Voilà plus de deux semaines [1] qu’Israël a imposé la fermeture complète de la bande de Gaza. Pendant des mois, le passage n’avait été autorisé que pour assurer l’aide humanitaire la plus essentielle, et la situation est encore pire depuis que les camions de vivres des Nations unies n’arrivent plus, alors que 80 % de la population en dépendent entièrement.
Cela se traduit aussi par l’absence d’approvisionnement en médicaments et en matériel pour les hôpitaux, et par la disparition du carburant (payé par l’UE) pour la centrale électrique. Le 23 novembre, 33 camions de vivres de l’ONU ont fini par passer, soit quelques jours de ravitaillement pour un tout petit nombre de personnes.
Le blocus israélien, en vigueur depuis que le Hamas a pris le contrôle de Gaza, au milieu de l’année 2007, peut être décrit comme une intensification des politiques visant à isoler la population et à paralyser l’économie locale et, par ces mesures dures et illicites de punition collective, à dresser la population contre le Hamas. Mais ces actions n’ont rien de nouveau.
Le blocus n’est que le dernier acte de la politique de fermeture qu’Israël a mise en place en 1991. En pratique, cela signifie qu’on prive de toute une série de produits et de services (alimentaires, industriels, éducatifs, médicaux) une population incapable d’être autosuffisante après des décennies d’occupation. En d’autres termes, le fioul, le gaz et le gazole, rares en temps normal, sont pratiquement introuvables. Faute de carburant, les égouts et les stations de traitement des eaux ne peuvent fonctionner correctement, ce qui provoque une pénurie d’eau potable. Les coupures d’électricité atteignent aujourd’hui seize heures par jour dans certaines zones et touchent tous les foyers et les hôpitaux.
Il ne fait aucun doute que les mesures de punition collective prises contre la population civile de Gaza sont illégales au regard du droit humanitaire international. On ne peut distribuer ou retenir le carburant et les vivres à titre de récompense ou de châtiment. Il y a cependant longtemps qu’on a jeté aux orties le droit international. Le blocus a été présenté comme une punition pour l’élection démocratique du Hamas, une punition pour la prise du pouvoir de celui-ci et une punition pour les attaques des extrémistes contre des civils israéliens. Outre ses complexités et ses tragédies, le blocus israélien a pour effet principal de faire passer toute la population de Gaza en mode survie. Songez au personnel de l’hôpital de Gaza. Le blocus a des conséquences qui vont de l’anodin – les médecins n’ont plus de papier pour rédiger leurs ordonnances – au tragique –entre une coupure de courant et la mise en route du groupe électrogène, les enfants sous assistance respiratoire ne reçoivent pas d’oxygène.
En réduisant la population à la survie, le blocus prive les gens du temps de faire autre chose que de négocier les détails de ce qui est et n’est pas possible dans leur vie personnelle et professionnelle. Est-ce qu’il y aura de la farine pour faire du pain, où et à quel prix ? Riches et pauvres passent des heures à se demander où ils vont pouvoir trouver une bonbonne de gaz.