Photo : Des habitations du camp de réfugié.e.s d’Askar, dans le gouvernorat de Naplouse, en Cisjordanie occupée par Israël depuis 1967 - Crédits : UNRWA
Les forces israéliennes ont fait une descente dans le camp de réfugiés d’Askar, dans la ville de Naplouse, en Cisjordanie occupée, et ont démoli la maison d’un Palestinien qui aurait été impliqué dans le meurtre de deux colons israéliens en février dernier.
Selon l’agence de presse palestinienne Wafa, les forces israéliennes ont encerclé le domicile d’Abdelfattah Kharousheh, situé au troisième étage d’un immeuble, pendant la nuit de mardi, et l’ont fait exploser six heures après le raid.
L’armée avait accusé M. Kharousheh d’avoir abattu deux colons, Halel Menachem Yaniv et son frère Yagel Yaakov Yaniv, en février, alors qu’ils traversaient en voiture la ville de Huwara, en Cisjordanie occupée.
Les forces israéliennes ont tué M. Kharousheh, 49 ans, lors du raid qui a eu lieu le mois suivant.
Avant la démolition, les soldats israéliens ont forcé au moins 60 Palestiniens - dont 20 enfants - qui vivaient à côté de la maison de la famille Kharousheh à quitter leurs foyers et les ont brièvement enfermés dans une mosquée du quartier, selon Wafa.
Le dernier raid a déclenché de violents affrontements entre l’armée israélienne et les résidents du camp. Le Croissant Rouge Palestinien a déclaré avoir traité 185 cas de suffocation au gaz lacrymogène. Il a également indiqué que six Palestiniens avaient été blessés, dont un par balles.
Dans un communiqué, l’armée israélienne a déclaré que plusieurs « émeutes violentes ont été déclenchées, avec notamment des jets de pierres et l’incendie de pneus ».
« De plus, des engins explosifs ont été lancés, et des tirs réels ont été tirés sur les soldats, qui ont répondu avec des moyens de dispersion des émeutes ».
Quelques semaines auparavant, les forces israéliennes avaient pris les mesures de la maison du fils de M. Kharousheh, emprisonné sous l’accusation d’avoir aidé son père dans l’opération, en vue de sa démolition.
S’adressant aux médias locaux, la femme de M. Kharousheh a déclaré que la démolition de la maison familiale « ne brisera pas notre détermination ».
« Nous sommes inébranlables ici malgré tous les actes de l’occupation [israélienne] », a-t-elle déclaré.
Le camp de réfugiés d’Askar est l’un des camps les plus surpeuplés de Cisjordanie, avec au moins 30 000 Palestiniens vivant sur 0,12 km².
Israël démolit régulièrement les maisons des Palestiniens accusés d’avoir perpétré des attentats meurtriers contre des Israéliens, arguant que ces mesures ont un effet dissuasif.
Les défenseurs des droits humains estiment que cette politique s’apparente à une punition collective, dans la mesure où elle peut priver de toit des personnes qui n’ont pas combattu, notamment des enfants.
Dans un communiqué publié mardi, le Hamas a déclaré que la tactique israélienne de démolition des maisons était « une politique d’impuissance qui a prouvé son incapacité à étouffer la résistance et à atteindre le moral des résistants ainsi que de leurs familles en difficulté ».
Depuis le début de l’année dernière, des violences meurtrières secouent le nord de la Cisjordanie, parallèlement à la montée en puissance des groupes armés palestiniens et à la multiplication des opérations militaires israéliennes et des raids quasi nocturnes sur les villes et villages palestiniens.
Plus de 200 Palestiniens ont été tués cette année, et les Nations unies ont indiqué que 2023 serait l’année la plus meurtrière pour les Palestiniens depuis qu’elles ont commencé à enregistrer les décès.
Traduit par : AFPS