Selon Israël les frappes aériennes, qui ont eu lieu avant l’aube, ciblaient "les tunnels de contrebande du Hamas" dans le sud de la bande de Gaza et étaient des représailles.
"C’est une réponse à l’attaque contre l’armée israélienne à Kissufim,” a déclaré un porte-parole de l’armée à Ma’an.
Lors de cette attaque, une charge explosive placée près du kibbutz de Kissufim le long de la frontière entre Israël et la bande de Gaza mardi matin, un soldat a été tué. Trois autres ont été blessés, dont l’un sérieusement, dans cette attaque qui visait un convoi militaire.
D’après le Hamas et les autorités israéliennes, ce n’est pas le mouvement qui est responsable de l’attaque. Cependant, Israël affirme que c’est au Hamas de faire respecter la trêve.
Les autorités militaires israéliennes "tiennent le Hamas responsable du maintien de la paix dans les villages du sud d’Israël et répondront durement à toute tentative de ne pas le respecter" selon un porte parole de l’armée israélienne.
Les frappes aériennes ont eu lieu après 10 jours de calme relatif dans et autour de Gaza, après que le Hamas et Israël ont déclaré des cessez-le-feu informels.
Mais un Palestinien a été très sérieusement blessé après qu’un drone a ouvert le feu à Khan Younis dans le centre de la bande de Gaza tôt mardi soir. Le drone de reconnaissance a ouvert le feu sur Hayan As-Ser, qui circulait à moto dans le quartier d’Akkad, dans le centre deKhan Younis, selon des témoins.
Transporté aux urgences chirurgicales à l’hôpital Nasser, il est, selon le Dr Muawiya Hassanein, le directeur des services d’urgence du ministère de la santé, dans un état critique. Israël affirme que As-Ser joue un rôle majeur dans le groupe responsable de l’attaque de Kissufim, ce que confirment des sources à Gaza.
Lire aussi l’envoyé spécial de l’Humanité à Gaza, le 27 janvier :
Gaza entre trêve et menace de reprise des bombardements
Les négociations se poursuivent au Caire, en dépit des pressions sur les Palestiniens pour qu’ils renoncent à la reconstruction des tunnels commerciaux près de Rafah.
La zone frontalière de Rafah est toujours en état d’alerte suite à des menaces de bombardements israéliens. Officiellement, Tel-Aviv s’irrite de ce que les « perceurs de tunnels » ont repris leurs activités. Ceux-ci ont néanmoins désertés leurs chantiers, hier matin, par précaution. Dans la bande de Gaza l’heure est à la reconstruction ou, au minimum, à tenter de s’organiser pour reprendre une vie plus normale.
Nouvelle phase des négociations
Suivant le modèle du Hezbollah au Liban, le Hamas a commencé à distribuer des fonds aux familles ayant perdu leur maison. On raconte même que les militants islamistes auraient saisi des habitations appartenant à des membres du Fatah, le parti de Mahmoud Abbas, qui ont quitté les lieux. Il reste à savoir comment la reconstruction de la bande de Gaza, en grande partie détruite par l’offensive israélienne, va pouvoir avoir lieu si le blocus établi par Israël et soutenu par les pays occidentaux se poursuit. L’embargo touche de nombreux produits de base pour le bâtiment et les travaux publics.
Les négociations entrent dans une nouvelle phase au Caire, avec des propositions concrètes de part et d’autre. Une délégation du Hamas a ainsi proposé dimanche à Israël une trêve d’une année et l’ouverture des points de passage vers la Bande de Gaza, lors des pourparlers organisés au Caire. De son côté, Israël opterait plutôt pour une trêve d’une année et demie et une ouverture partielle des points de passage.
Les délégués du mouvement islamistes ont eu des entretiens avec le chef des renseignements égyptiens Omar Suleiman portant sur la nature et la durée de la trêve avec Israël, un système de surveillance des points de passage et les efforts de reconstruction après le conflit dans la Bande de Gaza. Le responsable égyptien a indiqué que son pays était prêt à apporter son aide sur la question de la reconstruction, mais qu’il ne souhaite pas « en faire une question politique ou le prétexte d’un chantage ».
Mushir Al Masri, un député du Hamas considéré comme une personnalité montante du mouvement, a expliqué que « le Hamas a proposé une trêve de 1 an qui serait évaluée au moment de son expiration. Nous parlons d’une trêve temporaire qui serait liée à la réouverture de tous les points de passage, y compris le terminal de Rafah, et la levée du blocus. » Pour ce parlementaire, une trêve permanente « contredirait le droit du Hamas de poursuivre la résistance aussi longtemps qu’existerait l’occupation ». Plus intéressant peut-être, la délégation du Hamas a fait savoir que le mouvement islamiste était prêt à accepter la présence de forces européennes et turques aux points de passage.
Les conditions du Hamas
Mais Al Masri s’est empressé de souligner que son organisation était opposée au stationnement de troupes internationales. « Toute troupe étrangère dans la bande de Gaza sera considérée comme une force d’occupation », a-t-il dit. « Mais pour être sûr que les points de passage seront rouverts, nous suggérons qu’elles soient placées sous la supervision d’observateurs internationaux. Nous ne voulons pas que les points de passage restent à la merci des Israéliens ou de n’importe quelle autre partie. » En revanche, le Hamas refuse que la libération du soldat israélien Gilad Shalit fasse partie de la négociation. « Le cas du soldat est lié à un futur échange de prisonniers, a indiqué Mushir Al Masri. Personne ne doit se mettre à rêver que Shalit reverra sa famille si les points de passage sont rouverts. »
Pierre Barbancey