L’annonce intervient sur fond de tensions accrues. Le président de l’Autorité palestinienne (AP), Mahmoud Abbas, a fait part, jeudi 25 juillet, de la « décision de la direction [de l’AP] de ne plus appliquer les accords signés avec Israël ». Lors d’un discours à Ramallah, il a ajouté que la direction palestinienne allait mettre en place immédiatement un comité chargé d’étudier la façon de mettre en œuvre cette mesure.
Dans le passé, des responsables palestiniens avaient déjà brandi cette menace, mais c’est la première fois que M. Abbas l’annonce lui-même et de manière aussi directe. L’Etat hébreu et les Palestiniens sont liés par des accords bilatéraux dans des domaines allant de la gestion de l’eau à la sécurité. Si les Palestiniens cessent de les appliquer, cela pourrait avoir des conséquences notamment en Cisjordanie, un territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.
Le Conseil palestinien avait approuvé en 2015 la fin de la coopération sécuritaire, mais le vote était resté lettre morte. Cette collaboration entre services passe pour avoir permis de déjouer des dizaines d’attentats anti-israéliens. De son côté, l’Etat hébreu assure que l’Autorité palestinienne y trouve son compte avec le maintien de la stabilité.
Les relations entre le gouvernement de M. Abbas, établi en Cisjordanie occupée, et les autorités israéliennes se sont dégradées au cours des derniers mois. Cette semaine, le président de l’AP a condamné les démolitions de logements de Palestiniens par Israël au sud de Jérusalem, parlant de « dangereuse escalade contre le peuple palestinien sans défense ». Ces destructions « peuvent seulement être qualifiées de nettoyage ethnique et de crime contre l’humanité », a-t-il ajouté.
Bras de fer financier
Le bras de fer est aussi financier. En février, Israël avait annoncé le blocage de 500 millions de shekels (127 millions d’euros) sur le montant total reversé à l’Autorité palestinienne au titre de la TVA et des droits de douane prélevés par l’Etat hébreu sur les produits importés par les Palestiniens. Cette sanction avait été imposée en réponse au versement par l’AP d’allocations aux familles de Palestiniens emprisonnés ou tués pour avoir commis des attaques anti-israéliennes.
Mahmoud Abbas avait alors refusé de toucher une quelconque somme due au titre de ces droits de douane de la part d’Israël tant que ces fonds étaient incomplets, laissant l’Autorité palestinienne face à une grave crise financière. Ces taxes représentent 65 % des recettes de l’AP censée préfigurer un Etat palestinien.
Les négociations autour de la solution de deux Etats – israélien et palestinien – coexistant l’un à côté de l’autre sont au point mort. Les Etats-Unis promettent un plan de paix, mais son volet politique tarde à être dévoilé. Les émissaires américains Jared Kushner et Jason Greenblatt doivent retourner au Moyen-Orient à la fin du mois pour des discussions. Les Palestiniens boycottent pour l’instant l’initiative de Washington, accusant l’administration Trump de parti pris en faveur d’Israël.