Tzipi Livni a choisi un retour aux urnes, plutôt que de former un gouvernement minoritaire au prix fort. Une décision prise au lendemain du refus du Shass de participer à la nouvelle coalition. Le parti religieux ultra-ortodoxe et ses douze députés ont claqué la porte faute d’avoir obtenu l’énorme enveloppe budgétaire pour les allocations familiales qu’ils réclamaient et faute aussi d’avoir obtenu des garanties que le sort de Jérusalem ne soit pas négocié lors des pourparlers de paix avec les Palestiniens.
Hier, les six députés d’un autre parti ultra-orthodoxe, La liste unifiée de la Torah, qui auraient pu permettre de former une équipe minoritaire, ont également exclu de participer à une coalition sous la direction de Tzipi Livni.
La dirigeante de Kadima, soucieuse de ne pas donner l’impression d’être prête à tout pour former une coalition a finalement choisi de jeter l’éponge, bien avant la fin du délai que la loi lui accordait pour former un nouveau gouvernement.
Quatorze jours pour former un gouvernement
Une attitude qui détonne, dans un pays où les responsables politiques ont l’habitude des négociations serrées jusqu’à la dernière minute et des accords politiques à l’arraché. La dame de fer a cédé pour garder sa probité et a prévu, d’après ses proches, de proposer au président Shimon Peres de convoquer des élections vers la mi-février.
Shimon Peres, qui sera donc officiellement informé en fin d’après-midi de la décision de Tzipi Livni, dispose de plusieurs jours pour consulter avant d’informer la Knesset du renoncement de Tzipi Livni. Le Président peut encore confier à un autre dirigeant politique le soin de tenter de former une équipe gouvernementale dans les quatorze jours. Une hypothèse peu probable, étant donné le rapport des forces au parlement.
voir aussi sur le NouvelObs [1] :
Chronologie de la crise politique en Israël
Voici les grandes dates de 34 mois de crise politique :
2006 :
– 4 janvier : Le vice-Premier ministre Ehud Olmert assure l’intérim du pouvoir, après l’hospitalisation du Premier ministre Ariel Sharon, depuis dans le coma. Le 16, il est nommé à la tête de Kadima, le parti fondé en novembre 2005 par M. Sharon.
– 28 mars : Kadima remporte les législatives.
– 4 mai : L’investiture du gouvernement de coalition d’Olmert a lieu.
2007 :
– 16 janvier : Une enquête est ouverte sur Ehud Olmert impliqué dans un scandale financier, alors qu’il est soupçonné dans plusieurs autres affaires de corruption.
– Début mai : Un rapport sur les ratés de la guerre de 2006 au Liban est publié.
– 13 juin : Shimon Peres est élu président d’Israël. Il succède à Moshé Katzav, accusé de harcèlement sexuel.
2008 :
– 30 : Le rapport définitif sur la guerre du Liban conclut à "un grand et grave ratage" pour Israël, tout en ménageant Ehud Olmert.
– 8 mai : Le Premier ministre est soupçonné de corruption. Des appels à la démission se font entendre dans son propre camp.
– 25 juin : Ehud Olmert sauve in extremis son gouvernement, et accepte des primaires au sein de Kadima.
– 30 juillet : Ehud Olmert annonce qu’il ne se présentera pas aux primaires de Kadima et qu’il quittera ses fonctions après celles-ci.
– 17 septembre : La ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni est élue à la tête de Kadima.
– 21 septembre : Ehud Olmert démissionne.
– 22 septembre : Tzipi Livni est chargée par le président Shimon Peres de former un nouveau gouvernement dans un délai de 42 jours, soit d’ici au 3 novembre.
– 20 octobre : Shimon Peres octroie un délai supplémentaire de deux semaines à Tzipi Livni pour former un gouvernement de coalition.
– 23 octobre : Tzipi Livni fixe un ultimatum à ses alliés potentiels, dont le parti ultra-orthodoxe Shass (12 députés sur 120), et se donne trois jours pour former un gouvernement de coalition.
– 24 octobre : Shass refuse les conditions de Tzipi Livni, considérant ne pas avoir obtenu satisfaction sur ses deux principales revendications : la garantie que Jérusalem-est, annexée par Israël, ne sera pas négociée avec les Palestiniens et l’augmentation des allocations familiales.
– 26 octobre : "Je ne suis pas prête à céder à des chantages politiques et budgétaires. C’est pourquoi nous nous dirigeons vers des élections. Je n’en ai pas peur", déclare Tzipi Livni qui devait informer le président Peres dans la journée du fait qu’elle ne pouvait pas former de gouvernement.