Avant la "guerre" à Gaza, il n’y avait que deux chevaux en lice : Livni contre Natanyahou, ce dernier étant en tête dans tous les sondages. La course comporte maintenant trois chevaux en lice, grâce à la "guerre" à Gaza lancée par Livni et Barak. Ce dernier a vu sa popularité monter et est de retour dans la course. Même s’il n’est pas élu, son parti aura nettement plus de sièges qu’il n’en attendait quelques mois plus tôt.
Mais le favori a toujours été Benjamin Natanyahou et il reste le plus que probable futur Premier ministre, selon la majorité des journalistes (Gideon Levy du Haaretz) ou d’activistes (Jeff Halper de l’ICAHD).
Le monde entier espère que cette élection sera aussi "transparente et démocratique" que — comme l’ont dit Jimmy Carter et la plupart des observateurs internationaux — les dernières élections en Palestine en 2006 et qui ont vu le Hamas gagner à une large majorité.
On sait ce qui est arrivé ensuite. Pour faire court sur cette longue histoire, Israël et une bonne partie de la communauté internationale ont refusé de reconnaître le Hamas comme interlocuteur légitime, puis ont refusé de reconnaître le nouveau gouvernement palestinien d’union nationale (formé en 2007).
Abbas, dont l’objectif a toujours été d’être reconnu par les USA et Israël, a évincé le Hamas hors du gouvernement et en a formé un nouveau avec Salam Fayyad, un politicien et économiste "made in USA", comme Premier ministre. Une guerre préventive et brutale a été lancée par le Hamas contre le Fatah et les milices appuyées par les USA et Israël (et dirigées par Mohamed Dahlan), et le Hamas a "pris le contrôle" de la Bande de Gaza.
Même s’ils ont fait mine d’être surpris et ont fortement condamné une telle évolution, les USA et Israël avaient enfin atteint l’un de leurs objectifs à long terme en Palestine : la règle "diviser et régner" (une stratégie utilisée avec grand succès par les USA au cours de son histoire) était de retour en Cisjordanie, qui devenait le territoire d’une Autorité palestinienne respectable (traduire : apportant sa coopération), avec Gaza se transformant en Hamastan islamique et diabolique.
Le blocus israélien sur la Bande de Gaza, soutenu par la communauté internationale, a été mis en place et une fois encore, pour faire l’histoire courte, une "guerre" à Gaza a été lancée en décembre 2008 par Israël. On en est là aujourd’hui, quelque 1300 Palestiniens tués et 5000 blessés plus tard.
Pourquoi tout ceci est-il arrivé ? Quelle a été la raison officielle fournie par Israël et la communauté internationale pour ne pas reconnaître le Hamas ?
La raison donnée a été que le Hamas a refusé de reconnaître Israël et avait une Charte appelant à la destruction de l’État juif.
Tout le monde (à savoir politiciens et dirigeants des principaux médias) a accepté ceci sans se poser quelques questions essentielles : quel Israël devrait reconnaître le Hamas ? Israël n’a toujours pas déclaré quelles étaient ses frontières internationales. Le Hamas devrait-il reconnaître l’Israël de 1948 ? Celui de 1967 ? Celui de 2009 avec son Mur d’apartheid, ses colonies (qui ont augmenté de 60 % en 2008, l’année du "processus de paix" d’Annapolis, selon un rapport de la Paix Maintenant), ses citoyens Arabes de seconde zone et sa Jérusalem-Est annexée ?
Un observateur attentif aurait aussi pu soulever une objection en rappelant à tous que le Hamas (via Haniyeh et Meshaal) a dit et répété qu’il était prêt à accepter Israël en tant qu’entité politique sur des frontières de 1967. Vous n’avez pas à chercher très loin, cela a été rapporté entre autres par le Guardian et le Washington Post, ce qui veut dire que le Hamas était maintenant en ligne avec la plupart des demandes de la communauté internationale et acceptait une solution à deux-États.
Un autre problème était soulevé, encore et à nouveau : celui de la Charte du Hamas, entendait-on. Quoi que Haniyeh et Meshaal soient prêts à accepter, la Charte revenait sur le tapis à chaque fois.
Mais qu’en est-il de la Charte du parti Likoud ? Avec Natanyahou et son parti de droite sur le point de prendre le pouvoir, il n’est que justice de s’en informer.
Dans le chapitre "Paix et sécurité" de la plate-forme du parti du Likoud, un document récent (1999), il est dit au début :
"La paix forme l’un des principaux objectifs de l’État d’Israël. Le Likoud renforcera les accords de paix existants avec les États arabes et s’efforcera de finaliser des accords de paix avec tous les voisins d’Israël en ayant pour objectif de trouver une solution globale au conflit israélo-palestinien".
Mais il est dit ensuite, au sujet des colonies :
"Les communautés juives en Judée, Samarie et Gaza sont la concrétisation des valeurs sionistes. La colonisation de la terre constitue une forme claire et inattaquable du droit du peuple juif sur la Terre d’Israël et représente un avantage important au niveau de la défense des intérêts vitaux de l’État d’Israël. Le Likoud continuera à renforcer et à développer ces communautés et empêchera leur fermeture".
En conséquence, il s’agit d’annihiler toute chance d’une solution à deux-États.
Sur le sujet de l’auto-gestion des Palestiniens, il est dit :
"Le gouvernement israélien rejette complètement l’établissement d’un État arabe palestinien à l’ouest du Jourdain. Les Palestiniens peuvent gérer leurs vies librement dans le cadre d’une auto-gestion, mais pas en tant qu’État indépendant et souverain. Dès lors, par exemple, en matière d’affaires étrangères, de sécurité, d’immigration et d’écologie, leurs activités seront limitées de façon conforme aux impératifs découlant de l’existence d’Israël, de sa sécurité et de ses nécessités nationales".
En conséquence, il s’agit d’annihiler toute chance de voir un État palestinien souverain.
Sur Jérusalem :
"Jérusalem est la capitale éternelle et unifiée de l’État d’Israël et seulement d’Israël. Le gouvernement rejettera complètement les propositions des Palestiniens pour diviser Jérusalem, y compris le plan de division de la ville présenté à la Knesset par les factions arabes et soutenu par de nombreux membres du parti Travailliste et du Meretz".
En conséquence, il s’agit d’annihiler toute chance de futures négociations de paix, puisque Jérusalem-Est comme capitale d’un futur État palestinien est une condition non-négociable pour tous les Palestiniens.
Nous venons donc d’établir que la Charte du parti Likoud ne reconnaît pas la Palestine et n’acceptera pas un État palestinien souverain [1]. La non-reconnaissance du Likoud, sous peu, par la communauté internationale et la mise en place d’un blocus sur Israël ne devrait donc pas être une surprise pour les Israéliens.