Une polémique concernant l’agenda des négociations israélo-palestiniennes visant à aboutir à un accord sur les grandes lignes d’un traité de paix a éclaté lorsque Ehoud Olmert a déclaré, dimanche 17 février, qu’il vaudrait mieux repousser le plus tard possible les négociations sur le statut de Jérusalem. Une position soutenue par les Etats-Unis mais refusée énergiquement par Mahmoud Abbas, dont le conseiller politique a démenti, lundi 18 février, tout report des discussions sur la question de Jérusalem.
"C’est une erreur à ne pas commettre, d’autant plus que nous l’avons déjà faite par le passé. A chaque fois que nous avons accepté de différer les négociations sur l’avenir de Jérusalem, Israël en a profité pour poursuivre la colonisation à l’intérieur de la ville et tout autour, pour construire de nouvelles routes et ouvrir des tunnels. Des interventions qui modifient sans cesse le visage de Jérusalem", souligne Al-Quds. [1]
Dans un entretien au Temps, à Genève, l’ambassadeur israélien en Suisse présente avec le cynisme du colonisateur assuré de l’impunité, les projets coloniaux israéliens qui violent une fois de plus le droit international, mentant de façon éhontée quand il affirme qu’il n’y a plus de colonisation en Cisjordanie et que Jérusalem appartient à Israël [2] :
« L’agenda palestinien n’est pas acceptable pour nous »
Dimanche 15 juin, Condoleezza Rice, de passage au Proche-Orient, hausse le ton quant à la colonisation israélienne. La secrétaire d’Etat américaine déplore notamment l’annonce de la construction de 1300 logements dans un quartier de Jérusalem-Est, partie orientale de la cité annexée par l’Etat hébreu en 1967 et considérée par les Nations unies comme un territoire occupé. Dimanche toujours, une commission israélienne de planification urbaine approuve un plan de construction de 40000 habitations à Jérusalem, Est et Ouest. Provocation ? Le point de vue d’Itzhak Levanon, ambassadeur d’Israël auprès des Nations unies, à Genève.
Le Temps : Israël annonce la construction de 40000 nouveaux logements à Jérusalem. Savez-vous comment ils vont se répartir entre les parties Est et Ouest de la ville ?
Itzhak Levanon : Il s’agit de 40000 logements sur dix ans. Déjà, cela relativise l’ampleur de la décision. Ensuite, avez-vous une idée, en Suisse, de ce qui se fera dans une décennie ? Tout ce que je peux dire, c’est que ces habitations seront à Jérusalem, que Jérusalem est une seule municipalité et qu’elle appartient à Israël. On ne peut donc ni distinguer les zones de la ville ni parler de colonisation. Nous avons bien le droit d’y construire des logements pour le bien-être de toute la population, sans discrimination. Jérusalem compte environ 750000 habitants : 550000 dans la partie occidentale, 200000 à l’est. Les nouvelles constructions seront certainement réparties proportionnellement à cela.
Cette annonce ne sonne-t-elle pas comme une provocation, juste après les déclarations de Condoleezza Rice ?
– C’est une coïncidence. Le Ministère de l’intérieur travaille tout le temps, ses décisions tombent à tel ou tel moment, indépendamment des visites diplomatiques.
De plus en plus de voix dénoncent la poursuite de la colonisation comme un obstacle au processus de paix. Qu’en pensez-vous ?
– Il n’y a plus de colonisation en Cisjordanie. Encore une fois, je ne parle pas de Jérusalem-Est. Les Palestiniens font de ce sujet un problème principal, car ils revendiquent la partie orientale de Jérusalem comme capitale. Nous faisons la distinction entre le niveau logistique - les besoins en logements de notre population - et le niveau politique - cette histoire de capitale. Notre position à ce propos est que tous les endroits où il y a des quartiers juifs resteront en territoire israélien et cela inclut la vieille ville.
Vous dites que vous n’autorisez plus la colonisation en Cisjordanie. Il y a pourtant des constructions en permanence.
– Les constructions illégales doivent être démantelées. Il n’y a plus de nouvelles colonies. Celles qui existent déjà, en revanche, peuvent être agrandies. Les gens font des enfants, il faut bien les loger. Nous avons expliqué cela à Condoleezza Rice. Et puis certains lui ont fait remarquer que lorsque les Américains construisent un nouveau building à Washington, ils ne viennent pas nous demander notre avis !
Mais que faites-vous des négociations en cours avec les Palestiniens, d’autant que le statut de Jérusalem n’a pas encore été tranché ?
– Les Palestiniens se disent que s’ils tapent sur le clou, il va finir par s’enfoncer, alors ils répètent et répètent que Jérusalem-Est sera leur capitale. C’est leur agenda, mais il n’est pas acceptable pour nous. Au fond, ils sont bien conscients que les quartiers juifs resteront entre nos mains.
Imaginez-vous que votre agenda n’est pas non plus acceptable pour eux ?
– Bien sûr, c’est pour cela que nous négocions ! Mais juridiquement parlant - je ne me réfère pas à l’histoire ou à la culture -, Israël n’a rien envahi du tout, puisque la Palestine n’avait aucune existence officielle à cette époque. C’est un sujet épineux, dont nous devons discuter.
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