Bitterlemons International : En mars 2005,
un accord est intervenu entre toutes les
factions palestiniennes au Caire pour
réformer l’OLP. Depuis, rien ne s’est passé.
Pourquoi cette absence d’avancée ?
– Tayseer Nasrallah : D’abord, l’accord du
Caire était une réaffirmation de la réforme
de l’OLP. Il y a eu aussi des discussions
sur l’entrée du Hamas et du Djihad islamique
dans les institutions de l’organisation.
Aucune mesure immédiate n’a
été prise parce qu’au début tout le monde
s’est satisfait et contenté d’avoir un accord
pour réformer l’OLP et d’y inclure le Djihad
et le Hamas.
Bitterlemons International : Ce processus
va-t-il se poursuivre ?
– T. N. : Après ce qui s’est passé à Gaza,
je pense que toute discussion pour inclure
le Hamas et le Djihad islamique dans
l’OLP est inutile. La mentalité des gens
qui sont derrière ce qui s’est passé à
Gaza n’est pas celle de gens prêts à partager
le pouvoir ni même à travailler à
l’unité palestinienne. Ce qu’il nous faut
maintenant, ce sont de nouvelles lignes
qui puissent remplacer celles dont nous
avions convenu au Caire.
Bitterlemons International : Vous êtes en train
de me dire que l’accord du Caire n’est plus
d’actualité ?
– T. N. : Oui. Plus personne ne parle
de cet accord. Ces deux derniers mois,
il y a eu deux sessions du Conseil central
de l’OLP à Ramallah et personne,
d’aucun des groupes de l’OLP, n’a même
évoqué l’entrée du Hamas et du Djihad
islamique dans l’organisation.
Bitterlemons International : Une négociation
ou un accord avec Israël peuvent-ils avoir la
moindre valeur sans une réforme de l’OLP
et spécifiquement l’inclusion du Hamas ?
– T. N. : Si le Hamas veut entrer dans
l’OLP, il doit reconnaître la charte de
l’OLP. C’est ce que le Hamas a refusé de
faire depuis le début et c’est ce qui a en
partie ralenti la mise en pratique de l’accord
du Caire. Cependant, je pense aussi que
sans le Hamas la capacité du Président
Mahmoud Abbas de parvenir à des
accords signés au nom de l’OLP avec
Israël et de les mettre en pratique sera
limitée, parce qu’il y aura des efforts délibérés
pour les briser. C’est ce qui s’est
produit avec Yasser Arafat, quand le
Hamas réagissait à tout accord par un
attentat à l’intérieur de la Ligne verte. Il
est tout à fait possible que le Hamas
fasse de même aujourd’hui pour tout
accord qu’Abou Mazen pourrait signer
dans l’avenir.
Bitterlemons International : Quelles réformes
faut-il entreprendre pour renforcer l’OLP ?
– T. N. : Tout d’abord, il faut une réunion
du Conseil national et il faut s’accorder sur
une nouvelle procédure pour choisir les
représentants afin d’éviter le vieux système
des quotas dans le partage du pouvoir
entre factions. Nous devons prendre en
compte les nouvelles réalités sur le terrain
en Palestine et en dehors. Il faut
prendre au sérieux les communautés
palestiniennes hors de Palestine. Les
groupes eux-mêmes doivent étudier leur
représentation actuelle dans l’OLP, où
certains n’existent que de nom et où beaucoup
ont perdu de leur popularité, que ce
soit ici ou à l’extérieur. Il faut donner une
chance aux indépendants et aux communautés
palestiniennes en exil d’être
représentés dans l’OLP.
Bitterlemons International : La réforme de
l’OLP est-elle vraiment importante pour mettre
un terme aux divisions internes en Palestine ?
– T. N. : Il est très important de réformer
l’OLP parce qu’elle est la seule représentante
légitime du peuple palestinien
reconnue au niveau international. La
réforme de l’OLP va renforcer la cause
palestinienne et permettra aux Palestiniens
de mieux montrer leurs souffrances
que par l’Autorité palestinienne, puisque
l’OLP représente les Palestiniens où
qu’ils soient. La libération de la Palestine
n’est pas encore réalisée. L’OLP restera
vitale jusqu’à la création d’un Etat palestinien
indépendant et l’obtention des
droits légitimes du peuple palestinien.
Tayseer Nasrallah est un dirigeant
du Fatah à Naplouse et un membre du
Conseil national de l’OLP.