Tous les murs finissent un jour par s’effondrer. Le mur de Jéricho,
celui du ghetto de Varsovie, le mur de Berlin, le mur de l’Atlantique.
Ou encore le mur de l’indifférence. Le mur de Rafah, par son poids
symbolique, fait partie de cette poussée aveugle des hommes vers la liberté.
Mais qu’ont-ils fait les Gazawi de cette liberté retrouvée ? Ont-ils
fui vers l’Egypte ? Sont-ils allés s’armer de kalachnikovs ?
Non hélas, car les armes, avec ou sans mur, arrivent toujours à
destination. Les Gazawi sont allés se ravitailler en produits de première
urgence ! Ils ont été faire leurs courses, chercher des médicaments et du lait pour bébé, introuvable à Gaza. Des vélomoteurs, des chèvres et des vaches soulevés par des grues ont pénétrés par les airs à Rafah devant les acclamations de la foule. Surréaliste.
Et puis, chacun est rentré chez soi. Tout est dans ces images :
l’impossible d’hier, soudain à portée de main, et la vie prosaïque qui reprend ses droits.
Notre responsabilité aujourd’hui est historique. Il ne s’agit plus
de savoir qui va ouvrir les portes d’une prison à ciel ouvert mais qui osera les refermer ! Qui osera renvoyer les Gazawi à leur lente asphyxie.
Depuis le début d’Annapolis, l’Union européenne perdait pied. Elle, à la base de la Road Map, avait passé la main du processus de paix aux Etats-Unis. Obtenir la co-présidence de la Conférence des Paris a été un vrai tour de force.
Mais pour les accès à Gaza, depuis 2005, les Européens ont un mandat. Allons-nous avec les Egyptiens, avec l’Autorité palestinienne, avec le Hamas et avec Israël parvenir à renouer le dialogue et gérer les accès des Palestiniens au monde extérieur ou, au contraire, allons-nous assister en observateurs à l’inévitable répression qui ne manquera
pas de surgir ?
C’est toute la question. Au delà de la mission de l’EU Ban, cette
question engage le sort de l’unité palestinienne, du processus de paix, le
respect du droit international et l’honneur de l’Union européenne. Le message que je vous adresse est clair, Monsieur Solana : foncez !
Véronique De Keyser PSE. Plénière du 30 janvier 2OO7-GAZA
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