La décision, samedi, du président de l’Autorité palestinienne d’organiser des élections présidentielles et législatives anticipées pour dénouer la crise politique, a tôt fait de mettre le feu aux poudres.
Un peu plus loin, l’occupant, Israël, jubile en assistant à un spectacle dont il a soigneusement préparé et ficelé le scénario : l’affrontement interpalestinien.
Pour cause, au deuxième jour de ce qui prend dangereusement l’allure d’une guerre civile, les partisans du président Abbas et ceux de son Premier ministre, Ismaïl Haniyeh, ne se sont pas fait de cadeaux. Au moins deux morts dont une jeune fille de 19 ans, et une dizaine de blessés ont fait les frais hier à Ghaza, d’un affrontement fratricide qui a éclaté samedi dernier, d’après des sources hospitalières citées par l’AFP.
A coups d’obus de mortier et autres matériels de guerre, les jeunes du Fatah et ceux du Hamas ont approfondi un peu plus la plaie palestinienne sous le regard, sans doute amusé des soldats israéliens. Hier même, l’enceinte de la Présidence palestinienne à Ghaza n’a pas été épargnée par les tirs d’obus. Deux blessés plus ou moins graves et sept autres personnes atteintes par des échanges de tirs entre les partisans ont été déplorés par des sources médicales et des services de sécurité. A en croire la Présidence palestinienne, deux obus de mortier ont explosé à Ghaza dans l’enceinte abritant les bureaux du président Mahmoud Abbas, blessant deux personnes. Dans le camp de réfugiés de Jabaliya, dans le nord de la bande de Ghaza, sept personnes ont été également blessées quand des membres de la Force exécutive, relevant du ministère de l’Intérieur, ont ouvert le feu sur une manifestation de soutien à l’initiative de M. Abbas, rapporte l’AFP.
Bien qu’il soit difficile de prendre pour argent comptant les infos en provenance des « champs de bataille » qui sont forcément manipulées selon que les rapporteurs soient favorables au président Abbas ou partisans de Ismaïl Haniyeh, il est au moins une vérité que la situation vire à l’irréparable en Palestine.
« Nous demandons aux gens de ne pas recourir aux armes pour résoudre des différends politiques et de ne pas porter ces différends dans les rues », cet appel lancé, hier, par le président en exercice du Conseil législatif palestinien (CLP, Parlement), Ahmad Bahar, ne semble pas avoir été entendu par les deux camps. Loin s’en faut.
Le Premier ministre, Ismaïl Haniyeh, a d’ailleurs réitéré hier le rejet par son gouvernement de la décision du président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, de convoquer des élections anticipées qu’il a qualifiées de « coup d’Etat ».
En face, le président Mahmoud Abbas semble déterminé à ne pas faire de concessions qui s’apprête, d’après certaines sources, à engager « sous peu » des consultations avec des responsables de la Commission centrale électorale pour enclencher le processus.
Il est donc clair que le fossé se creuse chaque jour un peu plus entre le président et son Premier ministre, et plus grave encore désormais, entre des jeunes armés de Hamas et du Fatah. Difficile d’imaginer de quoi sera fait demain dans un pays qui fait face à une force d’occupation et qui s’entredéchire dans un affrontement fratricide qui ferait plaisir à ceux qui tirent les ficelles à Washington, à Londres et même à Tel-Aviv. Dommage.