Le procureur général égyptien a ordonné jeudi dernier que les 49 personnes accusées d’avoir planifié des attaques en Egypte pour le compte du Hezbollah restent en détention pendant 15 jours supplémentaires pour les besoins de l’enquête.
Les membres du groupe lié au Hezbollah sont soupçonnés d’être membres d’une organisation clandestine appelant à la rébellion contre le régime, selon Le Caire. Mercredi dernier, le procureur Abdel Meguid Mahmoud avait indiqué dans un communiqué qu’une enquête de la sécurité d’Etat avait déterminé que le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait chargé ces hommes de perpétrer des attaques en Egypte.
Les accusations ne s’arrêtent pas là. Les suspects sont également soupçonnés d’espionnage, de faire du prosélytisme chiite, d’avoir falsifié des documents officiels et fabriqué des engins explosifs. Les médias d’Etat en Egypte qui ont fait de l’affaire leurs choux gras ont indiqué jeudi qu’une des personnes arrêtées était Sami Hani Chihab, suspecté de diriger une cellule du Hezbollah, chargée d’opérer dans les pays voisins d’Israël.
A Beyrouth, le Hezbollah s’est refusé à tout commentaire dans l’immédiat. Hassan Nasrallah devait hier répondre aux accusations du Caire lors d’un discours.
Selon un responsable de la sécurité égyptienne, des membres de ce groupe ont été arrêtés en novembre et d’autres fin mars.
L’avocat représentant quelques-uns des suspects a affirmé que les familles l’avaient désigné mais qu’il n’avait pas été autorisé à voir ses clients ou à assister aux interrogatoires. « Mon impression est que cette affaire a été montée de toutes pièces par les services de sécurité égyptiens dans un contexte de mauvaises relations entre le Hezbollah et l’Egypte. C’est un moyen de pression », a-t-il affirmé, ajoutant que des Palestiniens et des Libanais figuraient parmi les suspects.
En janvier, en pleine agression israélienne contre Ghaza qui a coûté la vie à plus de 1 300 Palestiniens, Hassan Nasrallah s’en était particulièrement pris à l’Egypte. Il a appelé les Egyptiens à manifester pour obtenir l’ouverture du terminal de Rafah afin d’aider les Palestiniens. Le Caire avait violemment réagi, en qualifiant le chef de la résistance libanaise d’« agent de Téhéran ».
En effet, l’affaire cache mal les relations exécrables entre Le Caire et Téhéran. L’Egypte accuse l’Iran de vouloir dominer le Moyen-Orient. L’Iran a rompu ses relations diplomatiques avec l’Egypte en 1980 dans le sillage de la Révolution islamique, pour protester contre la reconnaissance d’Israël par l’Egypte. Depuis, l’Egypte et l’Iran, deux principaux pays musulmans, ne disposent plus que de sections d’intérêts dans leurs capitales respectives.