L’accalmie entre Israël et le Hamas a pris fin le 19 décembre 2008. Six mois ont passé depuis qu’un cessez-le-feu précaire a été établi grâce aux bons offices égyptiens. Le Hamas a fait de son mieux pour maîtriser les factions qui opèrent à Gaza telles le Djihad islamique, les brigades Al Aqsa du Fatah et les autres. Il a déployé tous ses efforts pour démontrer que seul le Hamas a son mot à dire à Gaza. Mais, les plus petites factions ne se sont pas pliées aux règles et ont continué à défier l’Autorité Hamas et ont lancé des missiles contre des cibles israéliennes à Sderot quand elles le pouvaient.
De l’autre côté, les incursions israéliennes et le siège de la Bande de Gaza se sont poursuivis durant toute la période. La situation économique et les conditions de vie se sont dégradées au quotidien. Les fournitures tant alimentaires que de pétrole ont fluctué suivant la politique de punition collective israélienne et la population de Gaza a continué de souffrir au quotidien.
De fait, Israël ne s’est pas plié au cessez-le-feu et à continué de traquer et d’assassiner de jeunes militants palestiniens de Cisjordanie. De plus, les forces militaires israéliennes ont continué, au quotidien, de rechercher et de détenir des militants palestiniens de toutes obédiences, y compris le Hamas, le Fatah, le Djihad. Lorsqu’un jeune militant palestinien de 23 ans appartenant au Djihad islamique a été assassiné par l’armée israélienne au nord de Jénine, dans le village de Alyamoun, le Djihad islamique a répondu en lançant des missiles de fabrication artisanale sur Sderot et le cycle de la violence et de la contre-violence a continué.
En réalité, la situation des deux côtés ne cesse de se tendre.
Les Israéliens parlent d’une invasion à grande échelle sur Gaza. Ils ont intensifié leurs raids aériens et leurs bombardements d’artillerie sur Gaza en frappant aussi bien les civils que les combattants. L’armée israélienne masse ses troupes autour de la Bande de Gaza et entreprend des incursions limitées. Le chef d’Etat-major israélien a déclaré être prêt à bouger dès qu’il en recevra l’ordre. L’armée israélienne planche sur une invasion à grande échelle de Gaza pour une période de trois mois afin d’éradiquer la direction du Hamas et des autres groupes militants. Israël a déjà tenté de telles incursions dans le passé mais n’a pas obtenu de résultats tangibles sur le terrain. Le monde entier est désormais persuadé que la confrontation militaire avec les Palestiniens en général, ou contre la Bande de Gaza en particulier ne peut déboucher sur une solution politique. Ce n’est que par le dialogue et les négociations avec les Palestiniens qu’une compréhension réciproque peut être établie et une paix durable se matérialiser.
En fait, les généraux et les militaires font confiance à leurs poigne de fer, aux tanks, aux canons, et aux avions de combat. Ils ont été entraînés à faire la guerre et à tuer des innocents, pas à faire la paix. Ils possèdent une énorme machine de guerre et sont impatients de l’utiliser, surtout contre un ennemi en état d’infériorité comme les Palestiniens. La différence de puissance militaire entre Israéliens et Palestiniens est comparable à celle d’un éléphant face à une fourmi. C’est pourquoi les généraux israéliens rassemblent leurs troupes et menacent de lancer une opération militaire de grande envergure sur la Bande de Gaza, tandis que l’occupation militaire de la Cisjordanie se poursuit.
Il est important de rappeler que des élections législatives sont programmées en février 2009 en Israël. Dans le cadre de la campagne des élections israéliennes tous les politiques israéliens se préoccupent de leur cote de popularité afin de gagner des électeurs. Chacun/e veut devenir le héros d’Israël, ou le roi d’Israël comme ils disent. C’est pourquoi la grande majorité lancent des menaces dans toutes les directions, menaces contre le Hamas, le Hezbollah, l’Iran ou la Syrie. Malheureusement, les politiques israéliens sont pris dans un engrenage de surenchère dont le but est de montrer qui a le plus de poigne envers les pauvres Palestiniens ! Qui confisque le plus de terres ou de propriétés, qui est le plus intraitable à l’égard des rapporteurs des Nations Unies pour les refouler hors du pays afin qu’ils ne puissent pas témoigner des violations des droits humains dans les Territoires occupés, comme cela est arrivé au célèbre professeur Richard Falk expulsé dès son arrivée à l’aéroport de Tel Aviv.
En fait, le plus tragique dans ce cercle vicieux est que les principales démocraties occidentales soutiennent les agressions israéliennes ainsi que l’expansion d’Israël en Cisjordanie et à Gaza. Elles ferment les yeux sur les violations des droits de l’Homme faites aux Palestiniens, tandis qu’elles les ouvrent grands au Soudan et ailleurs. Mais ce qui est le plus irritant c’est que l’Union européenne récompense Israël pour ses agressions contre les Palestiniens en lui accordant le statut de partenaire commercial privilégié.
Des nouvelles de la commission "Vol des ressources naturelles".
L’ONG israélienne « Yes Din” (oui à la Loi) a révélé le 17 décembre 2008 que les autorités israéliennes d’occupation exploitent les ressources naturelles palestiniennes depuis 1967. Un quart des matériaux bruts utilisés en Israël dans la construction proviennent des carrières de la Cisjordanie et une partie de ces matériaux est revendue au marché palestinien de Cisjordanie et de Gaza.
Le rapport de cette ONG israélienne mentionne que 8 sociétés israéliennes exploitent les carrières et produisent chaque année environ 10 millions de tonnes pour la construction ce qui représente 1/4 de la consommation israélienne. Un rapport du Ministère de l’Intérieur israélien établit que les carrières sont placées sous la supervision des autorités israéliennes locales et que leur production atteint 12 millions de tonnes. Il est intéressant de rappeler que 9 millions de tonnes sont vendues au marché israélien et le reste au marché palestinien. L’ONG israélienne a adressé une lettre au Directeur de l’administration civile israélienne en lui demandant d’arrêt de l’exploitation parce qu’illégale et contraire à la Loi internationale.
L’ONG israélienne a menacé d’intenter un procès contre l’administration civile israélienne si celle-ci n’arrêtait pas l’exploitation.
De même, Israël exploite les ressources palestiniennes en eau et a confisqué les eaux des nappes phréatiques de Cisjordanie sur lesquelles ont été construites des colonies israéliennes destinées à être annexées à Israël. De même, Israël vend une quantité d’eau limitée aux Palestiniens tandis que la plus grande partie de l’eau palestinienne part en Israël et vers les colonies israéliennes de Cisjordanie.
Le professeur Richard Falk
Le professeur, juif américain, rapporteur spécial sur les Droits humains en Palestine qui a été refoulé à son arrivée à l’aéroport de Tel Aviv le 14 décembre 2008 est critique à l’égard de la politique israélienne envers les Palestiniens.
Dans un article publié en juin 2007 intitulé « A petits pas vers un holocauste palestinien » R Falk comparait certaines mesures israéliennes à l’égard des Palestiniens aux punitions collectives de la politique nazie. S’identifiant lui-même comme un juif américain, R Falk a admis que l’utilisation de ce terme d’holocauste « représente un appel assez désespéré aux gouvernements du monde et à l’opinion publique mondiale à agir de façon urgente afin d’empêcher ces tendances génocidaires actuelles de culminer dans une tragédie pour les Palestiniens ». R Falk a également affirmé que : “la comparaison ne devait pas être faite au pied de la lettre mais que le modèle de criminalité associé aux mesures israéliennes à Gaza est en réalité soutenu par les principales démocraties du 21ème siècle ». En réponse aux derniers commentaires de R Falk, Yitzhak Levanon, ambassadeur d’Israël auprès des Nations Unies à Genève, a critiqué dans une allocution au Conseil le choix de R Falk par ce même Conseil des Droits de l’Homme en affirmant : « Il a pris part à la mission d’enquête qui a établi que les attentats-suicide étaient une méthode acceptable de résistance. Il a de façon préoccupante accusé Israël de tendances génocidaires ainsi que de tenter d’établir la sécurité par le terrorisme d’Etat. Quelqu’un qui a publiquement, et de façon répétée, adopté de telles prises de position ne peut être tenu pour indépendant, impartial ou objectif ». Le gouvernement israélien a annoncé qu’il refusera d’accorder à R Falk un visa pour Israël, la Cisjordanie et la Bande de Gaza au moins jusqu’à la session de septembre 2009 du Conseil des Droits de l’Homme.
Les autorités israéliennes d’occupation confisquent 4 000 dunums [2]
Les autorités israéliennes d’occupation ont confisqué 4 000 dunums dans la région de Hebron ce 15 décembre 2008. Ces terres, propriété du village de Ramadin au sud de Hebron ont été confisquées au profit du mur d’expansion construit par les autorités israéliennes.
Abdel Hadi Hantash, cartographe et expert de la colonisation a révélé que les autorités israéliennes d’occupation ont balisé ces terrains, propriété des Bédouins de Ramadin afin de les annexer à l’intérieur du mur expansionniste. Il a également souligné que les Bédouins palestiniens ont déposé plainte auprès de la Cour internationale de justice ainsi que de la Cour israélienne contre ces mesures répressives. Il a jouté que ces terrains appartiennent à des citoyens palestiniens de différentes familles telles les Amro, Al Shaour, Al Zagharneh et Al Sawaedeh dont la survie dépend des arbres et de l’espace nécessaire à leurs troupeaux. Si Israël veut sérieusement faire la paix avec les Palestiniens, il doit cesser de confisquer les terres et de construire des murs aux dépens du peuple palestinien et de la création d’un Etat palestinien indépendant avec Jérusalem pour capitale.
La Cour israélienne accepte une plainte palestinienne
La Haute Cour israélienne déclare recevable, le 15 décembre 2008, une plainte palestinienne déposée par le Conseil local de Bilin contre le tracé du mur israélien d’expansion et demande à l’armée d’en modifier le tracé.
La Haute Cour a déclaré que le tracé alternatif proposé par les autorités ne répond pas à sa décision de septembre 2007 et a demandé à l’armée de proposer un autre tracé en accord avec celle-ci.
Néanmoins, la décision de 2007 engloutit de larges terres arables palestiniennes et porte atteinte aux propriétés palestiniennes.
Résistance populaire contre le mur
Des militants palestiniens, israéliens, et internationaux ont organisé le vendredi 19 décembre une grande manifestation contre le mur israélien d’expansion dans quatre localités palestiniennes menacées par le mur, à savoir Bilin, Nilin, Maasara et Jayous où 34 militants ont été blessés par des balles entourées de caoutchouc ou par l’inhalation de gaz lacrymogènes. Une Israélienne a été blessée et conduite dans un hôpital en Israël, tandis que deux Palestiniens frappés par des tirs de balle en caoutchouc étaient conduits dans un hôpital de Ramallah. De plus, deux Occidentaux et un journaliste israélien ont été soignés sur place.
Pour la première fois, les manifestants palestiniens ont lancé leurs vieilles chaussures contre les soldats israéliens en se revendiquant du journaliste iraqien qui a lancé ses chaussures sur le Président américain sortant. Un porte-parole de la manifestation a dit que les chaussures lancées sur les soldats symbolisent le rejet de l’occupation militaire et
du tracé du mur d’expansion qui vole leurs terres. Les manifestants ont lancé des slogans contre le mur, en ont scandé d’autres contre l’occupation et ont réclamé la liberté et la démocratie.
Incursion israélienne à Arraba
Une incursion militaire israélienne s’est déroulée dans le village d’Arraba près de Jenine le 19 décembre 2008. au cours de laquelle un militant palestinien a été arrêté. Les soldats de l’armée d’occupation israélienne ont établi des check-points sur différentes routes du Gouvernorat de Jenine afin de procéder à des contrôles d’identité. Ils ont aussi pénétré dans différentes maisons et ont endommagé des meubles. Afin de terrifier la population civile les soldats de l’armée d’occupation israélienne ont fait passer leurs tanks et véhicules blindés de nuit dans les ruelles des quartiers les plus peuplés.
Dans le village d’Alyamoun les soldats israéliens ont assassiné de sang froid un Palestinien âgé de 23 ans. Le jeune homme était accusé d’appartenir au Djihad islamique.
De telles incursions et de tels assassinats alors que se déroulent des négociations de paix ne peuvent qu’empoisonner l’atmosphère politique et miner la confiance dans le processus de paix.
Nous souhaitons à tous nos lecteurs : Joyeux Noël et bonne année 2009.
Que la paix s’installe en Palestine et en Terre Sainte