qui rendra caduque la solution à deux Etats même si Israël décide par miracle de geler la colonisation et conclut un accord de paix avec l’Autorité palestinienne.
Le 19 mai, quelques minutes avant 18 heures, des parlementaires affiliés au Fatah qui avaient été désignés pour faire partie du nouveau gouvernement – le treizième en quatorze ans – rejetaient leur nomination. En proposant plusieurs candidats du Fatah qui ne comptaient pas parmi les dirigeants du mouvement, Fayyad avait suscité la colère de certains hauts fonctionnaires, qui avaient appelé à boycotter son gouvernement.
Deux des réfractaires sont apparus à l’entrée du siège de l’Autorité palestinienne à 18 heures précises, convoqués par le président de l’Autorité, Mahmoud Abbas, dans l’espoir d’obtenir leur collaboration. Quatre minutes plus tard, ils ont quitté le bureau en colère, persistant dans leur refus. Mais cinq minutes après, le nouveau cabinet a prêté serment.
Une fois la cérémonie terminée, Fayyad s’en est pris à Nétanyahou. Interrogé sur la volonté du Premier ministre israélien de reprendre les négociations avec les Palestiniens, il a répondu : “Je ne pense pas qu’il soit opportun de parler de négociations alors qu’Israël ne respecte pas ses accords antérieurs.” Même si la majeure partie de son intervention a été consacrée à des problèmes internes à la Palestine, il semble considérer que les négociations avec Israël sont désormais moins urgentes.
Alors comment expliquer l’optimisme de Barack Obama ? Un commentateur palestinien de premier plan a avancé qu’il venait peut-être de son ignorance. “Obama ne sait pas encore ce qu’est le Proche-Orient, ni ce qu’est le problème palestinien, a-t-il dit. Il apprendra avec le temps.”