Washington reconnaît le droit d’Israël à posséder des
armes de dissuasion, a déclaré jeudi le Premier ministre israélien Ariel Sharon dans une allusion indirecte àl’arsenal nucléaire secret de l’Etat hébreu.
Lors d’une réunion politique à Tel Aviv, Ariel Sharon a déclaré que les Etats-Unis reconnaissent qu’"Israël fait face à une menace sur son existence et doit être capable de se défendre par lui-même en préservant sa capacité de dissuasion".
Le chef du gouvernement israélien a noté que l’Iran fait l’objet de pressions américaines sur la question du nucléaire et que la Libye a pris des mesures pour suspendre son programme d’armement nucléaire. Mais "nous avons reçu ici une position américaine claire qui dit en d’autres
mots qu’il ne faut pas toucher à Israël concernant sa capacité de dissuasion".
L’Etat hébreu n’a jamais admis posséder des armes nucléaires, maintenant une politique de l’ambiguité à ce sujet. Toutefois, les révélations de "l’espion nucléaire" Mordechai Vanunu ont laissé penser aux experts qu’Israël possède des dizaines, peut-être des centaines, de bombes nucléaires. L’ancien technicien de la centrale atomique de Dimona, aux
confins du désert du Neguev dans le sud d’Israël, avait fourni en 1986 à l’hebdomadaire londonien "The Sunday Times" des informations et photographies sur le programme nucléaire israélien. Sur la base de ces renseignements,les experts avaient alors classé l’arsenal nucléaire de l’Etat hébreu au sixième rang mondial.
7 juillet :
Le chef de l’AIEA sceptique sur la dénucléarisation en Israël
Le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique
(AIEA), Mohamed ElBaradei, a entamé mardi une visite en Israël pour plaider en faveur d’un Proche-Orient dénucléarisé tout en se disant sceptique sur ses possibilités de convaincre Israël de révéler ses secrets nucléaires.
"Je ne me fais pas d’illusions : les choses ne se produisent pas du jour au lendemain, mais je crois que plus le dialogue sécuritaire commencera tôt, mieux ce sera", a déclaré M. ElBaradei aux journalistes à Tel-Aviv après avoir auparavant Proche-Orient.
L’Etat hébreu est l’un des rares pays à ne pas avoir signé le Traité de non-prolifération (TNP), mais M. ElBaradei a affirmé vouloir tenter de convaincre le cabinet israélien de signer d’autres accords avec son agence.
Il devrait ainsi presser M. Sharon, durant leur rencontre prévue mercredi, de conclure un accord aux termes duquel Israël informerait l’AIEA de ses importations et exportations de matériaux liés au nucléaire.
"Le chemin à parcourir est long (...) Mais il faut faire le premier pas", a ajouté le chef de l’AIEA, en estimant qu’Israël pourrait conclure un accord sur un protocole additionnel avec son agence.
"Evidemment, je ne dispose pas d’une baguette magique, ni du pouvoir d’imposer, mais je peux recommander ou conseiller (...) Le Proche Orient a besoin d’un dialogue sécuritaire. Nous devons définir comment établir la sécurité dans la région, en parallèle avec la poursuite du processus de
paix", a encore dit M. Elbaradei, dont la visite doit durer trois jours.
M. Sharon a pour sa part d’emblée accueilli la mission de M. ElBaradei par une douche froide en affirmant que "la politique d’ambiguïté sur le nucléaire qui est la nôtre a fait ses preuves, et elle se poursuivra".
"Je ne sais pas ce qu’il (ElBaradei) vient voir. Israël est obligé de détenir entre ses propres mains toutes les composantes de la force nécessaires à sa défense", a encore souligné M. Sharon.
Israël, dont l’arsenal est estimé à quelque 200 ogives nucléaires, ne veut pas non plus signer le TNP, qui autorise l’agence de sûreté nucléaire des Nations Unies à inspecter les programmes nucléaires dans le monde.
Dans ce contexte, le voyage de M. ElBaradei doit être interprété comme un geste envers les pays arabes et musulmans qui reprochent régulièrement à l’Agence d’enquêter sur le programme nucléaire iranien sans se soucier de celui prêté à Israël.
M. ElBaradei "s’est beaucoup occupé de l’Iran. Il doit maintenant s’occuper de l’autre côté", a déclaré dans un entretien téléphonique à l’AFP Jon Wolfsthal, de la Fondation Carnegie pour la paix, de Washington. Il a qualifié le voyage d’acte visant à rétablir l’équilibre".
L’expert israélien Gerald Steinberg, du Centre de Jérusalem pour les affaires publiques, a pour sa part estimé qu’"il n’y a pas de base pour un changement" d’attitude en Israël à propos du nucléaire.
"La menace contre Israël ne s’est pas estompée depuis 50 ans, et la haine à l’égard de l’Etat hébreu reste intense dans les mondes arabe et musulman", a-t-il dit.
Selon lui, Israël ne peut accepter un marchandage "faisant le lien entre le programme nucléaire illégal de l’Iran et les pressions lui enjoignant d’abandonner sa force de dissuasion" nucléaire.
En septembre 2003, l’Assemblée générale de l’AIEA a rejeté une motion des pays arabes qui aurait condamné Israël pour son refus de signer le TNP. Les 137 pays membres de l’Agence étaient seulement convenus, par consensus, d’établir une "zone dénucléarisée" au Proche-Orient, mais sans faire
mention d’Israël.