« Le mouvement La paix maintenant, les élites, les intellectuels et les gauchistes sont des virus. » Numéro deux du gouvernement israélien et vice-premier ministre chargé des Affaires stratégiques, Moshé Yaalon a déclenché une tempête politique en faisant alliance avec l’aile la plus droitière du Likoud, le parti de Benyamin Netanyahou. Cette tendance, dirigée par Moshé Feiglin – un colon –, est souvent qualifiée de « fascisante ». Elle représente la tendance la plus extrémiste de l’échiquier politique de l’Etat hébreu. Bien plus que les petites formations nationalistes ou que le parti « Israël notre maison » du ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman.
Devant ses nouveaux alliés, Moshé Yaalon, qui a quitté ses fonctions de chef de l’état-major de l’armée en 2005 parce qu’il refusait d’ordonner le démantèlement des implantations de la bande de Gaza (août 2005), a estimé que les « avant-postes » (les colonies de Cisjordanie créées sans l’accord du gouvernement israélien) ne sont pas illégaux. « Elles sont comme n’importe quel kibboutz », a-t-il estimé. Et d’ajouter : « Les juifs peuvent et doivent s’installer dans le « Grand Israël » pour l’éternité. »
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Dans la foulée, le responsable des Questions stratégiques a lancé une attaque en règle contre le gouvernement auquel il participe ainsi que contre son premier ministre. Parce qu’il leur reproche d’avoir temporairement gelé le lancement d’appels d’offres pour l’ouverture de nouveaux chantiers dans les colonies et parce qu’il les juge trop réceptifs aux pressions de Washington. « Dans le gouvernement, certains ont peur des Américains, mais moi je ne crains pas Barack Obama. Nous devons pouvoir leur dire que ça suffit », s’est-il exclamé.
But : remplacer Ehoud Barak
Pour les commentateurs de la presse israélienne, l’action de l’ancien chef de l’état-major devrait être prise au sérieux car il fait partie du cercle des six « super-ministres » ayant accès aux dossiers les plus sensibles du pays. De plus, il est populaire en raison de son passé militaire et de son image d’homme simple se tenant à l’écart des combines politiciennes.
Peu après la diffusion des propos de son ministre des Affaires stratégiques, Benyamin Netanyahou a publié un communiqué affirmant que ses propos « ne sont pas acceptables, sur le fond ni sur la forme » et qu’ils « ne reflètent pas » les vues du gouvernement. Dans la foulée, il a d’ailleurs convoqué Moshé Yaalon pour une explication à huis clos.
Mais les éditorialistes ne s’attendent pas à ce que le rebelle calme le jeu. A contrario, tout porte à croire qu’il haussera le ton jusqu’à la publication, en septembre, du nouveau plan de paix pour le Proche-Orient concocté par Barack Obama. « Moshé Yaalon veut profiter de cette occasion pour cristalliser la droite nationaliste autour de sa personne. L’objectif est clair : créer un nouveau pôle ultra-droitier influent qui lui permettrait de remplacer Ehoud Barak à la Défense dans un premier temps, puis – qui sait ? – d’éjecter Benyamin Netanyahou de la présidence du Likoud afin de le remplacer à la tête du gouvernement », affirment le commentateur Raviv Drucker ainsi que la majorité des autres analystes politiques .