La question de la colonisation dans les territoires palestiniens est en train de virer à la crise ouverte entre le gouvernement israélien de droite de Benyamin Nétanyahou et les Etats-Unis. L’intransigeance du président américain, Barack Obama, sur le sujet, qui appelle au gel total de la colonisation, provoque de vives réactions dans l’entourage du Premier ministre israélien. « Je veux dire de façon très claire que le gouvernement israélien actuel n’acceptera en aucune façon que la colonisation légale soit gelée en Judée-Samarie (Cisjordanie) », a déclaré hier le ministre israélien des Transports, Israël Katz, un proche de Nétanyahou.
« Légales ». Suite à sa rencontre avec le président américain, le 18 mai, Nétanyahou s’était engagé à évacuer une vingtaine de colonies sauvages établies par des colons extrémistes. II espérait toutefois bénéficier de l’indulgence manifestée par le prédécesseur d’Obama, George W. Bush, à l’égard des colonies considérées comme « légales » par Israël.
L’Etat hébreu veut notamment poursuivre les constructions, pour - dit-il - faire face à leur « croissance naturelle », dans les gros blocs d’implantations qu’il entend conserver dans le cadre d’un accord de paix avec les Palestiniens. Mais, comme l’envoyé spécial américain pour le Proche-Orient, George Mitchell, et la secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, l’ont signifié, de façon très claire, l’administration Obama exige le gel pur et simple de toute forme de colonisation.
Cette détermination et la perspective du discours du président américain, ce jeudi au Caire, présenté comme le discours de « réconciliation » des Etats-Unis avec le monde arabo-musulman, ont provoqué une vague d’inquiétude en Israël. Voire davantage. « Plus se rapproche le discours du Caire, plus la panique monte parmi les proches du Premier ministre », assure Ben Caspit, dans le quotidien Maariv. Et d’ajouter : « Nétanyahou est le seul responsable de cette situation : l’amateurisme et l’arrogance dont il a fait preuve avec la nouvelle administration américaine, le mépris avec lequel il a accueilli le vent nouveau qui soufflait de Washington. Tout cela lui explose maintenant à la figure. »
Formule. Reste que la marge de manœuvre de Nétanyahou, dont la coalition repose sur des partis religieux et de droite favorables à la colonisation, est étroite. S’il veut se maintenir au pouvoir, le chef du Likoud devra trouver dans les prochaines semaines une formule qui satisfasse les exigences d’Obama sans provoquer une énième crise gouvernementale en Israël.