Le 6 novembre 2007, M. Nicolas Sarkozy déclarait : « J’irai chercher les Français où qu’ils se trouvent… J’irai chercher ceux qui restent quoi qu’ils aient fait… Ceux qui ont fait des choses bien mais aussi ceux qui ont fait des erreurs, cela peut arriver à tout le monde. » Une telle conviction m’aurait presque redonné un peu d’espoir puisqu’à cette époque Salah était en prison depuis plus de deux ans. J’avais déjà interpellé les autorités françaises, mais je me heurtais à des portes closes tandis qu’elles s’ouvraient toutes grandes pour les parents du soldat franco-israélien Gilad Shalit.
Depuis, avec l’aide et le soutien de nombreux amis du droit et de la justice qui refusent le deux poids, deux mesures, nous continuons de nous battre pour que Salah et ses 11 000 camarades détenus en Israël ne tombent pas dans l’oubli. Nous continuons à demander une intervention efficace de la France pour obtenir la libération de Salah.
Je peux comprendre l’émotion de M. Sarkozy face à la situation de Gilad Shalit puisqu’il s’intéresse à tous les Français où qu’ils soient. Mais apparemment cela ne concerne ni la Palestine ni les Franco-Palestiniens. Je comprends la douleur des parents de Gilad Shalit. Mais nos deux fils, qui vivent des situations différentes, méritent une égale attention des autorités. Les demandes de rendez-vous des membres du comité de soutien ou de moi-même ont été rejetées par l’Élysée, alors que le père de Gilad Shalit y a été reçu trois fois. M. Sarkozy fait même de la libération de Gilad une « affaire personnelle ».
Salah est un jeune homme de vingt-quatre ans qui devrait être à l’université. Il a été condamné par un tribunal militaire installé en Cisjordanie à sept ans de prison, alors qu’il n’a rien fait d’autre que de résister pacifiquement à l’occupation. Or résister à une occupation étrangère est un droit imprescriptible ! Qu’il s’agisse de Gilad Shalit, mais aussi d’Ingrid Betancourt, des animateurs de l’Arche de Zoé ou encore de Florence Cassez, tous ont vu leurs proches ou leurs amis être reçus par le président. Tous, sauf pour un seul et unique cas : celui de mon fils ! Pourquoi ? Je ne supplie pas et ne supplierai pas le président. Je lui demande par contre de respecter chacun avec une égale attention. Ma douleur n’est pas moindre que celle des autres. Il a mon numéro de téléphone et celui des amis du comité de soutien. Il a le choix : ou de composer ces numéros, ou de se déconsidérer. La balle est dans son camp…