Pour la première fois, le théâtre national israélien s’est produit mi-novembre dans une implantation de Cisjordanie. C’est Miri Regev, la ministre israélienne de la Culture qui l’avait exigé.
Le théâtre Habima s’est produit pour la première fois de l’autre côté de la ligne verte, à Kyriat Arba, une grande colonie de peuplement qui se trouve en lisière de la ville palestinienne d’Hébron dans le sud de la Cisjordanie.
Au programme la pièce « Une histoire simple » du prix Nobel israélien Shay Agnon. Une représentation qui a fait grincer les dents de quelques acteurs. Mais finalement, seuls les volontaires de la troupe ont participé à cette soirée.
Des protestations
Dans la salle, le public a acclamé les participants, y compris la ministre de la Culture, qui a décidé de cet événement. Or, quelques heures plus tôt, une modeste manifestation a eu lieu. « L’occupation n’est pas une représentation de théâtre », ont proclamé les militants de l’ONG israélienne Shoverim Shtika.
Les membres de cette organisation se sont rendus dans l’après-midi du jeudi 10 novembre à Kyriat Arba avant le spectacle. Ils sont allés sur place en compagnie d’une actrice du théâtre Habima : Yevgenia Dodina. Objectif : protester contre cette première représentation.
Qui est la ministre de la Culture ?
Tout a commencé avec l’entrée en action de la ministre israélienne de la Culture, Miri Regev. Cette dernière a eu un parcours un peu particulier, puisqu’elle a réalisé toute sa carrière dans les rangs de l’armée israélienne, qu’elle a quittée avec le grade de générale.
Elle a également occupé deux postes pendant sa carrière militaire : chef du service d’information des armées, l’équivalent du Sirpa en France. Elle a par ailleurs été à la tête d’une unité qui est chargée de la censure de la presse et aussi en théorie de tout ce qui est publié sous toutes les formes.
Autre caractéristique : Miri Regev, qui n’a pas sa langue dans sa poche, jouit du soutien « amusé » du Premier ministre Netanyahu.
Un changement drastique de règles
Dès son entrée en fonction au ministère de la Culture, Miri Regev a annoncé que les règles allaient changer. Ainsi, plus question de subventionner des théâtres, des films et toute œuvre artistique trop critique à son goût à l’égard d’Israël.
La ministre s’en est notamment prise à des pièces montées par des groupes arabes israéliens. On peut également citer le cas Haiffa, une ville où elle a tenté de faire annuler le concert du rappeur Tamer Nafar.
La ministre Regev a notamment estimé qu’il était scandaleux que des artistes et des comédiens de théâtre ne se produisent pas en Cisjordanie, privant les habitants de cette région de leur droit à la culture.
Des réactions mitigées du côté des intellectuels
Il y a une minorité d’artistes qui approuvent la ministre. Mais régulièrement lors des festivals de films et autres activités culturelles, la ministre de la Culture est largement conspuée par les artistes.
Ces altercations sont très médiatisées. Un critique de cinéma est allé récemment jusqu’à comparer Miri Regev au ministre de la Propagande de l’Allemagne nazie, Joseph Goebbels. Tout un programme…