Le samedi soir 19 décembre, la commission de l’ONU sur les massacres et autres violences perpétrés fin septembre à Conakry, capitale de la Guinée, remettait son rapport au Conseil de sécurité .Le rapport dresse un bilan d’au moins « 156 morts ou disparus » et d’ « au moins 109 femmes victimes de viols et violences sexuelles » et mentionne « des centaines d’autres cas de tortures, de traitements cruels et dégradants ». Les rapporteurs réclament la saisine de la Cour pénale internationale
Selon Le Monde du 21 décembre « la commission a été mandatée sur ordre du secrétaire général de l’O.NU, Ban Ki-Moon, directement saisi par le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, qui a mobilisé l’Union européenne, les Etats-Unis et nombre de pays d’Afrique sur cette affaire ».
Telle ne fut pas la démarche de Bernard Kouchner, bien au contraire, après les massacres et les destructions perpétrées durant les trois semaines de bombardements de l’armée israélienne sur Gaza l’hiver dernier ! Près de 1400 morts palestiniens (dont 326 mineurs et 116 femmes), plus de 5 000 blessés, utilisation d’obus au phosphore blanc, destructions massives (600 000 tonnes de décombres) d’habitations, d’écoles, d’hôpitaux, de terres agricoles, d’entreprises, de canalisations, tout cela contre une population déjà fragilisée par près de trois ans d’un blocus illégal et impitoyable.
Les Israéliens, pour leur part, ont perdu 13 des leurs, dont 4 civils.
Dès le 23 décembre l’ambassadeur adjoint de la France à l’ONU demandait au Conseil de sécurité d’agir rapidement pour traduire en justice les responsables du massacre, fin septembre, d’opposants par les forces de sécurité guinéennes, qualifié de « crime contre l’humanité » par un rapport de l’ONU. « La CPI doit être saisie. L’impunité ne peut pas être une option », précisait ce dernier.
Telle n’a pas été la démarche de la représentation française à l’O.N.U après la publication du rapport Goldstone sur Gaza :
Lors de l’adoption par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, le 16 octobre, du rapport de la Commission d’enquête de l’ONU sur Gaza présidée par le juge Goldstone, la France n’a pas pris part au vote.
Puis elle s’est abstenue lors du vote, le 5 novembre, de la résolution de l’assemblée générale de l’ONU qui a approuvé, à une très large majorité aussi, les conclusions de ce rapport de 585 pages faisant état notamment de « crimes de guerre et de possibles crimes contre l’humanité » perpétrés l’hiver dernier à Gaza. La France n’a donc pas soutenu cette résolution de l’ONU qui exhorte le secrétaire Général des Nations unies à transmettre ce rapport au Conseil de sécurité, habileté à saisir la Cour pénale internationale( CPI).
Pourquoi ce qui est valable à l’encontre du gouvernement guinéen ne l’est-il plus quand il s’agit de celui de l’Etat d’Israël. Plus grave, les représentants de la France non seulement ne se sont pas abstenus ou n’ont pas pris part au vote, mais ont tout fait pour contrer ces votes positifs ?
Et ils s’opposent clairement à la saisine de la CPI. !.
Et, le 12 octobre, Christophe Bigot, ambassadeur de France en poste à Tel-Aviv, met en cause le rapport Goldstone : « Nous savons tous comment l’armée israélienne opère à Gaza. Nous savons bien que ce n’est pas le cas » (cité page 3 par Le Canard enchaîné du 21octobre) !
Et les autorité françaises développent la coopération économique, militaire… avec les autorités israéliennes qui accentuent la colonisation en Cisjordanie (dont à Jérusalem-Est) et la répression contre la résistance populaire et pacifique au Mur israélien d’annexion.
« La France s’inscrit résolument dans la lutte contre l’impunité », déclare Bernard Kouchner, avec Michèle Alliot-Marie, le 6 janvier dans Le Monde, dans une tribune pour la création d’un pôle « génocides et crimes contre l’humanité » au Tribunal de Grande Instance de Paris.
Création qui « s’inscrira en complémentarité de l’intervention de la Cour pénale internationale de La Haye ».
Encore faut-il que la grille de lecture soit la même pour tous les pays et qu’il n’y ait pas un droit permanent à l’impunité pour la politique israélienne !