Photo : Logo de l’Association Américaine d’Anthropologie - Source : site de l’association.
Les membres de l’American Anthropological Association (AAA) ont massivement approuvé une résolution visant à boycotter les institutions universitaires israéliennes. 71% des membres qui ont voté ont soutenu la mesure, tandis que 29% seulement s’y sont opposés.
« Il s’agissait en effet d’un sujet controversé, et nos différences ont pu susciter des débats acharnés, mais nous avons pris une décision collective et il est maintenant de notre devoir d’aller de l’avant, unis dans notre engagement à faire progresser les connaissances savantes, à trouver des solutions aux problèmes humains et sociaux, et à servir de gardien des droits humains", a déclaré la présidente de l’AAA, Ramona Pérez, dans un communiqué. "Les politiques et procédures référendaires de l’AAA ont été suivies de près sans exception, et le résultats seront pleinement validés par les membres de l’AAA ».
Une initiative précédente de boycott d’Israël avait été approuvée avec enthousiasme lors d’une réunion de travail de l’AAA en 2015, mais avait été rejetée à l’issue d’un vote serré l’année suivante. En mars 2023, plus de 200 membres de l’AAA ont soumis une pétition au Conseil d’administration demandant un vote de tous les membres sur la question. Le vote a eu lieu entre le 15 juin et le 14 juillet.
« L’État israélien pratique un régime d’apartheid du Jourdain à la mer Méditerranée, y compris dans les frontières internationalement reconnues de l’État d’Israël, la bande de Gaza et la Cisjordanie. La Convention internationale de 1973 sur l’élimination et la répression du crime d’apartheid et le Statut de Rome de 1998 de la Cour pénale internationale (CPI) définissent l’apartheid comme un crime contre l’humanité », peut-on lire dans la résolution.
« Les institutions universitaires israéliennes sont complices du régime d’oppression de l’État israélien à l’encontre des Palestiniens, notamment en assurant la recherche et le développement de technologies militaires et de surveillance utilisées contre les Palestiniens », peut-on lire dans la résolution. « Les institutions universitaires israéliennes ne protègent pas la liberté académique, les discours sur les campus en faveur des droits humains et politiques des Palestiniens, ni la liberté d’association des étudiants palestiniens sur leurs campus. »
En vertu de cette résolution, les établissements universitaires israéliens ne peuvent pas être publiés dans les documents publiés par l’AAA, faire de la publicité dans les publications de l’AAA, utiliser les installations de conférence de l’AAA pour des entretiens d’embauche, participer aux événements de l’AAA ou réimprimer des articles tirés des publications de l’AAA. La résolution ne s’applique qu’aux institutions, et non aux universitaires et aux étudiants qui y sont rattachés.
« Cette résolution est une importante manifestation de solidarité de la part de milliers d’universitaires à l’égard de leurs collègues palestiniens, dont le travail et la vie sont quotidiennement affectés par les politiques racistes et discriminatoires d’Israël et par son régime militaire brutal », a déclaré Jessica Winegar, professeur d’anthropologie et membre du collectif Anthroboycott, un groupe qui a poussé à l’adoption de cette mesure. « En tant qu’universitaires ayant une longue histoire d’étude du colonialisme, les anthropologues ne connaissent que trop bien les effets dévastateurs de l’oppression et du vol des terres palestiniennes par Israël. Ce vote est une étape importante pour montrer que le soutien aux droits des Palestiniens va de paire avec les valeurs de l’AAA en matière de droits humains pour tous ».
Alisse Waterston, professeur d’anthropologie au John Jay College et ancienne présidente de l’AAA, a expliqué en détails les raisons pour lesquelles elle a soutenu la mesure dans un article publié sur Mondoweiss au début de l’année.
« Je reconnais que certains principes sont parfois contradictoires », écrit-elle. « Si le boycott de l’AAA porte atteinte à la liberté académique, cela doit être mis en balance avec les cadavres et les maisons en ruine qui sont le lot des Palestiniens. Si les membres abandonnent leur adhésion à l’association et que les donateurs se retirent, ceux qui soutiennent le boycott devraient s’engager à recruter un ou deux membres chacun et à apporter un soutien financier à l’association en plus de leurs cotisations. Toute autre menace ou atteinte à l’American Anthropological Association peut faire l’objet d’un engagement à la défendre. Si le boycott s’avère inefficace, cela doit être mis en balance avec la complicité dans le silence de la condition des Palestiniens sous l’apartheid, les laissant isolés, seuls et invisibles ».
Traduit par : AFPS