Mona Abou-Ramadan, veuve et mère de 4 enfants. Elle est directrice d’une association pour enfants sourds-muets.
« Nous vivons dans la terreur. Nous n’arrivons pas à sortir, ni à manger, ni à boire. Nous sommes dans le Camp d’Al-Chatie (la plage), là où les F-16 viennent de lancer un nouveau raid. C’est tragique. Pour aller chercher du pain, il faut faire 4 ou 5 heures de queue avec le risque de voir un missile nous tomber sur la tête. Grâce à Dieu, on est un peu loin des frontières. Là-bas tous nos proches ont été obligés de quitter leur maison. Un exode dans notre propre pays ».
Moeyne, fonctionnaire de 47 ans. Il habite le centre de Gaza avec sa femme et ses deux enfants.
« Des avions nous bombardent, des frégates nous lancent leur feu. Vous entendez leur bruit ? Gaza, de Beit Lahya jusqu’à Rafah, est attaquée et aucun dirigeant arabe n’est avec nous. J’ai perdu un fils il y a deux jours sous les raids. Il n’avait que 24 ans et sa femme venait de donner naissance à un garçon. C’est mon deuxième fils martyr. L’année dernière, son frère a été tué par un missile israélien. Le cœur ne peut davantage pleurer. J’ai demandé à partir en Egypte pour me faire opérer au cœur, mais on me dit que c’est impossible, car mes enfants étaient militants. Je ne veux pas parler de politique, que Dieu nous aide ».
« Allô. On est à Al-Remal. Les bombardements se poursuivent. Priez pour nous » et il raccroche.
Hanaa, étudiante en psychologie. Toujours à Remal.
« Les bombardements sont souvent assez loin de notre rue, nous entendons juste leur bruit ou les voyons à travers la fenêtre. Des fois on met en marche le générateur d’électricité pour voir le bulletin à la télé. Que pouvons-nous faire ? Patience ».
Elle passe le téléphone à sa maman, Rehab.
« Les cibles israéliennes sont à deux rues de chez nous. Ce matin, les avions israéliens ont bombardé Al-Saha, la place du marché. On a retiré cinq morts ».
Abou-Mohamad, employé au corps judiciaire, 30 ans. A Tall Al-Hawa.
« Nous attendons le salut de Dieu. Les avions nous survolent. Nous ne pouvons pas sortir, celui qui ose le faire est immédiatement abattu. Notre voisin est parti chercher de l’eau, il a trouvé la mort. Pas d’eau, ni d’électricité, ni de médicaments. Il a bombardé le réseau des portables. Heureusement, le téléphone fixe est en marche encore ».
Alaa, une jeune fille de 19 ans. Etudiante à l’Université islamique bombardée par les Israéliens.
« Autant que je me rappelle, j’ai toujours vécu sous les raids. Une semaine ou deux, puis ils s’arrêtent et recommencent. Nous avons pris l’habitude. Nous prions et multiplions les vœux pour la résistance ».
La voix d’un enfant, il appelle sa mère, Oum Yasser. Ils vivent dans une maison avec une quinzaine de membres de leur famille. Mari, enfants, belle-mère.
« On est dans le centre, à Hay Al-Toffah mais depuis 10 jours, personne n’a mis le pied dehors. Notre quotidien est infernal. Tout manque, ni pain ni gaz ... des choses inimaginables manquent. Mais nous sommes mieux que d’autres ».
Sahar, étudiante au bac.
« Qu’est-ce que vous entendez de nous ? Ce que vous voyez à la télé, ces bombardements, ces morts ... c’est notre quotidien ».
D’autres numéros sonnent dans le vide. Personne ne décroche. L’opérateur croit que ce sont des maisons situées plus vers le nord. Là où les Israéliens ont commencé leur offensive terrestre. Les Palestiniens ont peut-être évacué leurs maisons.
« Ils s’approchent de nous. Ils brouillent les émissions radio ». Vous êtes où ? On raccroche.
Une femme nous répond, elle refuse de divulguer son nom ni l’endroit où elle se trouve.
« Ce n’est pas ma maison, je suis chez des proches. On s’est rassemblé pour se soutenir. La terreur est partout ... Partout il y a des raids. Priez pour nous, que Dieu nous sauve. Nous sommes patients ».
Mervat Auf, journaliste de 28 ans. Elle habite une maison non loin des côtes avec sa mère, ses sœurs et frères, ses neveux et nièces.
« Cela fait 5 jours qu’on est privés d’électricité. Nous écoutons les nouvelles à la radio. C’est un poste transistor avec pile. On a appris qu’un soldat israélien a été capturé. Un acte qui nous a un peu remonté le moral ».
Recueillis par Samar Al-Gamal