L’opération israélienne baptisée « Plomb durci » ciblant Gaza a suscité de nombreuses interrogations. Quelle était la portée de la poursuite des raids terrestres, aériens et maritimes qui ont duré 3 semaines, alors qu’Israël aurait bien pu réaliser son objectif de cette sale opération en quelques jours seulement ? D’autant plus qu’il est doté d’un arsenal d’armes de destruction massive américain des plus sophistiqués. Il est digne de noter qu’Israël ne possédait pas cet arsenal destructif lorsqu’il a mené son agression abjecte sur trois pays arabes en 1967. Malgré cela, il a pu en 6 jours occuper des territoires égyptiens, syriens et jordaniens.
C’est probablement ce paradoxe temporel qui nous amène à nous demander pourquoi Israël a choisi un cadre temporel assez long, d’une durée de trois semaines pour mener son agression sur Gaza. Ce qui d’ailleurs a été déclaré par Aovan Ezéchiel, secrétaire du gouvernement israélien, quelques jours après l’agression. Pour reprendre ses propos, Aovan Ezéchiel a dit que cette opération aurait pu durer longtemps. La position des Etats-Unis, alliés stratégiques d’Israël, a soutenu la volonté de Tel-Aviv, et ce en empêchant la promulgation par le Conseil de sécurité d’une résolution stipulant un cessez-le-feu immédiat, début janvier 2009. Le même jour, le gouvernement israélien a refusé une proposition française consistant à proclamer la trêve.
Il est clair que nous sommes devant un plan israélien, dont les grandes lignes ont été dévoilées dès la première minute. Tel-Aviv voulait diriger les regards de l’opinion publique internationale vers Gaza tout au long des trois semaines afin d’achever entre-temps son plan de judaïsation de Jérusalem d’une part, et terroriser les habitants arabes de la ville sainte pour les empêcher de déclencher une intifada, d’autre part.
La preuve indéniable du danger de ce plan israélien destructif mené en Cisjordanie et à Jérusalem est cet appel lancé par les habitants arabes de la ville sainte le 21 décembre 2008. Ils ont appelé l’Autorité nationale palestinienne ainsi que l’OLP à placer le dossier de Jérusalem avec ses différents volets à la tête de leur priorité. Ils ont recommandé également d’être soutenus dans les campagnes de boycott qu’ils mènent contre les compagnies occidentales qui investissent à l’intérieur des colonies de Jérusalem. Ils ont appelé également la commission de lutte contre la discrimination dépendant de l’Onu de placer le dossier de Jérusalem en tête de son agenda.
Avant le déclenchement de l’opération Plomb durci sur Gaza le 27 décembre 2008, le plan d’une judaïsation totale de Jérusalem a été lancé à partir de la confiscation d’un plus grand nombre de terres, la construction de colonies, l’expulsion des Palestiniens de la ville sainte en les remplaçant par les colons juifs tout en prenant soin d’effacer tous les aspects et les traces historiques arabo-musulmans qui caractérisaient la ville sainte. Et les preuves sont nombreuses dans ce sens. Dans un premier temps, le premier ministre israélien Ehud Olmert a effectué le 24 décembre 2008 une tournée d’inspection des sites de la construction du mur de séparation raciste installé dans le quartier du Grand Jérusalem, et au cours de laquelle il a mis l’accent sur la nécessité d’achever la construction avec l’avènement de 2009. D’ailleurs, ce n’est pas un secret que le mur raciste comprend des régions importantes se situant à l’Est de Jérusalem et qu’il avale plus de 85 % de ses territoires.
Le cheikh Tayssir Al-Tamimi, le grand juge de la Palestine, a mis en garde le 23 décembre 2008 contre la multiplication des tentatives menées par les groupes extrémistes sionistes pour imposer une hégémonie israélienne totale sur la mosquée d’Al-Aqsa, afin de la détruire et de construire à sa place le prétendu temple. Le juge des juges a mis en évidence que la ville de Jérusalem faisait l’objet d’une attaque féroce et d’un complot visant sa structure démographique et géographique dans l’objectif de supprimer ses aspects arabo-islamiques et d’expulser ses habitants. Le plan vise à détruire leurs demeures, à confisquer leurs terres, à retirer leurs cartes d’identité, à leur imposer des impôts exorbitants et enfin à les priver d’effectuer la prière dans la mosquée d’Al-Aqsa.
L’Organisation islamo-chrétienne pour le secours de Jérusalem et des lieux sacrés a lancé une mise en garde indiquant que la ville était exposée à une phase dangereuse et critique de colonisation et de judaïsation qui est probablement la pire de son histoire depuis l’occupation. Selon l’organisation, nombreux sont les facteurs qui prévoient l’approche de cette étape et qui laissent présager que Jérusalem est sur le point d’entrer dans un tunnel obscur menaçant son identité et ses lieux sacrés musulmans et chrétiens. L’organisme a ajouté dans un communiqué que les dernières déclarations de Tzipi Livni, dirigeante du parti Kadima, sur l’expulsion des Palestiniens de 1948 et ceux de Jérusalem vers les régions de l’Autorité palestinienne démontrent qu’elle et les supporters du parti soutiennent avec force l’idée du Grand Israël. Ceci nous donne une idée précise sur l’approche qui sera adoptée par les politiciens israéliens dans l’étape à venir. Pour ce qui est des colonies de Jérusalem en Cisjordanie et à Jérusalem, il est plus que jamais évident que les actes perpétrés par les colons à Hébron et dans le reste de la Cisjordanie au cours des dernières semaines sont d’un mauvais augure, car ils constitueront les auteurs des événements et des crimes qui marqueront la prochaine étape.
L’organisme arabo-musulman a, de son côté, signalé que les actes de judaïsation visent actuellement les quartiers arabes de la ville. Il est question, vraisemblablement, de se débarrasser du plus grand nombre de citoyens originaires de Jérusalem et de changer l’aspect de la ville arabe en les remplaçant par des immeubles et des symboles juifs rénovés partout, surtout dans la vieille ville.
Le phénomène d’épuration ethnique prend de plus en plus d’ampleur à Jérusalem, nous rappelant ce qui a eu lieu dans le quartier de Maghareba qui a vu l’expulsion de ses habitants originaux et le changement de ses aspects authentiques. Parallèlement à la construction du mur de séparation raciste, Israël tend à réduire le nombre de citoyens arabes au sein de Jérusalem à 40 % contre 60 % de colons juifs.
Ainsi, le dernier scénario de judaïsation de Jérusalem a été dévoilé au grand jour avec le début de l’invasion israélienne de Gaza. Israël a tenu à achever ce dernier épisode du scénario avec des flammes de feu qui envahissaient les cieux de Gaza pendant trois semaines.