Des centaines de manifestants se sont rassemblés, hier, à l’appel du
Mouvement des Indigènes de la République devant le siège de France
Télévisions à Paris. « Israël assassin, médias complices ». Le mot d’ordre
était répété par les manifestants qui protestaient contre la couverture
biaisée et partiale du carnage de Ghaza par la soldatesque israélienne.
Beaucoup disaient leur colère devant le refus des médias de nommer les
choses par leur nom et de montrer la réalité du carnage subi par les
habitants de Ghaza. « On a beaucoup vu les angoisses des gens de Sderot, on n’a pas vu les hurlements de douleur des bébés « traités » au
phosphore », notait un manifestant. Beaucoup, pour être informés
correctement, se sont branchés sur la chaîne Al Jazira en anglais dont
l’audience a été multipliée durant le martyre de Ghaza.
A l’évidence, la gestion de l’information, quand il s’agit d’Israël,
n’obéit pas aux standards jugés universels. Le problème est que cela est devenu trop visible. L’émergence de nouveaux médias comme Al Jazira et surtout l’internet dévoile cette gestion très orientée de l’information.
Cela n’a pas empêché pourtant les opinions publiques en Occident, malgré le travail assidu des « faiseurs d’opinions », de constater les grandes oeuvres sanglantes de la « seule démocratie » au Moyen-Orient. Un journaliste, de retour des Etats-Unis, raconte qu’il a surpris ses
interlocuteurs en leur expliquant que Ghaza n’était pas un Etat, mais
une sorte de réserve indienne encerclée de tous les côtés par l’armée
des Etats-Unis. La mise en exergue des « roquettes du Hamas » sert à
donner du crédit à ce mensonge factuel et à occulter le fait que l’on
s’attaque à des populations civiles désarmées sous blocus.
Des avocats dans plusieurs pays occidentaux s’attellent d’ailleurs à
constituer les éléments factuels pour engager des poursuites contre les
militaires israéliens pour crime de guerre. A l’évidence, ce n’est pas
sur les chaînes de télévision occidentales qu’ils se sont informés. Pour
nous journalistes des médias du « tiers-monde » qui recevons régulièrement des étiquettes faciles d’absence de professionnalisme, voire d’être des journalistes du pouvoir, la gestion des médias occidentaux du carnage de Ghaza relève très clairement d’un parti pris.
A la limite, il aurait été compréhensible s’il était clairement assumé. Ce n’est pas le cas, la propagande avance masquée. On peut trouver des journalistes qui trouvent normal et compréhensible qu’une occupation provoque une résistance, y compris armée, sauf pour les Palestiniens. Israël doit rester intouchable et comme beaucoup l’ont noté, les journalistes israéliens sont plus libres de parler d’Israël que leurs homologues occidentaux.
Le comble a été atteint par la BBC qui a refusé de passer un appel lancé
par des organisations caritatives pour aider Ghaza. Venir en aide à un
enfant mutilé de Ghaza, c’est faire de la politique et manquer au devoir
de « neutralité ». C’est tellement absurde que cela a provoqué une levée
de boucliers et une manifestation devant la BBC. Le caractère militant
du traitement de l’information par les grands médias occidentaux
commence à susciter des oppositions de plus en plus vives dans une
opinion de moins en moins encline, toutes les enquêtes le démontrent, à
accorder sa confiance aux grands médias. La réunion d’hier a rassemblé
bien plus de monde que ce qu’espéraient ses initiateurs.