La minorité arabe d’Israël a une espérance de vie inférieure à celle des citoyens juifs ; chez les nourrissons arabes, le taux de mortalité est plus élevé, et en termes relatifs, les personnes âgées qui ont perdu leurs dents sont extrêmement nombreuses au sein de la communauté arabe.
Selon un rapport publié dernièrement, ces constats comptent parmi divers signes de discrimination, observés au sein du système de santé israélien.
Chez les communautés arabes musulmanes, le taux de mortalité des nourrissons s’élève à 7,3 pour 1 000 naissances, et il est même de 15,5 chez les bédouins, contre 3,1 au sein de la population juive.
Israël, avec ses origines socialistes et sa loi progressiste de 1994 sur la santé pour tous, a un système médical réputé et ses citoyens bénéficient généralement de services de qualité.
Toutefois, les Médecins israéliens pour les droits de l’Homme (PHR) ont déclaré dans un rapport intitulé ’Le Droit à la santé chez les Arabes palestiniens d’Israël’, et publié en avril, en hébreu uniquement, que les disparités entre les deux populations restaient importantes.
Les villes et les bourgades juives comptent notamment près de deux fois plus de médecins par habitant. En outre, seules deux villes arabes sont dotées d’une station du Maguen David Adom (MDA, service d’ambulance national, équivalent des Sociétés de la Croix-Rouge/du Croissant-Rouge), contre quelque 90 pour cent des villes juives, selon les conclusions de l’association de médecins.
« Cela signifie que les ambulances doivent se rendre dans les villages arabes à partir des villes juives, et quand il s’agit d’une question de vie ou de mort, le délai peut être déterminant », a indiqué à IRIN Youval Livnat, de PHR, notant que l’association n’avait pas pu obtenir d’informations de la part du MDA concernant sa politique.
Dans certains domaines tels que la santé mentale, les Arabes sont également à la traîne, à en croire PHR. La communauté arabe d’Israël, qui représente à peu près 20 pour cent de la population, compte aujourd’hui environ 1,4 million de personnes.
Des infrastructures insuffisantes
Selon PHR, au-delà de l’accès à la santé, d’autres problèmes se posent, qui ont des répercussions directes sur la santé des populations, notamment le manque d’infrastructures.
Environ 70 pour cent des localités arabes ne sont pas équipées de systèmes convenables d’évacuation des eaux usées et bon nombre d’entre elles n’ont pas de système efficace de traitement des déchets solides.
En outre, il existe d’importantes disparités économiques entre Juifs et Arabes, ces derniers étant bien plus pauvres.
Selon de nouvelles statistiques, publiées ce mois-ci, en hébreu uniquement, par le Centre Adva, une cellule de réflexion israélienne sur la justice sociale, si le taux de chômage national a diminué ces dernières années, il a augmenté au sein de la communauté arabe.
De même, les revenus mensuels moyens de ce groupe de population, déjà inférieurs à la moyenne nationale, continuent de baisser, et le taux de pauvreté poursuit son ascension.
En 2008, à l’heure où Israël célèbre son 60e anniversaire, la plupart des Arabes d’Israël sont considérés comme pauvres, contre 15 pour cent seulement de la population juive.
Selon PHR, la situation économique est un des facteurs qui contribuent le plus à creuser l’écart sanitaire, une hypothèse que n’a pas réfutée le ministère israélien de la Santé : celui-ci a en effet déclaré à IRIN que la mortalité des nourrissons et l’espérance de vie n’étaient « essentiellement pas liées aux services de santé [mais plutôt à la] situation socioéconomique et aux habitudes comportementales et culturelles ».
Le ministère dirige un certain nombre de programmes destinés à combler l’écart, dont l’un d’entre eux est axé sur la mortalité des nourrissons, selon son porte-parole, Einav Shimron-Greenbaum.