« Je suis un grand fan d’Israël (...). Il n’y a personne comme Nétanyahou. C’est un gagnant (...). Votez pour Benyamin, un dirigeant génial pour Israël ! » Ces quelques mots de Donald Trump, enregistrés en 2013 dans une vidéo de soutien au premier ministre israélien, alors en pleine campagne des législatives, résonnent comme un écho obscur à quelques semaines de l’intronisation du futur président républicain. D’autant plus obscur que le candidat Trump a réaffirmé pendant sa campagne ses sentiments brûlants à l’égard du chef du Likoud, promettant qu’une fois au pouvoir les États-Unis cesseraient de considérer le choix de deux États distincts comme possible résolution du conflit israélopalestinien. Tout à sa joie, Benyamin Nétanyahou ne s’est pas fait prier pour rendre la monnaie de sa pièce à son ami et futur hôte de la Maison-Blanche en lui affirmant à son tour qu’il n’aurait pas de meilleur allié qu’Israël dans la région.
Un mariage consanguin entre deux extrêmes qui a de quoi alerter et inquiéter les défenseurs d’un État palestinien. C’est pourquoi le Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens (Cnpjdpi), constitué de 52 associations et organisations, et le collectif Trop c’est trop !, pour les droits des Palestiniens avec le soutien de la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine étaient réunis mercredi matin à l’Assemblée nationale, en présence de députés français et européens, à l’occasion du lancement de leur nouvelle campagne « Pour la suspension de l’accord d’association Union européenne-Israël . »
EN 2015, ISRAËL A EXPORTE POUR 19 MILLIARDS D’EUROS DE MARCHANDISES VERS L’UE, SOIT LE TIERS DU TOTAL DE SES EXPORTATIONS DANS LE MONDE.
Opacité des échanges
Signé en 1995 dans le cadre des accords euro-méditerranéens (Euromed) et entré en vigueur en 2000, ce pacte avait entraîné une totale détaxation des produits exportés par Israël vers les États de l’UE, à l’exclusion des produits venant des territoires occupés de Cisjordanie et de Jérusalem-Est.
Mais l’interdiction s’est révélée plus théorique que réelle, l’opacité des échanges se nourrissant de l’insuffisance des mécanismes de vérification au sein de l’UE. Une longue campagne de pressions, menée notamment par le Cnpjdpi, a néanmoins abouti l’an dernier à ce que Bruxelles impose à Israël l’étiquetage de ses produits. Une victoire qui, pour Taoufiq Tahani, président de l’Association France Palestine Solidarité (AFPS), ne suffit plus. L’arrivée de Trump au pouvoir et la perspective d’un durcissement des politiques de colonisation par Israël appellent un changement de braquet : « Il faut maintenant que Bruxelles suspende purement et simplement l’accord d’association UE-Israël, explique le militant. Il faut peser sur Israël. Mais l’Europe va-t-elle continuer à traiter avec un pays qui ne respecte pas les principes revendiqués par l’UE sur le respect les droits de l’homme stipulé dans l’article 2 de cet accord ? » Question embarrassante posée à une Europe de nouveau travaillée par des extrêmes droites agressives, et ne pouvant se soustraire à sa responsabilité historique et politique dans le conflit. En suspendant cet accord, l’Union européenne mettrait en oeuvre ce qu’elle a déjà fait auparavant dans d’autres circonstances. Avec le Sri Lanka, Bruxelles n’avait pas hésité à suspendre ses accords de préférence généralisée en raison de violations des droits de l’homme. Ce qui fut possible avec Colombo peut l’être avec Tel-Aviv. L’article 79 de l’accord d’association stipule une suspension possible « si une partie considère que l’autre ne satisfait pas une obligation découlant du présent accord »... Dont acte.