La première phase de l’enquête a déjà été lancée dans les pays où opère l’UNRWA, tels que la Jordanie, le Liban, la Syrie et les Territoires Occupés Palestiniens. Les responsables de l’UNRWA disent que cette étude sera indispensable pour analyser les moyens d’améliorer des services très tendus.
L’enquête est le fruit d’une réunion de grands donateurs qui a eu lieu à Genève en février dernier. Lors de cette réunion, l’UNRWA (la plus importante opération des Nations Unies au Moyen Orient) a essayé de trouver les moyens de déterminer quels étaient « les véritables besoins des réfugiés » dit Matar Saqer, un porte-parole de l’UNRWA.
L’analyse des résultats de l’enquête sera faite par des chercheurs de l’Université Catholique de Louvain en Belgique (UCL) et par l’Université de Genève.
Saqer a dit à l’IRIN que l’UNRWA avait soutenu, lors de la réunion de Genève en février avec les donateurs, que ses ressources n’avaient pas suivi les besoins grandissants des réfugiés. Il a expliqué que la situation des réfugiés était en train de régresser en comparaison de celle des non-réfugiés au milieu desquels ils vivent.
Les résultats aideront à mettre au point le projet de plan quinquennal de l’UNRWA qui a été présenté aux donateurs et qui demandait un financement de 1.1 milliards de dollars supplémentaire pour aider à améliorer les conditions de vie des réfugiés et augmenter leur capacité à subvenir eux-mêmes à leurs besoins.
L’UNRWA a été créée pour aider les réfugiés palestiniens de la guerre israélo-arabe de 1948. Leur nombre a augmenté après la guerre de 1967 et l’agence essaie maintenant de s’occuper de 4.1 millions de réfugiés en Syrie, au Liban, en Jordanie, en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza.
Un tiers des réfugiés palestiniens enregistrés (environ 1.3 millions) vivent dans 59 camps reconnus de réfugiés dans les zones d’opération de l’agence.
En Jordanie, qui recueille le plus grand nombre de réfugiés enregistrés aux Nations Unies, plus de 100 chercheurs de terrain indépendants aidés par 70 employés de l’UNRWA, ont choisi un échantillon de 2.600 réfugiés à travers tout le royaume où seulement 18% d’entre eux vivent dans des camps.
« Nous avons terminé jeudi avec le questionnaire » dit Oraib Rantawi, directeur du Centre Al-Quds d’Etudes Politiques, le partenaire jordanien local à qui a été attribué les entrées des données.
Rantawi dit que l’enquête qui comporte 70 questions et qui, selon certains experts indépendants, est l’une des enquêtes les plus poussées jamais menées, dépend des entretiens sur le terrain menés hors surveillance officielle.
Rantawi a expliqué que le questionnaire n’inclut pas de contenu de nature politique délicate touchant aux aspirations politiques ou « au droit au retour » des réfugiés et des millions de leurs descendants, thème qui est au cœur de la demande palestinienne.
Dans le cas de la Jordanie, les autorités (comme pour d’autres gouvernements de pays d’accueil arabes) ont depuis longtemps été très sensibles aux répercussions politiques que peut provoquer la présence des réfugiés palestiniens sur leur territoire.
Des officiels ont raconté à l’IRIN que leur consentement pour mener cette enquête poussée n’est venu qu’après que les autorités concernées ont vérifié que les questions n’avaient pas de connotations politiques et se concentraient sur les questions de besoins humanitaires des réfugiés.
« Nous avons discuté du questionnaire avec plusieurs agences gouvernementales afin d’examiner son contenu et de s’assurer que les buts de ce questionnaire se concentraient sur les services fournis par l’UNRWA dans les domaines sociaux et économiques » dit Wajeeh Azayzeh, directeur du département des affaires palestiniennes, un agence gouvernementale jordanienne qui surveille les opérations de l’UNRWA dans le royaume.
Selon les observateurs, les installations relevant de l’éducation et de la santé pour les réfugiés palestiniens sont souvent bondées et sous-équipées et leurs maisons sont délabrées.
*IRIN : Integrated Regional Information Networks :
Les Réseaux d’Information Régionaux Intégrés (IRIN), rattaché au bureau de l’ONU pour la Coordination des affaires humanitaires (OCHA) répond aux besoins d’informations précises sur les événements survenant sur le terrain.