C’est la stratégie adoptée jusqu’à présent par les pays occidentaux (Etat-Unis et Europe) dans le dossier palestinien : tout faire pour que l’Autorité palestinienne, identifiée au Fatah du président Mahmoud Abbas, reprenne l’avantage sur les islamistes du Hamas, jugés à juste titre incapables de satisfaire aux trois conditions qui leur ont été imposées pour sortir du boycottage imposé à leur endroit : la reconnaissance d’Israël et des accords conclus auparavant, ainsi que la renonciation à la violence.
Il en va autrement en Cisjordanie où, “grâce à la présence et l’assistance de l’armée israélienne”, selon la note, le Fatah se trouve en meilleure posture d’un point de vue sécuritaire, ce qui lui permet de réprimer les activités politiques ou caritative du Hamas, privé de bras armé (la WINEP publie à ce sujet un rapport invitant la prochaine administration américaine à se concentrer sur l’accroissement de la capacité militaire de l’Autorité palestinienne “pour combattre le terrorisme”.)
Cette coopération (que certains trouveront extrêmement limitée) entre l’Autorité palestinienne et ses interlocuteurs israéliens explique aussi “l’amélioration de la situation économique”, qui contraste avec l’effondrement de Gaza, soumis à un blocus impitoyable par Israël (“the PA can at least appeal to the stomach”, écrit Jeffrey White).610x.1228980331.jpg
Il n’empêche, l’auteur de la note met également en évidence des fragilités internes à l’Autorité palestinienne susceptible de faire dérailler cette stratégie de traitement différencié des territoires palestiniens (accommodements en Cisjordanie contre sanctions à Gaza.) La popularité déclinante du Fatah, son déficit d’organisation qui contraste avec le savoir-faire en la matière du Hamas (et la capacité de ce dernier de se projeter à long terme) font en sorte que rien n’est encore joué, selon Jeffrey White.
C’est sans doute cette incertitude persistante qui pousse d’autres analystes (la WINEP est traditionnellement classée parmi les think-tanks pro-israéliens) à prôner au contraire le rapprochement entre les deux grands mouvements palestiniens et à plaider auprès de la prochaine administration américaine pour une approche renouvelée de ce dossier.