L’ancien président des USA, Jimmy Carter, a appelé l’Union européenne à commencer à étiqueter les produits israéliens venant de Cisjordanie, en rejoignant les défenseurs qui pensent q’une telle mesure ferait pression sur Israël en vue de reprendre les pourparlers de paix avec les Palestiniens.
“Devant le manque de progrès significatifs du processus de paix au Moyen-Orient, nous appelons l’Europe à jouer un rôle plus résolu et plus indépendant en redonnant vie aux initiatives de paix, avec une approche nouvelle” a dit Carter vendredi dans un communiqué. “L’UE a condamné à maintes reprises l’expansion de la colonisation en Cisjordanie. Par conséquent elle pourrait faire adopter un étiquetage clair des produits fabriqués dans les colonies israéliennes qui sont illégales selon le droit international”
Carter, qui a siégé à la Maison Blanche de 1977 à 1981, s’exprimait en sa qualité de membre dirigeant des “Anciens”, un groupe d’anciens hommes d’Etat qui cherchent à promouvoir la paix partout dans le monde. Il a toujours franchement critiqué le Premier ministre Benjamin Netanyahou l’accusant d’essayer d’empêcher une solution à deux Etats et de travailler en vue d’un plus “Grand Israël”.
Mary Robinson, membre des Anciens, une ancienne présidente d’Irlande et autrefois Haute Commissaire de l’ONU pour les Droits de l’Homme, a déclaré que les consommateurs européens avaient le pouvoir de “rallumer l’espoir au Moyen-Orient en faisant adopter un système d’étiquetage.
“En tant que partenaire commercial le plus important d’Israël, l’UE dans son ensemble pourrait envoyer un signal fort en faisant adopter de claires directives d’étiquetage” a-t-elle déclaré. Ce n’est pas une attitude anti-israélienne, mais une démarche concrète, soutenue par beaucoup de nos amis israéliens, pour ranimer l’espoir d’un futur Etat de Palestine et sauvegarder la solution à deux Etats avant qu’il ne soit trop tard”.
L’UE a travaillé depuis plusieurs mois en vue de promulguer des directives qui exigeraient d’étiqueter les marchandises produites au-delà des lignes d’avant 1967, comme ne provenant pas d’Israël. Plusieurs états de l’UE, parmi lesquels le Royaume Uni et les Pays-Bas, ont exprimé leur soutien à de telles mesures ; le gouvernement sud-africain a récemment fait adopter de telles dispositions.
“La question du dit étiquetage est l’une des questions pour laquelle les Européens veulent précisément avoir la certitude, selon nos règlements sur la consommation, que les consommateurs ont les renseignements qu’ils veulent avoir”, a déclaré la semaine dernière aux journalistes à Jérusalem l’envoyé spécial de l’UE sur le processus de paix au Moyen-Orient, l’Ambassadeur Andreas Reinicke.
L’UE ne reconnaît Israël que dans ses frontières d’avant 1967, et un nombre croissant d’Etats sont favorables à l’étiquetage des produits israéliens de Cisjordanie, de Jérusalem-Est et des Hauteurs du Golan. Tandis que l’année dernière un ou deux pays seulement recommandaient aux détaillants d’étiqueter de telles marchandises, actuellement 13 à 14 des Etats membres de l’UE envisagent de semblables mesures, a dit Reinicke.
“La question de la colonisation est pour nous Européens une question très importante, parce que nous sommes de plus en plus convaincus que le nombre croissant des colonies met en danger la solution à deux Etats, parce que cela la rend impossible dans les faits” a-t-il dit.
Israël s’oppose véhémentement à toute initiative pour imposer des demandes d’étiquetage pour les marchandises des colonies, en donnant comme argument que de telles politiques sont discriminatoires en ce qu’elles font une distinction pour Israël, tandis qu’elles ignorent les litiges territoriaux ailleurs.
Pendant une rencontre avec Reinicke la semaine dernière, le ministre adjoint des Affaires étrangères Zeev Elkin a essayé de dissuader l’ambassadeur d’imposer un régime d’étiquetage aux produits des colonies.
“Etiqueter les produits est un phénomène négatif qui en fin de compte nuira à l’économie palestinienne et aux Palestiniens qui travaillent dans les usines” de Cisjordanie, a dit Elkin à Reinicke. “Il est mauvais aussi que ce phénomène soit autorisé à se déployer au lieu de l’arrêter complètement”.
Le bureau d’Elkin a refusé de dire comment l’envoyé européen a réagi au commentaire du ministre adjoint.