Monsieur le Président,
Ainsi que vous m’y aviez invité lors de notre conversation, j’ai écrit ces quelques lignes à l’adresse de vos lecteurs et en réponse à la campagne que vous avez lancée à mon sujet. Comme je vous l’ai dit, je suis ouvert à une rencontre et à un éventuel débat direct avec vos adhérents.Je vous remercie de publier cette réponse.
Bien à vous,
F. Zimeray
"J’ai pris connaissance de l’appel me concernant et j’ai à coeur d’éclairer les adhérents et lecteurs de France-Palestine Solidarité sur la réalité de mes positions. Je me suis depuis toujours -c’est à dire pour moi depuis vingt-cinq ans- prononcé contre les colonies juives et pour un état palestinien viable, je considère que la mort de civils dans certaines opérations militaires dites "ciblées" n’est pas seulement une erreur mais une faute. De même, mes positions sur ce qu’il conviendrait de faire sont , en gros , celles dites "de Genève". J’ajoute que j’entretiens depuis des années des relations personnelles avec des membres de la société civile et politique palestinienne que je considère comme des hommes de paix et de dialogue tels Sari Nusseibeh, ou Ahmed Qorei. L’association que j’ai eu l’honneur de présider, Medbridge, et que vous qualifiez injustement de "lobby" n’a jamais réalisé un voyage dans la région sans rendre visite aux leaders politiques palestiniens, à commencer par Mr Ahmed Tibi dès 2003. Plus récemment, j’ai eu l’honneur de conduire une délégation à Ramallah auprès de de MM Salam Fayed et Mahmoud Abbas comprenant notamment Mr Bardet, président du groupe parlementaire France-Palestine..
Mais il est également vrai que j’ai sévèrement dénoncé la corruption et le système éducatif qu prévalaient dans l’AP des années 2000-2004 comme j’ai condamné les attentats-suicides qui frappaient injustement la population israélienne. Je l’ai fait en totale bonne foi après avoir découvert , en parcourant les territoires palestiniens et en y dialoguant avec des habitants et des professeurs , l’ampleur de ce phénomène qui devait, on le sait , jouer un rôle décisif dans l’élection du Hamas. J’ai toujours dit et écrit oui à une aide massive aux palestiniens, mais non à une aide aveugle. Aujourd’hui encore je pense que ces positions étaient justes et que les choses seraient plus faciles si l’Europe n’avait pas tant tardé à contrôler l’usage de ses fonds. Mais j’admets volontiers que ceci se discute, je ne prétends ni détenir la vérité ni être exempt de subjectivité. Toujours, j’ai recherché l’équilibre, une approche juste, et surtout, jamais je n’ai eu le sentiment d’agir pour un camp contre l’autre.
Je veux enfin vous livrer une réflexion que m’inspire ce sujet : j’ai toujours été frappé de voir que plus on s’éloigne de l’épicentre du conflit, plus il est passionnel. Plus on se rapproche des réalités, plus on trouve des hommes qui ne partagent pas le même point de vue mais cherchent à se comprendre et maintiennent le fil du dialogue. Ainsi je n’ai jamais ressenti , à Ramallah où Jérusalem, les outrances auxquelles cette controverse donne lieu ici.
C’est vous dire que si j’accepte parfaitement le débat, je refuse la caricature. J’ai toujours agi librement et je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas être à la fois pro-palestinien et pro-israelien.
Je vous remercie de bien vouloir porter cette réponse à la connaissance de vos lecteurs avec qui je serais ouvert à toute forme de débat.
François Zimeray"