La « Grande Marche du retour » lancée le 30 mars à Gaza à l’initiative de groupes de la société civile, auxquels s’est rapidement joint l’ensemble des factions politiques palestiniennes, et notamment le Hamas qui gouverne la bande de Gaza, participe d’un mouvement de fond, qui ne se résume pas à l’instrumentalisation politique et à la bataille médiatique dont elle fait l’objet entre Israël et le Hamas.
Elle doit durer six semaines, jusqu’au 15 mai, jour de la commémoration de l’exode (nommé la Nakba, « la catastrophe ») de près de 900 000 Palestiniens lors de la guerre de 1948, selon les chiffres des organisations humanitaires et internationales alors présentes sur place (Croix-Rouge, Quakers, puis l’UNRWA – Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient).
Elle s’ancre sur la question du retour des réfugiés, alors que 1,3 million sur 2 millions de Gazaouis sont des réfugiés ; et qu’Israël s’apprête à fêter en mai ses 70 ans d’existence, quand les Palestiniens n’ont pas vu leurs aspirations nationales et étatiques se réaliser et que le territoire qu’ils contrôlent n’a cessé de se réduire comme peau de chagrin depuis le plan de partage des Nations unies de novembre 1947.
Remettre Gaza centre de l’attention internationale
Les conditions de vie désastreuses à Gaza ont largement participé du déclenchement de cette mobilisation qui entend remettre Gaza et son enfermement au centre de l’attention internationale. Des conditions de vie qui ne cessent d’empirer depuis le début du blocus israélien il y a plus d’une décennie, auquel s’ajoute celui maintenu par l’Egypte de Sissi.
La politique américaine actuelle, largement gouvernée par des hommes politiques favorables aux intérêts des colons, est également un facteur-clé quand elle enlève toute perspective d’avenir aux Palestiniens. Elle déclenchera sans aucun doute des manifestations plus importantes, également en Cisjordanie et à Jérusalem, sur les check-points et autres lieux de friction...
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Stéphanie Latte Abdallah et Cédric Parizot ont codirigé l’ouvrage « Israël/Palestine. L’illusion de la séparation » (Publications de L’Université de Provence, 2017).