La réalité est cependant bien différente : jour après jour, la destruction de terres cultivées et la démolition de maisons et de marchés continue dans cette zone. La dévastation à grande échelle des moyens de subsistance de la population par le biais des arasements des cultures et la confiscation des ressources, au cours de la première phase du Mur, met en évidence le vrai objectif du Mur : accaparer le maximum de terres et expulser les Palestiniens de leur maison et de leur sol. Les habitants ont d’ailleurs déjà été forcés à rechercher d’autres moyens de subsistance, car de plus en plus de familles affrontent cette nouvelle réalité : devenir des réfugiés.
Les données qui suivent se rapportent uniquement à ce qui s’est déroulé dans le Nord de la Cisjordanie pendant la première phase de construction du Mur. Campagne Contre le Mur d ’Apartheid
Phase Construction du Mur
Vue d’Ensemble
– • Plus de 200 000 personnes qui vivent dans les secteurs proches du Mur dans les districts de Jénine, Tulkarem et de Qalqiliya sont affectées par le Mur.
– • La ville de Qalqiliya est entièrement encerclée par le Mur. Tulkarem est isolée d’un côté par celui-ci et de l’autre par une expansion du Mur qui assure un isolement total de la ville. 18 villages sont encerclés par le Mur sur trois côtés.
– • A plusieurs endroits, le Mur est construit 6 km à l’intérieur de la Cisjordanie.
– • Environ 11 550 personnes, vivant dans 16 villages, sont prises au piège entre le Mur et la Ligne Verte de 1967, dans le secteur qu’Israël considère maintenant comme « zone militaire fermée ».
– • 10 colonies israéliennes illégales ont été annexées de facto.
– • La plus grande partie des terres fertiles de plus de 50 villages sera séparée et isolée de la communauté.
Destruction et Vol de Terres
– • 121 455 dunums de terre soit 2% de la Cisjordanie, ont de facto été annexés avec la construction de la première phase du Mur. (1 dunum =1/10 d ’hectare =1000 mètres carrés).
– • Pour construire cette première partie du Mur, 14 680 dunums de terres ont été rasés et 102 320 arbres déracinés.
– • Parmi les 51 communes qui se trouvent sur le tracé du Mur, les habitants de 25 d’entres elles n’ont pas accès à leurs terres.
– • 3175 familles, soit environ 20 000 Palestiniens, vivront à l ’Est du Mur, leurs terres cultivées se retrouvant de l’autre côté. Ces familles perdront ainsi leurs moyens de subsistance, leurs revenus et leur patrimoine.
– • Environ 10 000 bêtes n’auront plus accès à leurs pâturages.
– • Un marché illégal de vente d’arbres s’est mis en place. Les conducteurs de bulldozers et les compagnies de construction collaborent pour déraciner ces arbres, prétextant la construction du Mur. Ils s’assurent ainsi des ventes lucratives sur le marché israélien.
Etude de cas : dans le petit village de Jayyous (district de Qalqiliya, 3000 habitants), 7 puits et 72% des terres ne sont plus accessibles aux paysans. Au total, 8 600 dunums ont été confisqués de fait. Au moins 300 familles sont en train de perdre leur seule source de revenus.
Démolitions à Grande Échelle
– • A ce jour, 218 bâtiments ont été démolis dans le village de Nazlat’Isa, pour la plupart des magasins, sources importantes de revenus et de survie pour nombre de personnes de la commune et cinq maisons ont aussi été détruites.r.
– • En outre, au moins 75 magasins, 20 usines, 20 maisons et une école primaire font l ’objet d’ordres de démolition devant être exécutés prochainement.
Etude de cas : le marché de Nazlat’Isa, village pris au piège entre le Mur et la Ligne Verte de 1967, a été entièrement détruit pour construire le Mur.
A l ’Est du Mur se trouve la barrière d’isolement en voie de construction, et les terres au-dessus du village seront utilisées pour construire l’Autoroute trans-Israël, qui sera elle-même connectée au réseau des routes israéliennes et de routes pour les colons. Des ordres de démolition sont imminents pour 16 autres maisons, ce qui engendrera la destruction de toute l’infrastructure économique de Nazlat’Isa. La grande partie du village sera ainsi dévastée. Nazlat’Isa pourrait être le premier village détruit le long du Mur.
Le Mur passe seulement à quelques mètres de nombreux petits villages ou hameaux. L’armée a averti les habitants que la construction du Mur à proximité, entraînerait la démolition de la plupart des habitations.
Etude de cas : Azzun Atma, un village de 1500 habitants, est entouré de trois côtés par le Mur. En outre, une route de contournement israélienne traverse ses terres et isole 70 habitants. La construction du Mur a engendré l’interruption de la construction de nouvelles maisons. 24 maisons du village font désormais l’objet d’un ordre de démolition.
Ressources, Infrastructures et Moyens de Subsistance
– • La nappe phréatique ouest, la plus large ressource en eau douce de la région après le Jourdain, se trouve dans le sous-sol des districts de Jénine, de Tulkarem et de Qalqiliya, qui sont de ce fait les régions agricoles les plus productives de Cisjordanie. D’après la Banque Mondiale, en 2000 ces trois régions représentaient 45% de la production agricole de Cisjordanie.
– • De nombreux villages sont sur le point de perdre leur seule ressource en eau.
– • 36 puits et plus de 200 citernes sont isolés de leur village par le Mur, et 14 autres puits sont menacés de démolition car ils se trouvent dans la « zone tampon » du Mur.
– • Le débit total annuel de ces cinquante puits (qui seront soit totalement perdus, soit très difficilement accessibles) est de plus de 6,7 m³, ce qui peut satisfaire les besoins domestiques et agricoles de plus de 122 000 personnes.
– • Les travaux de terrassement du mur par les bulldozers israéliens ont détruit 35 000 mètres de tuyaux d’eau et 25 puits et citernes destinés à l’agriculture et à l’usage domestique.
– • Sur les 51 communes qui se trouvent sur le passage du Mur, près de 50% d’entres elles ne pourront plus irriguer les terres situées de l’autre côté du Mur.
– • La confiscation des terres, les diverses destructions et les très sévères entraves à la liberté de circulation entraîneront la perte d’au moins 6 500 emplois.
Etude de cas sur le chômage forcé : Les bouclages israéliens ainsi que le Mur autour des communes dans le district de Tulkarem empêchent les habitants de se rendre sur leur lieu de travail, ce qui a fait passer le taux de chômage de 18% en 2000 à 78% au printemps 2003.
Etude de cas sur l ’éducation : Dans le district de Tulkarem, environ 650 des 1964 professeurs ont des difficultés à se rendre à leurs classes à cause du Mur (selon la Banque Mondiale). A Ad Dab’a, les étudiants ne pourront bientôt plus se rendre à leur école secondaire qui se trouve dans le village voisin, maintenant de l’autre côté du Mur.
Etude de cas : Compte-tenu de l’emprisonnement complet de Qalqiliya par le Mur, près de 10% des 42 000 habitants ont été forcés de quitter leurs foyers en ville pour chercher un emploi ailleurs et des moyens de subsistance alternatifs.