Depuis dix jours, Boudour Hassan est venue plusieurs fois devant l’une des portes de la Vieille Ville de Jérusalem. Malgré son handicap, cette jeune femme non-voyante est au cœur des rassemblements protestant contre la reconnaissance par les Etats-Unis de la ville comme capitale d’Israël.
« L’identité de Jérusalem n’est pas définie à la Maison Blanche, clame-t-elle. Elle se décide dans les rues de Jérusalem. Et ce sont les habitants de Jérusalem qui décident du destin de leur ville, pas le président à la Maison Blanche. »
Ses slogans s’adressent à Donald Trump, mais aussi aux Israéliens qui occupent la partie est de la ville. Ou encore aux dirigeants palestiniens, qu’elle accuse d’être corrompus et qui ont mené un processus de paix qui, dit-elle, n’a abouti à rien.
Boudour Hassan entonne des slogans repris par la foule. Une foule surtout composée de femmes, les hommes restant souvent en retrait de quelques mètres. « Les femmes profitent de la relative marge de manœuvre qu’elles ont pour agir tout en évitant notamment d’être arrêtées », explique-t-elle.
« Parce que les Israéliens répriment les hommes de manière bien plus brutale, ajoute Boudour Hassan. Non qu’ils ne soient pas brutaux avec les femmes. Bien sûr, ils le sont ! Mais proportionnellement, c’est moins risqué pour nous que pour les hommes. »
La peur de la répression, mais aussi une certaine lassitude chez les Palestiniens, font que cette mobilisation demeure à Jérusalem relativement faible. Bien moins importante en tout cas qu’en juillet dernier, lors des manifestations autour de l’esplanade des Mosquées.
Mais Boudour Hassan n’est pas déçue. « Ce n’est pas, un combat de quelques jours seulement » assure la jeune femme. Et d’ajouter que les petits ruisseaux font les grandes rivières.