Les éditions La Fabrique s’honorent de publier des écrivains israéliens que l’on avait aucune chance de voir figurer dans la délégation officielle d’Israël au Salon du livre puisqu’ils sont engagés à fond, aux côtés du peuple palestinien, dans lutte contre la politique d’occupation et de colonisation de l’État d’Israël.
Ces écrivains « en marge » - dont des Arabes israéliens écrivant en langue arabe, exclus d’office puisque seul l’hébreu était admis - ont pourtant pu faire entendre une voix dissidente. Ils le doivent à la détermination d’éditeurs courageux mais aussi d’associations membres de la Plate-forme des ONG pour la Palestine, qui ont choisi, au lieu de boycotter le Salon, d’en faire une occasion de débats (1).
Celui qu’organisait La Fabrique dimanche soir interrogeait plusieurs de ces auteurs sur la solution au problème israélo-palestinien. Deux États, celui d’Israël et un État palestinien, ou un seul État binational entre la mer et le Jourdain ?
Amira Hass, seule journaliste israélienne (Haaretz) vivant en territoire palestinien, auteure de plusieurs livres témoignages sur l’occupation, estime que « la solution des deux États est hors de question. Israël en a gâché l’occasion offerte par les accords d’Oslo. L’urgence aujourd’hui, c’est de mettre fin à l’occupation. Il faut faire pression sur l’État d’Israël, seule autorité entre la mer et Jourdain, pour qu’il démantèle les colonies ».
Un point de vue partagé par Yael Lerer, directrice des Éditions Andalus (Tel-Aviv), pour qui l’urgence absolue est bien avant tout de mettre fin à l’occupation, laquelle va de pair avec l’obsession d’une « impossible séparation ». Le cinéaste Eyal Sivan va dans son sens et propose de mettre sur pied « un vrai projet de société basé non plus sur la séparation mais sur ce qui a existé autrefois : la cohabitation entre Juifs et Arabes, féconde même si elle ne fut pas idéale ».
Michel Warchawski, lui, croit encore à la solution des deux États : « Aucune situation n’est irréversible, dit-il, sauf quand celui qui subit pense qu’il ne peut plus rien changer. » Ce qui n’est pas le cas des Palestiniens ni des militants israéliens qui les soutiennent.
Député du Balad, (parti arabe israélien) à la Knesset, Jamal Zahalka s’indigne « qu’on ait fait à Paris un « invité d’honneur » d’un État qui commet chaque jour des crimes de guerre contre les civils ». « La question « Un ou deux États ? », estime-t-il, est un débat académique qu’aucun homme politique israélien ni arabe ne pose. La seule question, aujourd’hui, c’est le choix entre vivre ensemble ou mourir ensemble. Nous, nous voulons vivre ensemble. »
(1) Débat avec plusieurs de ces auteurs et d’autres historiens mardi à 19 h 30 au Salon du livre, animé par Dominique Vidal, du Monde diplomatique.